Pour beaucoup d’émigrés, retourner définitivement dans leurs pays d’origine est un gros risque. C’est la principale conclusion d’une étude faite par l’Ong Enda Diapol, en partenariat avec le Bureau international du travail (Bit).
On le supposait sans preuves tangibles. Une enquête vient de le démontrer : beaucoup d’émigrés, établis principalement en Espagne, considèrent comme un « énorme risque » à ne pas prendre, le retour définitif dans leurs pays d’origine. « Tous les émigrés interrogés nous ont avoué que le retour définitif est un énorme risque », a déclaré la directrice scientifique de cette étude, Giulia Sinatti. Elle s’exprimait en marge de l’atelier de restitution de cette enquête, tenu, hier, à Dakar. « Ils ont peur de revenir définitivement parce que la situation de leur pays d’origine n’a pas beaucoup évolué économiquement », a encore expliqué Mme Sinatti. En réalité, il n’y a pas que les raisons économiques qui dictent ce comportement des émigrés. L’étude montre qu’il y a aussi des pesanteurs sociales qui ne facilitent pas souvent ce retour définitif. « Les émigrés optent pour le retour temporaire parce que, souvent, ils ne trouvent pas d’espaces d’accueil favorables », a-t-elle fait remarquer.
« Le retour permanent est une phase importante de la migration qui doit être étudiée pour une meilleure prise en compte de l’épanouissement des émigrés qui veulent retourner dans leur pays d’origine », a soutenu Moussa Mbaye de Enda Diapol. Pour lui, cette question du retour des émigrés est d’autant plus importante qu’on constate, de plus en plus, des lois qui limitent le séjour des migrants dans les pays d’accueil. Il rappelle toutefois que ce retour des émigrés ne doit pas être un prétexte pour s’opposer à la libre circulation des personnes.
Présidant cet atelier de restitution, le représentant du directeur sous-régional de l’Oit pour le Sahel a magnifié la démarche participative adoptée dans la réalisation de cette étude. « Cette multiplicité des acteurs impliqués dans cette enquête va permettre une plus grande efficacité dans l’accompagnement des émigrés », a soutenu Fredirico Barrotta. « Le retour définitif doit être bien préparé », a-t-il soutenu, rappelant que d’importants projets sont en cours au Bureau international du travail.
Cette étude, dont l’atelier de restitution a vu la participation d’acteurs de la société civile, émigrés, diplomates et institutions de recherche, est le fruit d’un partenariat entre l’Ong Enda Diapol et le Bit. Elle a porté sur un échantillon de 70 émigrés du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie.
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