Au Sénégal, l’existence d’espace de liberté publique ne suffit plus, selon Albert Bourgi

Le Sénégal n’est pas à l’abri d’une éventuelle révolution à l’image de ce qui se passe dans le Maghreb. A en croire le professeur en droit public, Albert Bourgi, le Sénégal a des diplômés chômeurs. Pour lui, c’est ce qui s’est passé en Egypte, en Tunisie, des diplômés aujourd’hui chômeurs, il y en a des milliers, il y en a qui cherchent du boulot. Ce sont ceux là qui forment le gros des bataillons de ceux qui revendiquent et qui jusque là revendiquaient à leur manière mais qui peuvent un moment ou à un autre et notamment l’apparition, l’émergence de cette solidarité internationale ça joue. 

Invité de l’émission Remue Ménage de la Rfm, il a fait comprendre que «les gens sont sur Internet, Facebook, Twitter, ils parlent, ils se mobilisent, ils se lancent des appels pourquoi pas au Sénégal. Il y a aujourd’hui, à l’évidence, à travers ce qu’on vit, l’éclatement de la société libérale. C'est-à-dire les fondamentaux de cette société libérale se sont écroulés». De son avis, le système économique qui était censé être un système régulateur n’a pas été capable de donner du boulot à tout le monde, d’entretenir ou de promouvoir une croissance économique suffisante qui permettrait de satisfaire un certain nombre de revendications notamment des revendications sociales. 

Cependant, Albert Bourgi est convaincu qu’«au Sénégal l’existence d’espace de liberté notamment de liberté publique, cette existence ne suffit plus. Finalement les gens ont besoin de travailler, de vivre. Nous avons pratiquement les ¾ pour ne pas dire 80 ou 85 % de la population qui est laissée pour compte un peu de ce qu’on appelle des conquêtes démocratiques». Le Professeur en science politique de s’interroger: «qu’est ce que ça veut dire liberté de manifester, liberté de la presse, qui lit la presse, évidemment tout le monde écoute les radios mais cela ne suffit pas».