Promiscuité dans les chambres : Recrudescence des cas de tuberculose au campus de l’Ucad

Les cas de tuberculose sont en train de flamber au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui a accueilli cette année soixante mille étudiants. Principale cause de cette recrudescence : la promiscuité existant dans le campus où huit à dix étudiants s’entassent dans une chambre prévue pour en abriter deux à trois.

L’adjoint au chef du service médical du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) le Docteur Ndob Seck, le confirme : ‘Depuis deux ans, une flambée de la tuberculose a été effectivement notée chez les étudiants’. Même s’il ne veut pas avancer de chiffres, lors de notre entretien tenu hier dans son bureau, le Dr Seck est très conscient de la situation. ‘Le service médical du Coud a pris toutes les dispositions et avisé les autorités sanitaires sur cette situation de recrudescence de la tuberculose chez les étudiants’, dit-il.

Pourtant, le Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnt), en collaboration avec le service médical du Coud, avait investi, l’année dernière, le campus à travers une campagne de sensibilisation sur la maladie des toux chroniques. Des tee-shirts et des flyers avaient été distribués afin de sensibiliser les étudiants sur la maladie. Le Pnt avait même organisé des sessions de formation à l’endroit d’une partie du personnel médical. Malgré cette campagne menée au sein de la population estudiantine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la situation est allée de mal en pis.

Revenant sur les raisons de cette recrudescence de la tuberculose chez les étudiants, le Docteur Ndob Seck explique que cela est surtout lié à la promiscuité qui règne dans le campus social. En effet, les chambres qui disposent de deux lits, au maximum trois, abritent présentement au minimum dix étudiants. Dès fois, ce chiffre est même dépassé. Cela dépend des besoins et des capacités des chambres. Mais une chose est claire, ‘vous pouvez retrouver au minimum huit étudiants dans chaque chambre. Si un seul étudiant venait à être atteint de tuberculose dans une chambre, c’est très facile que les autres puissent être contaminés’, note le chef de service adjoint du service médical du Coud.

Pour la prise en charge, le service médical travaille actuellement avec le district sanitaire de Gaspar Camara, dont il relève. Mais le problème majeur réside dans le fait que le Coud ne dispose pas de médicaments pour la prise en charge des cas de tuberculose. ‘Nous référons au Centre Gaspar Camara. Le district est sur le pied de nous offrir un centre de prise en charge au niveau du campus. Deux agents du service médical sont actuellement envoyés en formation afin de prendre correctement en charge les cas de tuberculose chez les étudiants’, explique le Docteur Ndob Seck qui rassure quant à la mise en place prochaine d’un centre de traitement antituberculeux chez les étudiants. En attendant la mise en place de ce centre, le médecin chef du service médical, en accord avec l’assistante sociale du Coud, s’occupe correctement des cas de tuberculeux.

La tuberculose est une maladie bactérienne due à Mycobactérium tuberculosis. Elle est contagieuse, principalement par voie aérienne lorsque le malade éternue, tousse, crache ou parle. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elle gagne du terrain et devient de plus en plus meurtrière. Et les chiffres indiquent qu’au moins six cents personnes sont tuées par jour par la tuberculose à travers le monde et 80 % de ces victimes sont âgées de 15 à 49 ans. Au Sénégal, l’incidence de la tuberculose pour l’année 2009, a révélé 11 337 cas de tuberculeux toutes formes confondues, parmi lesquels 7 300 cas de tuberculose contagieuse.

AVEC 300 A 400 CONSULTATIONS PAR JOUR : L’urgence d’ériger le Coud en district sanitaire

Avec plus de soixante mille étudiants inscrits à l’université de Dakar, le service médical du Coud reçoit, chaque jour, entre trois cents et quatre cents étudiants en consultation. Ceux-ci se font consulter à la cité Claudel, à la grande cité, à l’Ensut et à l’Ensept. Il est rare de retrouver, au Sénégal, un centre de santé en faire autant en une journée. Ce qui pose un problème qui a fait l’objet d’un point de revendication des syndicats du Coud. ‘Nous avions exigé que le Coud soit érigé en district sanitaire. Même les étudiants l’avaient demandé’, explique le Docteur Ndob Seck. Pourtant, cette décision avait été prise en conseil interministériel, il y a deux ans. Mais, sur le plan administratif, elle tarde à être matérialisée.

Le Coud prend en charge les centres universitaires régionaux de Bambey, de Zigunichor et de Thiès. C’est pour cela son érection en district sanitaire qu’il faudra rendre fonctionnel sonne comme une urgence aux yeux des responsables du service médical, car disent-ils, plus de soixante mille étudiants y sont pris en charge. ‘Aujourd’hui, on ne peut pas faire le bilan sanitaire du pays sans pour autant intégrer la population estudiantine. Les rapports donnés par le ministère de la Santé aux bailleurs et partenaires au développement sont quelque part biaisés parce que les universités ne sont pas prises en compte’, regrette l’adjoint du chef de service médical du Coud En plus de cela, les responsables du service médial déplorent le fait que le Coud ne bénéficie d’aucun programme relevant du ministère de la Santé et de la Prévention médicale, malgré le nombre impressionnant d’étudiants à prendre en charge. Que ce soient les programmes Sida, tuberculose, paludisme et autres… Il en est de même des sessions de formation auxquelles les agents sanitaires du Coud ne sont pas associés. La dernière session organisée avec le Pnt était l’objet d’une sollicitation de la part du service médical du Coud.