Pour avoir laissé en souffrance des dossiers sensibles : La juge Aïssata Raby WANE dessaisie

On la savait nantie d'un grand pouvoir, mais quand l'inspection générale de l'administration de la justice décide de sévir, comme ce fut le cas hier, sur les coups de midi, dans le cabinet de la juge Aïssata Raby Wane, on se rend compte qu'elle est véritablement la police de la justice.

Jusque-là revélée au grand jour par le scandale de la corruption qui a plongé l'institution judiciaire dans la trourmente, l'Inspection générale de l'administration de la justice (Igaj) vient de montrer une autre facette de sa personnalité, et de quelle manière ! Hier, sur les coups de midi, l'inspecteur en chef Mandiogou Ndiaye, accompagné de trois de ses collaborateurs de service et d'un menuisier, s'est livré à une opération commando dans les locaux de la Cour d'appel de Dakar, avec comme mission de livrer le cabinet de la juge Aïssata Raby Wane aux écuries d'Augias. Une descente musclée qui intervient après une plainte du cabinet ‘Malick Sall et associés’ dans le cadre du dossier Ministère public/Assane Thiam, une affaire d'abus de confiance qui pèse des millions, mais que les avocats ont du mal à recouvrer depuis qu'ils ont obtenu gain de cause en 2003.

L'affaire Thiam n'est, en fait, que la partie visible de l'iceberg puisqu'il est reproché à l'égérie des Cours d'assises de Dakar et Saint-Louis de ne pas vider ses dossiers, lesquels s'empilent de façon vertigineuse et dans un temps anormalement long, au grand dam des plaideurs et des justiciables. C'est la raison pour laquelle, hier, lors de leur ‘mission de police’, Mandiogou Ndiaye et compagnie ont défoncé le cabinet de Mme Wane, recensé tous les dossiers en souffrance, à commencer par ceux sans factum (c'est-à-dire dont la décision n'est pas encore rédigée) ainsi que les décisions de justice en instance de signature.

Au bout du compte, ils ont découverts des affaires d'appel remontant à 1999-2000 et à grands enjeux financiers entre les protagonistes. Il a été, par exemple, retrouvé dans ce désordre administratif, une affaire de détournement de deniers publics portant sur la rondelette somme de 500 millions et opposant depuis au moins 2004 la Senelec au nommé Malick Ndiaye. Idem pour un dossier d'abus de confiance portant sur quelque 200 millions, au centre duquel se trouve un certain Patrick Dellassé. La liste est loin d'être exhaustive, mais l'on ne peut s'empêcher dans pareil contexte de relever (coïncidence ou pas) qu'un des présumés corrupteurs dans l'affaire des pots-de-vin mettant sens dessus dessous la justice sénégalais, El Hadj Rawane Fall pour ne pas le nommer, a été retrouvé dans un dossier où sa condamnation en première a été infirmée au profit d'une relaxe en instance d'appel.

Ce n'est pas la premère fois que l'Igaj reproche du laxisme à Mme Wane (en fait combien sont-ils dans cette situation de mauvaise administration de la justice ?) dans la manière de gérer ses dossiers. Déjà, en mars dernier, l'Igaj avait procédé à son inspection, alors qu'elle était la présidente de la première chambre correctionnelle de la Cour d'appel. Elle sera déssaisie de ce niveau de responsabilités, après un bref passage à la présidence de la troisième chambre.

Actuellement, on la dit sans dossier, rançon d'une sanction interne du premier président de la Cour d'appel Cheikh Tidiane Diakhaté, renseignent nos sources. En fin d'opération hier, un procès-verbal a été redigé par les inpecteurs de l'Igaj qui l'ont fait également signer par le greffier de la troisième chambre.