Évacuations sanitaires gratuites : L’avion de secours quitte le Sénégal, faute de carburant

Après avoir évacué gratuitement 248 personnes de tout le Sénégal vers Dakar pour plusieurs pathologies (accidents de la circulation, parturientes, Avc, insuffisances cardiaques, etc.), l’avion de ‘Secours aérien sans frontières’ risque de ne plus décoller faute de carburant, au grand détriment des populations de Podor, Matam, Linguère, Kédougou, Kolda, Ziguinchor, etc.

L’avion de ‘Secours aérien sans frontières’, qui assurait jusqu’ici gratuitement les évacuations sanitaires d’urgence de l’intérieur du Sénégal vers Dakar, risque de ne plus décoller, faute de carburant, a déclaré Xavier Diatta, le représentant au Sénégal de l’Association aviation sans frontières pour l’Afrique. ‘Nous venons de faire la dernière évacuation sanitaire (juin 2010 : Ndlr), nous n’avons plus de carburant. L’avion risque, encore une fois, de nous échapper’, a confié, samedi dernier à Dakar, M. Diatta, dans un entretien exclusif à l’agence de presse Jade/Syfia Sénégal. L’on pense toujours que cela n’arrive qu’aux autres, a poursuivi le représentant au Sénégal de l’association Aviation sans frontières pour l’Afrique.

Mis à la disposition du Sénégal depuis septembre 2008, cet avion de ’Secours aérien sans frontières’, dont il est question aujourd’hui, avait remplacé celui d’’Aviation sans frontières’, dont les vols avaient été suspendus en avril 2008. ‘Ironie du sort, rappelle M. Diatta, l’aéronef de l’association Aviation sans frontières avait quitté le Sénégal le 5 avril 2008, la veille de l'accident du leader de l’Ong Jamra feu Latif Guèye’. A l’époque, Abdou Fall, alors ministre de la Santé, avait demandé de le ramener au Sénégal ou à défaut de mettre une autre structure en place. ‘Très vite nous avons mis en route ‘Secours aérien sans frontières’, une structure juste pour le Sénégal, car ‘Aviation sans frontières’ avait refusé de reprendre la mission’, révèle M. Diatta.

Le volontaire de l’humanitaire, qui garde l’intime conviction que tous sont concernés, lance, comme un cri du cœur, à la reconstruction de cette chaîne de solidarité et la reprise des vols humanitaires de ‘Secours aériens sans frontières’. Selon M. Diatta, l'avion lui-même n'est pas concerné, parce qu’ayant tous les papiers, toutes les certifications et autorisations nécessaires. ‘D'ailleurs, précise-t-il, l'Asecna et les organismes de contrôle nous avaient offert leur soutien en nous faisant bénéficier d'exonérations de taxes d’atterrissages et de survols’.

Parlant des évacuations, l’initiateur de ‘Secours aériens sans frontières’ souligne que les situations d’urgence se faisaient à partir de l’intérieur du Sénégal (Podor, Matam, Linguère, Kédougou, Kolda, Ziguinchor, etc.) vers Dakar, Tambacounda étant la base opérationnelle. Seuls les patients qui présentaient des pathologies que les hôpitaux ou autres structures médicales régionales ne pouvaient prendre en charge, étaient concernés. Seuls les médecins chefs de régions, les infirmiers ou sages-femmes pouvaient alors ordonner le décollage de l'avion après échange téléphonique avec le Dr Milogo (Médecin de Tri) de Tambacounda qui validait la mission.

Au total, 248 personnes ont été évacuées de tout le Sénégal pour plusieurs pathologies (accidents de la circulation, parturientes, Avc, insuffisances cardiaques, etc.) Le budget de ces évacuations sanitaires gratuites était de l’ordre de 100 millions de francs Cfa l’année. De bonnes volontés aidaient dans la prise en charge du fonctionnement de l’avion. Les cotisations des membres couvraient les frais de restauration et d’hébergement du pilote. Parmi les généreux donateurs figurent : le Groupe Eads France (30 000 euros/an), l'ambassade de France (30 000 euros /an), Iam Gold, Total, ainsi que le Sénat sénégalais qui a donné 2 millions de francs Cfa en 2009. Le ministère sénégalais des Finances avait aussi exonéré de toutes taxes l'achat du carburant. Ces aides étaient domiciliées dans une banque de la place et seul le pilote bénévole du mois avait la signature du compte.