La plage de Mermoz est devenue un véritable lieu de débauche où filles et garçons se donnent rendez-vous toutes les nuits pour s’adonner à la drogue et à la prostitution clandestine. Nous sommes un samedi, et il est 19 h lorsque nous effectuons une descente dans ce vaste trou sombre, truffé d’arbustes et parsemé de rochers, situé à la lisière de la rue Léo Frobenius, de l’autre côté de la corniche ouest, peu avant la plage. Le cadre ressemble plutôt à une jungle où l’on craint la présence de bestioles comme des serpents. Et pourtant, c’est ici que tout se passe dès le coucher du soleil jusqu’à l’aube, de façon inaperçue. Enfin, presque. Puisqu’il faut être dans le trou pour savoir ce qui s’y trame. En trois mots : le sexe est à bon prix, l’alcool coule à flot, alors que la fumée du chanvre indien ne cesse de polluer la brise de mer.
Là-dedans, c’est le comble. Une dizaine de prostituées est à poil et s’égosille au milieu d’une meute d’hommes de tous âges. On y rencontre même des gamins de moins de 15 ans parmi les clients, dont des sexagénaires qui viennent y assouvir leur désir sexuel. Ici, vous risquez de suffoquer à cause de la fumée du chanvre indien qui vous torture les méninges. Mais aussi la puanteur de l’alcool qui vous donne la nausée. Et que dire du tapis mou formé par les tas de préservatifs déjà utilisés et des insanités et autres défoulements épisodiques entre camarades éméchés.
Mais ceci n’est que l’avant-goût d’un film qui se déroule toutes les nuits à la belle étoile. Selon notre informateur, la plus jeune prostituée est connue sous le nom d’Aïcha. Elle est âgée de 18 ans et est domiciliée à Grand Yoff. Bien allongée, comme ses autres collègues de service, sur un morceau de carton étalé sur un rocher, les jambes sèchement écartées, elle vide de façon éhontée et à tour de rôle la longue liste d’attente de ses clients toutes les trois à cinq minutes. Pour une simple partie de jambe en l’air, révèle notre source, les visiteurs, pour la plupart composés d’ouvriers, sont tenus de payer 2 000 F Cfa, alors que pour la partie de fellation, il faut décaisser le montant de 3 000 F Cfa. Et le comble de l’ironie, c’est qu’il y en a parmi les derniers à arriver sur les lieux qui n’hésitent pas à acculer les premiers à faire vite et à leur céder la place. Alors que, dans un langage érotique, les travailleuses du sexe, dont la tranche d’âge varie entre 18 et 38 ans, cherchent plutôt à exciter pour mieux ferrer la proie.
Ici la femme perd sa dignité et l’homme son honneur. Les prix varient selon les périodes du mois et l’âge de la prostituée. Plus elle est jeune, plus la rançon est revue à la hausse. ‘Y en a même qui demandent à faire l’amour sans protection, c’est-à-dire sans porter le préservatif et qui parviennent à l’obtenir parce qu’ils ont dû débloquer plus d’argent’, s’étonne notre informateur très au fait. Ce qui lui fait dire qu’une prostituée peut se faire une recette de 15 000 à plus de 30 000 F Cfa la nuit entre 19 h et 6 h du matin.
D’après une enquête menée sur place, ce vaste trou rocheux a été transformé en lieu de débauche, il y a moins d’un an, après que la place Omvs sise en face du collège Seydou Nourou Tall a été rayée de la carte géographique de la capitale. Et notre source d’ajouter que la police en tant qu’unité d’intervention n’a jamais effectué de descentes sur le lieu. ‘Il arrive qu’un ou deux policiers qui sont au courant de ce qui se passe ici, effectuent un saut, mais c’est pour seulement soutirer de l’argent aux prostituées qu’ils connaissent parfaitement. Le plus souvent, ils (les policiers) se pointent entre 23 h et 01 h du matin. Sans cela, il n’y a jamais eu d’arrestation’, fait savoir notre source qui révèle que les filles ont d’autres complices qui leur servent de garde du corps. En tout cas, selon des sources policières rapprochées, le commissariat de police du Point E, territorialement compétente à agir dans ce sens en collaboration avec la brigade de mœurs, ne serait pas au courant d’une telle dépravation sur cette rive extrême.
Ailleurs, sur la même rive, près de la plage communément appelée ‘Terrou-bi’, aux mêmes heures, le décor est quasiment le même. Sauf qu’ici, ce ne sont pas des prostituées, mais de jeunes couples qui y viennent pour une partie de baignade à poil. Qu’a-t-on donc fait de la mesure répressive contre les bains de minuit annoncée l’année dernière à Yoff par le ministre de l’Intérieur Cheikh Tidiane Sy ?
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