Le théâtre national Daniel Sorano sera ce matin, à partir de 10 heures, le point de convergence des sportifs sénégalais. Ce sera à l’occasion du 14è gala du “ Lion d’Or ” qui sacre cette année le lutteur Yakhya Diop Yekini, l’actuel “ roi des arènes ”, de même que la judoka Fanta Keïta, à titre posthume. La cérémonie sera présidée par le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, en présence de nombreuses personnalités politiques, coutumières, diplomatiques et militaires.
Dans presque toutes les disciplines, ceux qui s’étaient les plus illustrés en 2005 seront donc honorés par cette Tribune de l’excellence sportive imaginée par “ Le Soleil ” et soutenue par ses partenaires que sont la Lonase, Pétrosen, la SAR et les ICS. Initialement prévue hier, la cérémonie avait été renvoyée à aujourd’hui.
Le “ Lion d’Or ” de cette année a la particularité de consacrer, pour la première fois de son histoire, un lutteur. Et Yakhya Diop Yekini, invaincu dans l’arène sénégalaise en plus des nombreux titres continentaux, promet d’allier plus que jamais sport et culture. Un pan entier de la culture Sérère devrait être dévoilé ce matin à Sorano qui a compté dans ses rangs d’illustres “ ambassadeurs ” de cette ethnie tel feu Sombel Faye, Khady Diouf, Mbaye Ndiaye “ Kam Ndik ”, entre autres.
Reconnaissance et symbole
Quatorze éditions pour voir enfin un lutteur sacré “ Lion d’or ” ! Pourtant, depuis la toute première édition qui avait couronné El Hadj Amadou Dia Bâ, le premier et jusqu’ici l’unique médaillé olympique (d’argent) sénégalais, à Séoul en 1988, Dieu sait que de grands champions, l’arène en a produits. De Manga 2 “ Roi des arènes ” à Tapha Guèye “ le Tigre de Fass ”, en passant par Mohamed Ndao Tyson, l’homme qui a révolutionné la lutte sénégalaise, que du beau monde ; et l’on en oublie. Il a donc fallu Yakhya Diop Yekini pour réparer ce qui pourrait même passer pour une incongruité. Car, n’est-il pas surprenant que la lutte, communément appelée notre sport national, ne soit récompensée du titre suprême du Gala de l’Excellence qu’au bout de 14 éditions ? La question reste ouverte.
Ce qui cependant est constant, c’est que ce sacre de Yekini tombe vraiment au meilleur moment. Et il sonne comme une sorte de symbole, de reconnaissance pour la lutte longtemps considérée comme marginale, comme “ un sport de brutes ” et pour les lutteurs naguère considérés comme des “ montagnes de muscles ” dépourvus de jugeote et juste bons à s’exhiber telle une bête de scène. Aujourd’hui, le regard posé sur eux a changé du tout au tout. De plus en plus de Sénégalais s’identifient à eux et leurs fans’ clubs pullulent à travers le pays et sont aussi actifs que ceux des “ Lions ” du football qui ont été longtemps les principaux sportifs à avoir droit à un tel honneur. Aujourd’hui, la lutte a (re)conquis ses lettres de noblesse grâce à une génération exceptionnelle d’athlètes de très haut niveau dont justement Yakhya Diop Yekini est le spécimen le plus achevé. Invaincu dans l’arène nationale (Cf. Yekini digest), il peut se glorifier d’un impressionnant palmarès africain. A travers lui, c’est à toute la lutte, aujourd’hui véritable phénomène de société et puissant moyen d’affirmation et de promotion sociales et économiques, qu’hommage sera rendu.
Et c’est très symbolique que ce sacre de Yekini coïncide, ce jour, avec la célébration à titre posthume de Fanta Keïta, la judoka trop tôt arrachée à notre affection, celle généralement considérée comme le plus sûr espoir sénégalais de médaille olympique dans un peu plus d’un an à Pékin, en Chine. C’eût été vraiment beau d’avoir ces deux champions d’exception côte à côte sur le même podium ! Au lieu de quoi, Sorano sera partagé entre la joie et la tristesse, mais se fera un devoir de magnifier et de fêter deux superbes sportifs. Tribune de l’Excellence, le gala du “ Lion d’Or ” honorera également une autre figure emblématique du sport sénégalais, d’un autre sport qui, telle la lutte, se confond avec l’histoire de notre peuple : le Pr Sakhir Thiam, monument du milieu des courses hippiques et éleveur hors pair de chevaux. Treize fois entre 1981 et 2007, son écurie a enlevé l’épreuve – phare de la saison hippique nationale, le Grand Prix du Chef de l’Etat, dont la dernière, il y a moins d’un mois avec le cheval “ Bakk ” vainqueur à Kébémer des “ Narougoors ”, poulains de 3 ans et “ Foutankés ” réunis.
Que dire alors de l’Oscar du meilleur entraîneur décerné à Abdourahmane Ndiaye “ Adidas ” ? Simplement que c’est la reconnaissance pour un technicien qui a emmené les “ Lions ” du basket du gouffre africain à la deuxième marche du podium continental, mais qui a été “ récompensé ” d’un limogeage pour “ abandon de poste ” alors qu’il était sur le point de conduire son équipe au championnat du monde de Sao Paulo au Brésil. N’est-il pas symbolique qu’au moment où lui sera décernée sa récompense, son successeur au poste, l’Américain Sam Vincent, brille par son absence aux côtés de ses troupes en préparation, en Tunisie et en Italie, des prochains championnats d’Afrique en Angola sans aucun préjudice pour lui (mais peut-être pas, plus tard, pour son équipe) ?
Et Hadj Mansour, alors ? En quelques jours, il a vu tomber sur ses cheveux blancs de patriarche une belle brochette d’hommage et d’horizons divers. Youssou Ndour, vendredi dernier à Sorano déjà, puis dimanche à la lutte par le promoteur Gaston Mbengue, et ce matin de nouveau à Sorano avec le “ Lion d’or ”. C’est dire l’aspect multidimensionnel de l’homme. Un véritable symbole de la culture et du sport qui se marient si magnifiquement à travers le “ Lion d’Or ”…
Yekini digest
Date de naissance : 26 février 1974 à Joal
Poids : 120 kg
Taille : 1,95 m
Palmarès
Lutte traditionnelle : Plus de 60 tournois remportés entre 1992 et 1997
Equipe nationale de lutte Capitaine de 1998 à 2001.
1998 : 2 médailles d’or aux championnats d’Afrique de Cotonou
1999 : 1 médaille d’argent aux Jeux africains de Johannesburg en lutte gréco-romaine
2000 : 2 médailles d’or aux championnats d’Afrique de Niamey, plus le titre de meilleur lutteur africain
2001 : 1 médaille d’or et 1 d’argent aux championnats d’Afrique de Ouaga, plus le titre de meilleur lutteur africain
Lutte avec frappe
1997 : Victoires sur Kadd Gui, Pouye 2 et Pape Cissé
1998 : Victoire sur Nguer
1999 : Victoire sur Mohamed Ali
2000 : Victoire sur Bombardier
2001 : Victoire sur Khadim Ndiaye et Baye Fall
2002 : Victoire sur Balla Bèye 2
2003 : Victoire sur Lac de Guiers et Mor Fadam
2004 : Victoire sur Bombardier
2005 : Victoire sur Khadim Ndiaye
2006 : Victoire sur Tyson et nul contre Tapha Guèe
2007 : Victoire sur Balla Bèye
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