La marque de l’exode rural se laisse voir, les yeux nus, à Mbeuleukhé-Kane, 56 habitants environ, village perdu dans le Cayor profond (région naturelle de Thiès), à moins d’une dizaine de kilomètres de la ville religieuse de Pire, dans le département de Tivaouane, autre centre religieux d’importance.
Du fait notamment d’une agriculture de moins en moins rentable, et dont les produits sont de plus en plus inconsistants comparés aux besoins, Mbeuleukhé-Kane, à l’image peut-être d’autres villages sénégalais, voit ses habitants la déserter ou la fuir, à un rythme aussi inquiétant qu’irréversible. Surpris, en sueur, dans ses occupations champêtres, Lèye Kane, chef de ce hameau, signale, du menton et de la main, les façades ravagées des murs, des cases et les toitures désaffectées. Les ravages d’une tornade peut-être ? Juste la marque factuelle de personnes qui ont tourné le dos au village, pour d’autres cieux capables de donner un meilleur visage à leur destin. Posté à la naissance d’une vaste étendue de terre qui se perd à l’horizon, domaine décoré d’un superbe tapis herbacé, comme les campagnes en offrent de régénérant et d’oxygénant pendant la saison pluvieuse, Lèye Kane explique qu’au moins sept maisons et leurs habitants sont partis du village.
Vu la taille de la localité, c’est à se demander si la moitié du village ne s’en est pas allée. ‘’A ce rythme, on ne retrouvera plus personne dans ce village la prochaine fois’’, commente en substance Assane Mboup, directeur général de ‘’Show me’’, un cabinet de communication.
Cette structure dakaroise, spécialisée également dans le management de projets à caractère social, s’est vu confier, dans cette localité, le suivi d’un projet d’agriculture et d’élevage, combiné à un projet de modernisation de l’enseignement coranique. Ce dernier projet, localisé dans la cité religieuse de Touba (centre), consiste à un internant allié à une formation professionnelle qualifiante, dans le but de ‘’lutter contre la mendicité et l’émigration clandestine’’. A l’initiative de ces différents projets, un émigré sénégalais répondant au nom de Amdy Moustapha Ndiaye, fils du célèbre guérisseur sénégalais Mbaye Ndiaye Golbi. Etabli à New York, il vient d’acquérir 300 ha à Mbeuleukhé, non loin du ‘’daara’’ ‘’Nihmatou llahi’’ où il a fait ses humanités coraniques.
Destiné à servir pour le maraîchage et l’embouche bovine notamment, ce vaste domaine va employer des ouvriers agricoles qui vont sans doute contribuer à redonner de la vie et des couleurs à un Mbeuleukhé de plus en plus désaffecté. Les ressources financières tirées de l’exploitation de ce vaste domaine vont être mises à profit pour venir en appoint à un internat coranique en projet à Touba, et qui sera constitué de plus de 80 élèves qui viennent de Touba, de Tivaouane, de Pire, de Thiès et même de Dakar. L’esprit de ce projet est de faire en sorte que l’enfant ne soit plus dans la rue ne soit pas une ‘’contrainte’’, explique Assane Mboup. Cela oblige donc les initiateurs à trouver ‘’un créneau porteur’’, par la formation professionnelle, en accédant à un métier. Pour cela, l’équivalent de 20 parcelles a été acquis à la sortie de Touba, pour servir de local à la future structure qui sera spécialisée dans la formation professionnelle (menuiserie métallique, par exemple). Cette structure va accueillir, momentanément et de façon périodique, les pensionnaires du ‘’daara’’ qui ont déjà acquis de solides connaissances scientifiques dans les études coraniques. Leur orientation à travers les différentes filières qui seront créées se feront en fonction de la prédisposition des uns et des autres.
APS
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