C'est à son domicile de Sicap Fass Mbao que nous avons trouvé Mbaye Guèye, mardi dernier. Le « 1er Tigre de Fass », qui se remet peu à peu d'une maladie, dont il dit ignorer la nature, s'est confié. À bâtons rompus, Mbaye Guèye est revenu sur le fonctionnement de l'arène aujourd'hui, la décadence de l'écurie de Fass, les divergences entre les anciennes gloires et l'invincibilité de Yakhya Diop «Yékini». Entretien...
Mbaye Gueye, depuis quelque temps, on ne vous voit plus dans le
milieu de la lutte et il semble que vous étiez tombé malade. Qu'en
est-il ?
Pour le moment, je me porte bien. Mais je ne sais pas encore de
quoi je souffre, car j'ai été très malade dernièrement. Je pensais que
c’était le diabète, mais mon insuline est à 1,65. Ce qui n'est pas
méchant. Par rapport à cette maladie, j'ai senti tout mon corps paralysé
et j'avais mal partout. J'avais même du mal à marcher. À ce moment, ça
va bien mieux. Demain mercredi
(Ndlr : l'entretien a été réalisé le mardi 1 et juin), je dois
faire des analyses à l'hôpital Principal pour savoir de quel mal je
souffre exactement.
Durant votre alitement, avez-vous senti une certaine
solidarité, surtout venant du milieu de la lutte ?
Franchement, je n'ai senti aucune solidarité. Il a fallu qu'un de
vos confrères sorte un papier sur moi pour que les gens viennent me voir
et que d'autres m'appellent au téléphone. Le Premier ministre
Souleymane Ndéné Ndiaye m'a ainsi envoyé des émissaires qui sont vénus à
mon chevet. De nombreuses personnalités se sont aussi jointes à ma
douleur. Mais ceux qui devaient vraiment me soutenir, notamment les
composantes de lutte, ne l'ont pas fait et je n'ai nullement senti leur
solidarité.
Pour venir à la discipline, que devient votre école de lutte ?
Nous nous attelons à inculquer aux jeunes les rudiments de la
lutte pure. Mais le travail est très difficile, car, jusqu'à présent, le
problème demeure. Certains managers refusent de signer avec nous, sans
raison, et cela freine le développement des jeunes lutteurs. Ce qui fait
que certains de nos lutteurs ont posé leurs baluchons ailleurs afin de
s'affirmer. Toutefois, les autres attendent le moment propice et font
leur apprentissage dans les «mbappat».
N'est ce pas au Comité national de gestion d'user de son
autorité de mettre de l'ordre dans tout ça ?
Absolument ! le Cng est l'autorité et en plus c'est lui qui
délivre les licences pour devenir promoteur. Et dans ce sens, on
remarque une absence d'autorité de la part du Cng. Parce qu'il revient
au Cng de lutte de mettre un terme à cette discrimination et de siffler
la fin de la récréation.
Aujourd'hui, la lutte est très prisée et partout on soutient
qu'elle marche. Est-ce votre avis ?
La lutte ne fonctionné pas comme elle se devrait. Aujourd’hui, sur
plus de 4000 licenciés, seule une cinquantaine de licenciés bénéficient
de la lutte. Cela est quand même paradoxal. Il y 'a des localités où la
lutte n'existe même pas, alors que la lutte devait être décentralisée
et vulgarisée partout au Sénégal. À part le Claf de Gaston Mbengue qui
fait éclore certains lutteurs depuis quelques années, l'arène tourne
autour des ténors: Yékini, Gris-Bordeaux, Bombardier, Balla Bèye 2 et
Tyson. Aussi, pour moi, cette bonne marche, de l'arène dont on parle,
c'est l'arbre qui cache la forêt. Pour preuve, l'autre forme de lutte,
gréco-romaine celle-là, a disparu du microcosme de la lutte alors qu'il
était la satisfaction du Sénégal sur le plan international. C'est vrai,
des lutteurs comme Mohamed Ndiaye, feu Arôna Mané, Katy Diop, Boy
Bambara, Pape Touré Double Less etc. nous ont valu de grandes
satisfactions en lutte gréco-romaine. Mais ce n'est plus le cas
aujourd'hui, car les lutteurs sont tous mus par l'appât du gain facile.
Il revient au Cng d'imposer à toutes les écuries et écoles de lutte
d'avoir dans leur entité des lutteurs en gréco-romaine. Et ne serait-ce
que pour organiser des championnats ou des tournois. Sinon, d'ici peu,
on aura même plus de lutteurs techniques. Simplement parce que la lutte
avec frappe a tué les autres formes de lutte. Sans compter que certains
promoteurs programment des lutteurs qui n'ont même pas le niveau d'un
troisième combat. La lutte, c'est d'abord un apprentissage pour le
pratiquant avant qu'il ne devienne un champion.
Cette saison, à l'écurie de Fass, seuls deux cadres sont
descendus dans l'arène, Bruce Lee et Papa Sow. Les autres risquent
l'année blanche. Aussi, Fass est en déclin depuis le départ à la
retraite de Tapha Guèye. Qu'est-ce qui explique un tel fait ?
Cela est dû tout simplement à l'attitude et au comportement de
certains lutteurs. C'est ce comportement qui se reflète sur les
résultats. Quand vous voyez les performances de certains lutteurs de
Fass, cela ne doit pas surprendre. Il y avait quelques perturbateurs qui
sont partis et la famille s'est retrouvée unie pour des lendemains
meilleurs. Car Fass est avant tout une famille qui a servi de référence à
certaines écuries. Fass sera toujours le modèle, même si la banlieue
domine aujourd'hui l'arène.
Tapha Guèye vient d'introniser « Gris Bordeaux » 3e « Tigre ».
Qu'en pensez-vous, vous qui disiez que le statut de « Tigre » de Fass
ne se décrète pas, mais se mérite ?
Mes propos ont été déformés. En son temps, j'avais dit que le
titre de «Tigre » de Fass se mérite. Et aujourd'hui, qu'on le veuille ou
non, «Gris Bordeaux» est le leader à Fass. Il est l'héritier naturel de
Tapha Guèye. À Fass, en dehors de son mentor Tapha, il est le seul à
avoir rencontré les ténors comme « Yékini », «Bombardier», Baboye et Lac
de Guiers 1. En plus, les autres lutteurs de Fass sont conscients que
le leader naturel, c'est «Gris-Bordeaux». Les gens ne doivent donc pas
semer cette confusion ou insinuer un doute dans les esprits.
Mais est-ce à Tapha Guèye d'introniser «Gris-Bordeaux» ? Fass
est quand même une structure formelle, avec un comité de sages ? Vous
trouvez la démarche de Tapha juste ?
Je suis tout à fait d'accord qu'il revient au Conseil des sages et
au bureau de l'écurie Fass de désigner le successeur de Tapha Guèye.
Mais, dans mon entendement, Tapha Guèye veut encadrer son jeune frère,
qui en a besoin, comme on l'a fait pour lui. Car aujourd'hui, tous ceux
qui étaient derrière Moustapha en font autant pour accompagner
«Gris-Bordeaux».
Lorsque l'écurie Fass était entre vos mains, vous, Moussa
Gningue et les autres, les lutteurs multipliaient les performances. Là,
vous avez un peu baissé les bras et l'on sent un relâchement du côté des
lutteurs qui accumulent les défaites ?
À Fass, on doit impérativement se retrouver autour de l'essentiel
et redoubler d'effort dans le travail. Seul le travail à l'unisson peut
déboucher sur des résultats positifs. Parce que les contre-performances
des lutteurs de Fass entachent notre crédibilité. Tous les encadreurs
doivent revenir pour que, les autres nous regardent comme des dirigeants
modèles, comme l'a toujours soutenu le président Momar Ndiaye. Mais, à
Fass, si chacun cherche à avoir son poulain, on risque d'être tourné en
dérision. Et Fass va subir les contrecoups de ces clivages.
Au sein des anciennes gloires aussi le problème des clans
persiste au point de créer cette scission. Est-il possible de recoller
les morceaux ?
C'est regrettable, car le débat a été biaisé au départ. Réunir les
deux entités est presque impossible. A moins d'un miracle... Mais je
pense que chaque association est en train de jouer sa partition pour la
bonne marche de l'arène. De notre côté, nous avons notre projet de taxis
et autres pour le bien de la lutte. Et de l'autre côté aussi, ils sont
en train de réaliser leurs projets. Mais je pense que l'autre camp (Ndlr
: Celui de Manga 2) a pris le mauvais chemin et il est en train de
faire fausse route. Ce qui a causé tous ces problèmes, ce sont les
managers et tôt ou tard la vérité finira par triompher dans l'intérêt de
la lutte.
De loin, vous avez suivi le Claf 2010 où les demi-finales sont
connues, notamment Saloum-Saloum contre Super Etoile et An 2000 face à
Garga Mbossé. Selon vous, quel lutteur sortira du lot ?
Je pense que Saloum-Saloum va s’imposer. Car il est le plus
expérimenté. En plus, il a des dispositions, grâce à sa fougue, sa
technique, pour vraiment sortir vainqueur de ce Claf. Mais il aura
intérêt à se méfier de An 2000 qui a toutes les qualités d'un grand
lutteur.
Vous disiez que « Yékini» est le meilleur lutteur. Y a-t-il
dans l'arène, selon vous, un lutteur capable de le battre ? S'il y en a,
qui est-ce ?
Pour le moment et en toute honnêteté, je ne vois pas parmi les
lutteurs qui sont dans l'arène quelqu'un capable de terrasser «Yékini ».
Et Lac de Guiers 2 et Balla Gaye 2 ?
Non! Ils ne sont pas pour le moment à la hauteur de «Yékini».
Et « Gris-Bordeaux» alors ?
Lui non plus n'est pas à son niveau. Surtout qu'il a commis
certaines erreurs pour se retrouver à terre. Pour qu'il soit à la
hauteur de «Yékini», «Gris» doit travailler plus. Peut-être à l'avenir,
il sera à son niveau. Mais là, présentement, «Yékini» est vraiment
intouchable.
Comment appréciez-vous le lutteur pikinois Tonnerre qui vient
de battre Yékini Jr ?
C'est un bon lutteur qui est très technique, mais ses frappes sont
désordonnées. Je l'ai suivi dans les «mbappat» où il a fait ses
preuves. Mais, s'il veut aller très loin, il ne doit pas toujours
privilégier la frappe parce qu'il a une bonne technique de lutte et il
doit l'utiliser. Je sais qu'il n'a pas encore utilisé toute sa
technique.
On a vu Tapha Guèye coacher Papa Sow lors de son combat contre
Zoss. Cela doit-il arriver plus souvent ?
Encadrer les gosses doit être sa nouvelle mission. S'il ne le
faisait pas, Tapha aura failli, car on l'a encadré au point de faire de
lui un grand champion. Moi, je n'ai plus le temps, ni la force de le
faire.
Le combat Balla Gaye 2 contre Balla Bèye est ficelé. Qui est le
favori selon Mbaye Guèye ?
Je ne ferai aucun commentaire sur ce combat. Parce qu'en plus,
certains lutteurs avaient mal pris une analyse technique que j'avais
faite.
Que représente Fass pour vous ?
Fass, c'est ma vie. Fass m'a tout donné. Je dois tout à Fass. Et
toute personne qui cherchera à saborder l'écurie Fass me trouvera sur
son chemin. Fass ne doit pas mourir. encore moins rester en rade.
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