Profitant de la faillite de l’université, les instituts de toutes sortes se sont multipliés à Dakar ces dernières années, pour le meilleur et pour le pire. Les autorités sénégalaises comme les élèves sont dépassés par cette anarchie.
Pas facile, pour les étudiants sénégalais et leurs parents, de se retrouver dans la jungle des 140 établissements supérieurs privés que compte le pays. Parmi eux, une bonne cinquantaine se contentent d’encaisser les chèques. Et le flou juridique n’arrange rien?: malgré un accord-cadre signé en 1995 entre les responsables de l’enseignement supérieur privé et l’État, aucune disposition législative ou réglementaire sur ce sujet n’est encore entrée en vigueur.
Résultat?: certains élèves se retrouvent à étudier dans des appartements ou des garages transformés en école, des enseignants ne sont pas payés, des diplômes sont monnayés à la fin des études… D’autres étudiants sont abusés par le côté clinquant d’écoles installées dans des villas des quartiers d’affaires. « Elles ont pignon sur rue, font de la publicité à la télé… Et comme les frais d’inscription sont chers, certains pensent que ce sont forcément de bonnes écoles », dénonce Papa Saliou Sall, secrétaire général du Collectif de l’enseignement supérieur privé.
40% des étudiants seront inscrits dans le privé en 2015
Un exemple?: Rama a étudié la gestion hôtelière dans un de ces instituts privés. Après sa licence, quand elle a voulu postuler en master dans une université privée agréée, elle a reçu une fin de non-recevoir. « On m’a dit que je ne pouvais pas avoir d’équivalence avec mon diplôme, alors que la direction de mon ancienne école nous avait assuré le contraire. » Pour s’inscrire en master, il aurait donc fallu que la jeune femme recommence sa licence. Elle a refusé, d’autant que ses parents avaient déjà déboursé 3 millions de F CFA (4?575 euros) pour ses études dans le privé.
Avec un chiffre d’affaires qui atteignait déjà 13,7 millions d’euros en 2008, l’enseignement supérieur privé est un marché en plein boom. Aujourd’hui, 30 % des étudiants sénégalais y sont inscrits. Ils seront 40 % d’ici à 2015, selon le ministère de l’Enseignement supérieur. La stabilité politique et économique, la faillite du système universitaire public (multiplication des grèves, surpopulation) et la nécessité de filières plus en phase avec le marché du travail (communication, marketing, banque, assurance…) ont contribué à ce boom.
Fraude académique
D’ailleurs, sur le bureau du directeur de l’Enseignement supérieur, Ababacar Gaye Fall, les piles de dossiers de demande d’autorisation d’ouverture s’accumulent?: « Nous donnons des agréments provisoires aux écoles qui répondent à nos critères, mais après nous n’avons pas assez de personnel pour faire un suivi de manière automatique, avoue-t-il. C’est vrai que nous sommes confrontés à un gros problème de fraude académique, qui nécessite une plus grande surveillance. »
En attendant, c’est l’ensemble des instituts privés qui pâtit de l’absence de régulation. « Cette anarchie affecte notre image, nous empêche de parler d’une même voix et nous discrédite auprès des entreprises, qui peuvent être déçues après des recrutements », s’inquiète Mohamed Diouf, directeur de la communication de l’Institut technique de commerce (Itecom).
Face à ce fléau, un décret statuant sur les établissements privés a été signé en juillet. Enfin?! Il ne reste maintenant que les arrêtés à prendre pour que la réglementation soit complète. Et que le ministère de l’Enseignement supérieur puisse fermer les établissements frauduleux.
13 Commentaires
Kalz
En Novembre, 2011 (21:03 PM)Bon
En Novembre, 2011 (21:04 PM)Eh Oui
En Novembre, 2011 (21:10 PM)QUEL CERCLE VICIEUX. Mais le drame c'est que l'enseignement, la santé, les routes, c'est le cadet des soucis de nos gouvernants. Quand ils cherchent un établissement d'enseignement, les yeux se braquent vers les pays du nord, quand ils tombent malades, ils prennent l'avion, quand ils veulent se déplacer , ils ont leurs 4x4
C'est logique NON
Oupou
En Novembre, 2011 (21:56 PM)Iden
En Novembre, 2011 (21:57 PM)Ely
En Novembre, 2011 (00:21 AM)Autant les Centres publics de Formation même ceux qui étaient tles plus performants de toute l'ex-AOF SONT DEVENUS DES CENTRES D'INCOMPETENCE CARACTERISEE, AUTANT CES IMPLANTATIONS PRIVEES AUTORISEES A TRAVERS DES POTS DE VIN SONT BATARDES : allez tester le corps enseignant dans la plupart de ces CENTRES scolaires ET/OU universitaire, vous verrez que certains Instiruteurs ou Prof. sont du même niveau de 5ème/1ère des Collèges et Lycées !!!!
Babs
En Novembre, 2011 (06:54 AM)Certaines de ces ecoles privees ne profitent qu'a leur proprietaires.
Campus
En Novembre, 2011 (10:00 AM)Conquérant
En Novembre, 2011 (10:37 AM)Je voudrais aussi en appeler à la vigilance des étudiants béninois au Sénégal qui projettent rentrer au pays à la fin de leur formation.De grâce, evitez comme la peste les instituts privés qui pillulent à Dakar. Personne ne vous recrutera au Bénin avec leurs diplômes. C'est un accord tacite entre les les grandes entreprises de la place.Par contre, les diplômes des centres comme CESAG et ESP ont la côte à Cotonou. C'est un conseil d'un devancier.
Business School
En Novembre, 2011 (14:12 PM)affaristes, je suis titulaire d'un MBA dans un de ces instituts de Management reconnu par le CAMES, mais
dangaye rey bas tass. Comment le CAMES délivre ces reconnaissances de programmes? En tout cas, l'accéditation ne doit pas etre définitive.
On doit les auditer tous les 10 ans pour voir s'il n'y pas lieu de revoir ces accréditations.
Business School
En Novembre, 2011 (16:30 PM)Drchose
En Novembre, 2011 (19:14 PM)C'est un peu ça dix ans de régime libéral: la foire d'empoigne pour monter des entreprises à gogo, pas de règlementation, et au final on s'enfonce dans la médiocrité et l'arnaque.
Seuls ceux qui sont sortis du pays ont eu à connaître la réalité d'une vraie formation, et le choc culturel a été fort: le niveau est très élevé en Europe et en Amérique, et on ne bague pas avec le suivi. Ceux qui ont survécu à 3, 4, 5 ans de ce régime draconien forment la seule vraie élite Sénégalaise. Malheureusement, au Sénégal, ce ne sont pas les plus méritants qui occupent les postes-clé, mais au contraire, les plus tortueux, et bien souvent les moins scolarisés.
Bibi
En Novembre, 2011 (21:25 PM)Participer à la Discussion