Il y a une question qu’on ne peut s’empêcher de se poser en regardant un peu dans le rétroviseur politique du Sénégal de 2007. Surtout ce Sénégal des prorogations de mandats et de reports d’élections. Avec bien sûr les révoltes et autres formes de protestations comme le refus de certains parlementaires de prolonger leur séjour à l’Assemblée nationale par la magie d’une mesure qu’ils jugeaient injustes. La question est de savoir si les élus locaux de l’opposition membres du front Siggil Sénégal vont claquer cette fois-ci la porte des collectivités locales en guise de protestation par rapport au report des élections locales. La question n’est pas absurde puisqu’il y a une véritable similitude entre la prorogation du mandat des députés et celui des élus locaux qui vient d’être avalisée par le Parlement avec la bénédiction du chef de l’Etat. La seule petite différence est que les premiers nommés avaient prorogé leur propre mandat, s’octroyant ainsi un plaisir et un droit de manière légale mais illégitime. Et pour protester, Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Madior Diouf, alors députés, avaient déposé leur démission en bonne et due forme sur la table du président de l’Assemblée nationale. Tout en renonçant bien sûr aux privilèges afférents au statut de député comme le véhicule 4X4, le salaire (plus d’un million), le bureau et la dotation de carburant (pour Madior Diouf vice-président de groupe parlementaire Espoir).
En effet, les raisons qui avaient poussé Niasse, Bathily et Madior Diouf à mener un bras de fer contre le président de l’Assemblée nationale pour persister sur leur démission, sont pratiquement aujourd’hui les mêmes qui mettent l’opposition radicale mal à l’aise. Aujourd’hui, la même opposition proteste et dénonce la prorogation du mandat des élus locaux et subséquemment le report des élections locales. Seulement, il n’y a encore aucun mot d’ordre venant des leaders ou de leurs bases respectives pour demander la démission des élus locaux membres de la coalition And Siggil Sénégaal. Du moins pas de manière collective puisqu’à Keur Massar, la coalition composée de l’Afp, de la Ld/ Mpt, du Ps, du Rnd, de l’ Udf- Mboolo Mi et du Pit a clairement invité les conseillers membres dans la Commune d’arrondissement de Keur Massar, à ‘démissionner de leur fonction’. Elle a demandé en outre ‘à toutes les collectivités locales du pays d’en faire autant’. Et ce n’est pas tout, car la Coalition a appelé même les militants des partis politiques (y compris de la mouvance présidentielle), la société civile, les mouvements associatifs, les jeunes et les femmes résidant dans l’espace de la Commune d’arrondissement de Keur Massar, à refuser la reconduction jusqu’en mai 2009 de l’actuelle équipe municipale.
Cet exemple de la Coalition And Siggil Sénégal de Keur Massar va-t-il faire tâche d’huile dans les autres collectivités locales ? Rien n’est moins sûr puisque même avec l’Assemblée nationale, la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa-opposition) avait préféré laisser la question à l’appréciation de chaque parti politique en lieu et place d’un diktat imposé aux élus concernés. C’est ainsi qu’on avait vu des députés de l’opposition rester à l’Assemblée nationale malgré le départ de Niasse, Bathily et Madior Diouf. Il s’agissait de Ousmane Tanor Dieng, de Amatah Dansokho, de Madieyna Diouf et de Me Wagane Faye pour ne citer que ceux-là.
Aujourd’hui encore, les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, le second renvoi des élections régionales, municipales et rurales, devrait amener les élus locaux de l’opposition à informer leur base puis à jeter l’éponge.
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