MBOUR - Emigration clandestine : 21 personnes arrêtées par la police

Pour sa première sortie dans le cadre de la lutte contre l’émigration clandestine, la police de Mbour n’est pas rentrée bredouille. Les éléments du commissariat urbain ont arrêté 21 jeunes, qui tentaient de partir vers d’autres cieux, à la recherche d’une vie meilleure que le Sénégal ainsi que le propriétaire des pirogues, Babacar Guèye, et son complice.

Les jeunes de la ville de Mbour ne veulent pas faire exception à la vague humaine désireuse d’émigrer clandestinement en Europe. C’est pourquoi ils ont décidé de se lancer dans cette aventure lourde de danger. Mais, cette situation a l’avantage de ne pas laisser les forces de police à rester de marbre ou à afficher une position attentiste. Ainsi, dans la nuit du 18 au 19 mai dernier, aux environs de 20h 30, informés de la présence de beaucoup de jeunes qui s’apprêtaient à prendre une pirogue pour s’expatrier en Europe, les éléments du commissariat urbain de Mbour, à bord de deux véhicules, investissent le lieu d’embarcation. Sur place, le commissaire Modou Mbacké Diagne et ses hommes ont procédé à l’arrestation de 21 personnes, parmi lesquelles le propriétaire de la pirogue, un nommé Babacar Guèye, mareyeur domicilié au quartier Château d’eau Nord de Mbour, porteur d’une somme de 423 000 francs Cfa, ainsi que son complice qui était chargé de rechercher des «voyageurs» et d’encaisser l’argent. Une perquisition effectuée chez Babacar Guèye permettra aux policiers de découvrir, dans son armoire, une somme de 1 850 000 francs Cfa supposée être de l’argent payé par les candidats à l’émigration vers les îles Canaries, en Espagne.

Au cours de cette opération, les policiers ont saisi deux pirogues, deux moteurs hors-bord et deux gilets de sauvetage. A en croire le commissaire Modou Diagne, les deux pirogues saisies faisaient la navette entre la berge et la haute mer. En vérité, ces deux pirogues avaient pour seule tâche de transporter ces clandestins jusqu’à l’endroit où la plus grande pirogue est arrimée.

Dans le but de retrouver d’autres clandestins ou même la grande pirogue en question, les policiers, appuyés par des pêcheurs, ont effectué une patrouille en mer. Malheureusement, jusqu’à 3h du matin, ils n’ont pas pu repérer l’embarcation, même si le commissaire de la police de Mbour soutient qu’elle ne devrait pas partir parce que, d’après lui, il n’y avait pas de passagers à bord. Ceux qui devaient y voyager venaient d’être «sauvés» par les forces de sécurité. Ces prévenus, d’un genre particulier, devraient être présentés au parquet, dès la semaine prochaine. «J’espère que cela va décourager d’autres jeunes qui tenteraient de voyager. Mais, dans tous les cas, nous resterons présents sur le terrain et, par rapport aux informateurs que nous avons, nous essayerons de nous opposer à toute embarcation de passagers en partance vers l’étranger», martèle le commissaire de la police de Mbour.

Mais, si pour des opérations terrestres, il n’y a pas de gros problèmes de déplacement pour les flics, force est de constater que, pour des patrouilles en mer, ils n’ont aucun moyen. Néanmoins, le patron de la police de Mbour déclare pouvoir compter sur les pêcheurs qui, cette nuit-là, les ont beaucoup aidés, en leur prêtant des pirogues motorisées. Mais, pour une véritable réussite de ce combat contre l’émigration clandestine, le commissaire Modou Diagne en appelle à la collaboration des parents. «Ils doivent prendre leurs responsabilités puisque ce voyage-là est périlleux. C’est dangereux d’embarquer dans ces pirogues de fortune, qui sont souvent vieilles de plusieurs années. Pour la plupart, elles ont servi à la pêche pendant longtemps avant de se retrouver en plein océan pour prétendre voyager vers les îles Canaries», déplore-t-il, tout en suggérant aux parents de décourager leurs progénitures à entreprendre ce voyage. Car, selon M. Diagne, rien ne vaut la peine de vouloir se rendre à l’étranger en choisissant d’emprunter ces embarcations qui ne pourront nullement résister aux intempéries.