Certaines sources soutiennent que le Bureau fédéral n’a pas rendu compte fidèlement des recommandations du Conseiller du Premier ministre chargé des Sports aux membres du Comité directeur lors de votre réunion du 23 février dernier ? Que s’est-t-il passé ?
Je pense que c’est exactement ça. Je pense que la majorité des membres du Bureau qui ont été reçus par le conseiller technique du Premier ministre, chargé des Sports, Monsieur Sadikh Traoré. Ce dernier nous avait déjà signifié que l’Etat voudrait que le Comité directeur de la Fédération sénégalaise de football démissionne pour ne pas gêner l’action de l’Etat. Naturellement, comme ce sont des audiences individuelles, chacun lui a donné sa réponse. A ma connaissance, au cours du Comité directeur qui s’est tenu le 23 février dernier, chacun a donné le compte rendu de l’audience individuelle qu’il a eu avec le Conseiller technique.
Mais, il y a eu des contre-rendus divergents sur le contenu et naturellement nous pensons qu’il y a certains qui n’ont pas exactement dit ce que l’Etat voulait. C’est la raison pour laquelle, moi, en tant que personne qui a été reçue, j’ai dit au comité directeur que le Monsieur qui nous a reçu nous a demandé de nous démettre pour ne pas gêner l’action de l’Etat. Naturellement il y a eu un quiproquo qui s’est installé dans la salle, parce que les autres ont donné une autre version. Moi, j’ai donné la version que j’ai reçue de l’Etat. Ce qui a fait qu’un certain scepticisme s’est installé au niveau du Comité directeur. Et durant toute la journée, les gens ne cessaient de m’appeler pour me dire que c’est moi qui ai effectivement donné la bonne information. Je pense que les membres du Comité directeur n’ont pas été informés.
Ce n’était donc pas une audience collective mais plutôt individuelle ?
Sadikh Traoré nous a reçu individuellement parce que la démission est personnelle. Il nous a fait part de la crise qui secoue le football sénégalais. Et il nous a simplement demandé de nous démettre pour ne pas gêner l’action de l’Etat. Aujourd’hui, la Fédération est décriée. La Fédération ne peut plus faire face à ses missions, parce que l’Etat n’a plus confiance en elle. Les populations n’ont pas confiance en elle. Une partie des clubs non plus n’a plus confiance en nous. Donc, il faudrait que la Fédération en tire les conséquences. C’est-à-dire se démettre.
Qu’est ce qui explique alors cette volte-face qui a des allures d’une défiance à l’autorité ?
Je ne sais pas. Les gens ont donné d’autres informations. Ça n’engage qu’eux. Moi, j’ai dit exactement ce que le Conseiller du Premier ministre m’a dit. A savoir la démission du Comité directeur pour mettre l’Etat à l’aise dans le cadre de la crise du football.
Pouvez-vous alors nous faire l’économie de la nouvelle audience que le PM a accordée à Mbaye Ndoye ?
Sur l’audience que le Premier ministre en personne a accordée à Mbaye Ndoye, je dois d’abord préciser que je n’étais pas présent à la réunion de compte rendu. Mais d’après les comptes rendus que j’ai reçus des collègues présents, le Président de la Fédération sénégalaise de football a effectivement confirmé que l’Etat a demandé au comité directeur de se démette.
Pourquoi alors différé encore la démission jusqu’au 8 mars ?
Peut-être qu’il y a des gens qui veulent différer la démission collective. Mais moi, Songo Matar, je dis que ma position dans cette Fédération ne peut pas dépasser le 8 mars. Parce que je sais maintenant ce que l’Etat veut. Et je ne peux pas continuer dans ces conditions. Dès l’instant que l’Etat n’a plus confiance, les populations n’ont plus confiance, les clubs n’ont plus confiance, j’en tire toutes les conséquences. Je démissionne. Si mes collègues s’agrippent, je serais obligé de partir. Je ne peux plus continuer à travailler dans ces conditions.
Pourtant vous avez nié la responsabilité de la Fédération dans cette Can ?
(Il coupe). Elle est totale. La Fédération ne peut pas recruter des entraîneurs. Ces derniers échouent sur le terrain et la Fédération se permet de dégager en touche. Ce n’est pas possible. Je ne suis pas d’accord. La Fédération est totalement responsable. C’est elle qui a recruté les entraîneurs. L’Etat n’est que le bailleur de fonds. C’est pourquoi, je pense qu’il n’y a pas de dichotomie. C’est la Fédération qui a mis là le staff technique. Par conséquent sa responsabilité est totalement engagée. L’Etat paye à la demande de la Fédération. L’échec est aussi fédéral.
Maintenant je vais inviter mes collègues du Comité directeur à rendre le tablier. Je vais m’expliquer au CD. Je vais me battre en Comité directeur pour qu’il démissionne comme moi. Parce que ça n’a pas de sens de rester dans une structure où tu ne pourras pas travailler. L’Etat n’a plus confiance, les clubs n’ont plus, la population également. Mais qu’est ce que vous voulez ? Nous allons retourner en club, prendre du recul, travailler. Et peut-être espérer un jour revenir. C’est tout !
Pourtant vous avez quand même l’expérience des Coupes d’Afrique des nations. Cette équipe fédérale est là depuis 2000. A quel niveau pensez-vous avoir pêché cette fois ?
Attendez ! J’ai noté cette fois un certain folklore. C’est mon sentiment. Quand même parce que j’ai fait plusieurs Coupe d’Afrique des nations. Je sais comment ça se passe. Ce n’est pas l’organisation en tant que telle qui pose problème aux Sénégalais. Mais, il y a eu cette fois un aspect politique qui a pris une part importante dans cette Can. Il faut le souligner.
Expliquez-vous ?
En fait dans le groupe opérationnel qui a été mis en place, il y a les institutionnels. Il y a des réunions à longueur de journée. Nous avons vu qu’il y avait beaucoup de personne dans les prises de décisions. Or, pour gérer une Can, le Sénégal a une grande expérience. Sur l’aspect technique, tu n’as pas besoin de plus de 50 personnes. Je prends l’exemple de la Can égyptienne de 2006 (le Sénégal avait atteint les 1/2 finales, Ndlr). Au niveau administratif, nous ne faisions pas plus de six personnes. Et ça s’est très bien déroulé. Nous n’avons pas eu de problèmes sur le plan administratif.
Exergues :
“La responsabilité de la Fsf dans l’échec des “Lions“ à la Can 2008 est totale et entière“
“Certains membres du bureau n’ont pas exactement dit ce que l’Etat voulait“
“Sadikh Traoré nous a effectivement demandé de nous démettre pour ne pas gêner l’action de l’Etat“
“La Fédération ne peut plus faire face à ses missions, parce que l’Etat n’a plus confiance en elle. Les populations n’ont pas confiance en elle. Une partie des clubs n’a plus confiance en nous non plus“
“Si mes collègues s’agrippent, je serais obligé de partir. Je ne peux plus continuer à travailler dans ces conditions“
“J’ai noté cette fois un certain folklore (…) Il y a eu un aspect politique qui a pris une part importante dans cette Can“
0 Commentaires
Participer à la Discussion