Si la Casamance n’était pas une Région périphérique et les Casamançais des Sénégalais de la Périphérie…[Avis d’expert ? Ou bien une simple lapalissade ? (XII)]

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Si la Casamance n’était pas une Région périphérique et les Casamançais des Sénégalais de la Périphérie…[Avis d’expert ? Ou bien une simple lapalissade ? (XII)]

Alors…

(i) Alors, certainement, le président Macky Sall n’aurait pas à cœur, pour son 2nd mandat, et seulement pour son 2nd mandat, celui-là même qu’il n’a pas encore, certes, mais qu’il a déjà dans son imaginaire, de « remettre la Casamance au cœur du Sénégal, même si elle est dans sa partie sud »(sic).

N’est-ce pas un bel aveu d’impuissance et de culpabilité, tout à la fois, au bonheur triomphant du MFDC, que cet aveu du président Macky Sall ? Même si, pour ce faire, il a eu recours aux services de la Première ministre Mimi Touré, qui l’aura ainsi émis, sans coup férir, à l’intention notamment d’un électorat casamançais prétendument acquis à sa cause. Et comme un aveu en appelle toujours un autre, et ainsi de suite, la liste n’étant jamais close…

Alors…

(ii) Alors, assurément, naturellement, la question de la résolution du conflit plus que tri-décennal en Casamance serait un ‘‘enjeu-éminemment-central’’ de la prochaine Présidentielle prévue le 24 février 2019.

Qu’à cela ne tienne, les esprits « bien-pensants », qui rechignent, avec quelque soupçon de condescendance et de complexe d’infériorité/supériorité, qu’ils n’hésitent guère pourtant et assez souvent à renvoyer, sans ménagement aucun, parfois même avec violence et vulgarité, à la figure des militants, combattants et autres sympathisants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC ) ; ceux-là, donc, qui rechignent avec une telle suffisance à l’idée qu’une grande puissance, telle que la France, puisse se constituer partie garante dans la résolution du conflit qui oppose l’Etat et le MFDC depuis 1982, ont dû voir rouge face au rappel à l’ordre récent de l’Organisation des Nations Unies (ONU), à l’intention de l’Etat sénégalais.

Le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, transmettait alors sous pli «  le texte des constatations, adoptées par le Comité des Droits de l’Homme le 22 octobre 2018, relatives à la communication n2783/2016, présentées au Comité des Droits de l’Homme en vertu du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, au nom de M. Karim Meissa Wade ».

Et par la même occasion, Monsieur Guterres attirait « l’attention de l’Etat partie sur le paragraphe 12,5 du document susmentionné selon lequel le Comité a constaté une violation de l’article 14 paragraphe 5 du Pacte à l’égard de M. Karim Meissa Wade. Conformément à la demande du Comité au paragraphe 14, l’Etat partie est invité à informer le Comité, dans les 180 jours à compter de l’envoi de ces constatations, de toutes les mesures entreprises pour leur donner suite, c’est-à-dire au plus tard le 8 mai 2019. Selon la pratique établie, le texte des constations sera rendue public. »

Cette sortie courtoise mais ferme du Secrétaire Général de l’ONU faisait ainsi écho à l’aveu du président Macky Sall, le second du genre en quelques semaines seulement, qui avouait en substance, dans une interview à France 24 rendue publique le 12 novembre 2018, que les procès ‘‘Karim Wade’’ et ‘‘Khalifa Sall’’ étaient politiques. Ce que, du reste, tout le monde savait déjà et que nombre de Sénégalais combattent avec force détermination depuis la commission des deux forfaits.

Notons, tout à propos, que de ses obligations internationales, l’Etat sénégalais n’en a cure et que, de toute façon, il n’en est ni à son premier ni à son dernier coup fourré avec le procès ‘‘Karim Wade’’.

Déjà, en effet, l’Etat sénégalais s’est petitement illustré, devant l’opinion nationale et internationale, en s’asseyant littéralement sur les accords de paix dits de Banjul I, II & III, après les avoir dûment signés, avec le MFDC, fin 1999 et début 2000, sous les auspices de la « Communauté internationale », alors valablement représentée par les Etats gambien et bissau-guinéen, notamment en leur qualité de pays garants desdits accords.

Et l’on voudrait, aujourd’hui, malgré cela, que le MFDC, qui peut être tout sauf imbécile, se donne à l’Etat, pieds et mains joints, sans aucune autre forme de procès, dans le cadre d’un face-à-face dit à l’africaine, c’est-à-dire sous l’arbre à palabre ? Et ce, au nom d’une prétendue africanité du « Problème casamançais », exclusive de toutes autres considérations ?

On ne saurait trouver caricature plus caricaturant que cette caricature-là !

Non, chat échaudé craint l’eau froide ! En l’occurrence, le MFDC a trop appris, à ses dépens, de la filouterie et de la tortuosité de nos gouvernants, depuis l’époque de Senghor jusqu’à nos jours, pour prendre ingénument le risque inconsidéré de se faire gruger à nouveau par l’Etat.

Voilà pourquoi, nous comprenons et souscrivons sans réserve à la raisonnable revendication du MFDC quant à l’implication de la France – qui n’est pas seulement une grande puissance, mais l’ancienne puissance colonisatrice du Sénégal, et donc de la Casamance bien comprise – en vue d’un règlement définitif du conflit en Casamance.

En tant pays garant d’éventuels nouveaux accords de paix en Casamance, la France en aurait, sans conteste, et les moyens politiques et géopolitiques, et les moyens matériels et financiers.

Dakar, le 18 novembre 2018.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)


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