Sénégal | Mission Shalom Internationale : Une Eglise au service des ‘’ désespérés ’’

Les églises évangéliques connaissent un boom au Sénégal depuis quelques années. On compte aujourd’hui environ 200 dans le pays. La mission Shalom fondée par le Pasteur Andy Kings est l’une de ces nouvelles églises dites « du Réveil ». Shalom est une église où viennent beaucoup de ‘’désespérés’’, des rescapés de l’émigration irrégulière. Bref, de gens qui ont des problèmes sociaux.

Mission Shalom. C’est l’église du Pasteur Andy Kings située à Sacré cœur III, dans un quartier résidentiel de Dakar. Nous sommes dimanche 18 avril. Vers neuf heures déjà, l’essentiel des fidèles était présent. Les chants de louanges sont distillés par la chorale de manière ininterrompue. La chapelle se situe au rez de chaussée d’une villa blanche à un étage. Peu spacieuse, cette chapelle serait un garage auparavant dont les travaux d’aménagement ne sont pas apparemment terminés. Une fois le portail de la maison franchi, il y a une personne pour vous accueillir avec révérence, le sourire aux lèvres. A l’intérieur, les chaises bleues et blanches font une belle harmonie avec le velours bleu étalé au sol. Par moments, le déplacement d’une chaise permet de voir le sol tout blanc. Enthousiastes et égayés, tous les fidèles chantent et dansent au rythme de la chorale. Les drapeaux de plusieurs pays sont accrochés derrière la table du culte dont celui des USA, pour certainement traduire ce caractère cosmopolite de l’Eglise. Le plafond peint en blanc forme des bosses et des creux. Les murs, eux, ne sont pas visibles, car de grands rideaux les cachent entièrement. Parée de guirlandes la chapelle est aéré car les petits ventilateurs se meuvent dans tous les sens pour donner de l’air frais dans. A l’étage, c’est la maison familiale de Kings où on peut voir de l’extérieur plusieurs climatiseurs collés au mur.

Créée en septembre 2002 par Andy Kings et reconnue en 2004 par le ministère de l’Intérieur, la mission Shalom compte environ deux cents membres. C’est un melting pot où se côtoient quelques vingt-deux nationalités dont la plupart sont des aventuriers comme le Pasteur lui même. « Je suis un homme très aventurier. Je ne suis pas quelqu’un qui reste sur place », dit Kings pendant sa prédication. L’Eglise, est constituée en majorité de jeunes où les anglophones semblent dominer les francophones. Dans son bureau, M. Kings explique qu’il fait face tous les jours à des ‘’gens désespérés’’, des gens qui ont des problèmes sociaux etc. A 10 h 05, Mme Rose Kings qui est aussi Pasteur ordonnée, comme son mari, demande le micro qui lui est tendu illico presto. Sur l’autel, modeste et sobre fait en vitrine, Mme Kings bien mise à la nigériane, prêche et fait un témoignage. Elle introduit une chanson d’adoration très reposante avec une voix nette et perçante. Le chœur le reprend avec plus de vivacité. Elle prie et fait prier toute l’assemblée. Une prière du reste assez stupéfiante, où l’on voit les fidèles gesticulant, chuchotant les paroles, la tête levée vers le ciel ou baissée. On y agite les mains comme si l’on s’adressait à quelqu’un en face, à combattre. Mme Kings rassure son assistance. Elle invite ses fidèles à laisser ici tous leurs problèmes et de repartir libre, le coeur net et plein de grâces. En d’autres termes, Dieu les décharge de leur fardeau. Alors qu’une coupure de courant survient brusquement, elle continue son propos. La voix très audible et portative, elle digresse en lançant : « même sans la lumière, nous allons louer Dieu, car lui-même est la lumière ». A chaque fois qu’elle dit un paragraphe, elle lance ‘’Pray the lord,’’ (Prions le seigneur) puis, l’assistance répond « Alléluia ». Le même cri est lancé quand l’assistance ne semble pas éveillée. C’est aussi par cette phrase que quiconque introduit son propos pour prendre la parole.

D’une part, des séquences de prières sont faites de grande émotion, de ferveur, d’agitation où tous le membres du corps sont mis à contribution. Et d’autre part, les chants de louanges sont une expression de gaieté, de réjouissances, de danses accompagnées par un arsenal musical au top, composé de piano, de guitares et de batterie, de baffles et d’amplificateurs etc. La chapelle a une allure de fête. Tous étaient en joie. « Déjà, quand je sais que je me prépare à rencontrer mon Dieu, ce corps qui est son temple est déjà préparé parce qu’il vit en moi. Donc, je dois venir avec une préparation, la joie, la liberté d’esprit pour obtenir quelque chose de lui. C’est cette joie là que vous avez ressentie en nous. Parce que chacun d’entre nous se prépare à venir rencontrer son Dieu et à sortir de cet endroit (l’église) avec une grande bénédiction », professe maman Rebecca, un Pasteur, après la messe. Après beaucoup de chants de louange, le pianiste entonne le morceau « Storm is over » du chanteur noir américain, Robert Kelly. Très bien reprise, exécutée, par la chorale, la chanson a emporté l’assemblée. « Normalement, nous faisons beaucoup de la louange parce que la bible nous dit que chanter, ça fait deux fois prier. Donc, nous, notre secret, c’est vraiment la louange et la louange c’est la musique. Donc, c’est un peu notre manière de louer l’Eternel. Je sais que le Seigneur se réjouit de ça », souligne fièrement Steeve, le guitariste et interprète dans l’église.

A la suite de son épouse, le Pasteur Andy va prendre à son tour, le micro, monter sur l’autel. Il prêche avec beaucoup de vigueur. Chose rare, après quelques dix minutes de prédication et la lecture d’un texte biblique, il aborde un sujet qui touche sa vie familiale. Il a sermonné pendant plus d’une heure de temps visiblement sans colère. C’est une affaire délicate. A l’origine de l’histoire, une fidèle a envoyé un sms à Mme Rose Kings lui signifiant que M. Kings est en train de concocter un plan pour la quitter. Le Pasteur Kings dit, pour avoir le cœur net, discuter de la rumeur en plein messe. Très à l’aise, il a convié ses fidèles à la prudence dans ce qui est affaire de couple, réitéré son amour à son épouse qu’il appelait affectueusement « my baby ». « This women is my baby. I will never leave her ». Kings, après son discours prolixe sur le sujet, a demandé à l’assistance de lui poser des questions. Ce que l’assistance n’a pas hésité à faire. Une dame n’a pas manqué de demander au Pasteur ‘’combien de fois il a eu de romances avec son épouse et combien de fois sont-ils sortis ensemble avant le mariage ?’’ Kings en répondant a expliqué qu’il fait très bien son devoir conjugal et que sa femme peut en témoigner. Ce sujet lui a permis de relever la délicatesse du mariage et d’inviter les femmes à la soumission à leurs maris. Il a néanmoins invité les jeunes à s’engager. C’est après cela que la phase des offrandes a suivi. Les enveloppes étaient distribuées. Et les fidèles étaient invités à donner le dixième de leurs salaires. Parce qu’ils recevront de Dieu à la mesure de ce qu’ils auront donné, en retour. …