Les négociations pour un règlement à l'amiable du litige commercial opposant les Industries chimiques du Sénégal (Ics) et la société chypriote, Offnor, sont dans l'impasse. Elles ont même échoué, à en croire l'une des parties, Jérôme Godart. L'homme d'affaires français qui confirme l'échec des négociations, soutient que la justice devra trancher le différend. Et face à cet échec constaté, Offnor a recouvré sa liberté d'action, et d'autres mesures seront certainement prises, selon M. Godart.
Les négociations entre les Industries chimiques du Sénégal et Offnor ont connu un échec. La révélation est de Jérôme Godart, responsable de la société chypriote. Ainsi, l'homme d'affaires français ne fait que confirmer les propos tenus par les travailleurs à travers nos colonnes (voir notre dernière édition). Et M. Godart a engagé la responsabilité de la direction des Ics. ‘J'ai pris connaissance de l'article publié le 18 mai 2006 dans votre quotidien (Walf n° 4251, Ndlr), sur lequel je n'ai aucun commentaire, si ce n'est le grave manquement de la part des Ics à la confidentialité des négociations à l'amiable qui avaient été entreprises et qui ont effectivement échoué alors qu'un accord de principe semblait avoir été conclu’, a souligné Jérôme Godart dans sa déclaration qui nous est parvenue.
Le responsable d'Offnor en conclut qu'‘il en résulte que la justice devra trancher le différend nous opposant aux Ics sur cette malheureuse affaire, et qu'entre-temps, Offnor a recouvré sa liberté d'action et d'autres mesures seront certainement prises’, assure M. Godart. Dans le cas échéant, la société sénégalaise pourrait être condamnée par le tribunal de commerce de Paris. Et le préjudice subi par la société chypriote est estimé à près de 68 millions 500 mille dollars, soit plus de 37 milliards de francs. Sous ce même registre, Offnor a demandé, dans l'assignation devant le tribunal de commerce de Paris, au juge de dire et juger que les manquements ‘répétés’ et ‘volontaires’ des Ics aux obligations mises à leur charge aux termes du Protocole d'accord du 6 avril 2005, de l'Accord préliminaire du 27 mai 2005 et du contrat Dap (engrais) n°Imp/0506003 du 1er juin 2005, se trouvent résolus aux torts et griefs ‘exclusifs’ des Ics.
A l'instar des travailleurs des Industries chimiques du Sénégal, l'homme d'affaires français a refusé de dévoiler les termes et conditions auxquelles les deux parties avaient souscrit. Il s'est réfugié derrière la confidentialité pour donner sa langue au chat. ‘Compte tenu de la confidentialité des négociations amiables qui étaient en cours et sont, désormais, rompues, je ne peux m'exprimer dans le détail sur les termes et conditions auxquels nous avions abouti. Nous insistons, néanmoins, sur le fait qu'une fois de plus, les solutions envisagées respectaient strictement et avant tout les intérêts des Ics et du Sénégal ‘, soutient M. Godart.
La direction d'Offnor accuse, pour terminer son adresse, ‘certaines’ personnes de vouloir saboter le plan de sauvetage des Ics. ‘En conclusion, il se confirme que certaines personnes ne désirent pas voir Offnor s'implanter et investir au Sénégal dans ce secteur d'activité et n'hésitent pas à mettre en péril la survie même des Ics pour parvenir à leurs fins. Cela semble confirmer nos doutes quant à la stratégie de la direction des Ics de détourner à son avantage exclusif, sans toutefois avoir les moyens et les capacités pour le faire, la stratégie de restructuration de l'activité ‘Engrais Complexes’ que nous avions élaborée et que les Ics avaient dûment acceptée.’
Il faut rappeler que les Ics et Offnor avaient engagé des négociations pour un règlement à l'amiable de leur différend. C'était sur initiative du Premier ministre, Macky Sall. D'ailleurs, une rencontre a été provoquée à Paris, en fin mars dernier, en présence du Premier ministre, des conseillers juridiques des deux sociétés, du directeur général des Ics et des responsables d'Offnor. Aujourd'hui que les négociations ont échoué, le contentieux risque d'être tranché par la justice française qui a été saisie depuis le mois de décembre 2005. Le contentieux entre les Ics et Offnor porte sur la mise à la disposition d'Offnor par l'usine de Mbao d'engrais et d'acide phosphorique, sur la mise en place d'un mélangeur, etc.
L'usine de Mbao qui ne produit plus depuis l'année dernière, est d'ailleurs fermée. Et la prochaine campagne agricole est menacée parce que l'engrais ne sera pas disponible à temps. Aucun appel d'offres n'est encore lancé pour un approvisionnement en engrais. Alors qu'il faut au minimum plus de deux mois entre l'appel d'offress et la distribution de cet engrais aux paysans. Si rien n'est fait, les rendements de la prochaine campagne agricole risquent d'être compromis. Mais du côté de la Primature, on ne désespère pas de voir la situation des Ics s'améliorer davantage d'autant plus que le chef du gouvernement, Macky Sall, a mis les bouchées doubles pour trouver une solution durable à la crise des Ics et réussir les négociations avec les porteurs de décisions de justice (voir par ailleurs).
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