Le projet de loi transmis à l'Assemblée nationale et relatif au changement du mode de désignation des membres du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) n'agrée pas le Coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodj. Il estime en effet que «le peuple est le seul dépositaire du pouvoir» et que «toute tentative visant à lui dénier ce droit est une menace pour la République».
Le Coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodj, n'y va pas par quatre chemins pour fustiger le projet de loi qui vise à donner un blanc-seing au chef de l'Etat pour désigner soixante-quinze (75) des cent (100) conseillers de la République. «Le problème, aujourd'hui, au Sénégal, c'est qu'on a l'impression que l'Etat est réduit à la personne du chef de l'Etat», peste-t-il. Avant de rappeler que «dans l'histoire contemporaine, l'Etat est l'émanation de la volonté populaire. C'est au peuple d'en désigner ses mandataires». Mieux, le Coordonnateur du Forum civil de marteler que «dans une monarchie, le monarque peut faire ce qu'il veut, parce qu'il est le dépositaire, le siège du pouvoir. Par contre, dans le cadre d'une République moderne, c'est le peuple qui est le détenteur exclusif de cette souveraineté et l'Etat procède d'une volonté de délégation du pouvoir par le peuple. Tout mécanisme qui pousse à déresponsabiliser et à se substituer au peuple est une menace pour la République». Poursuivant son propos, il déclare que «les politiques ont l'Assemblée nationale et le Sénat, le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales, on devait le laisser aux organisations socioprofessionnelles et leur céder le mode de désignation et de composition. Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir». Sur sa lancée, Mouhamadou Mbodj considère que «cent personnes au Craes, c'est beaucoup. On aurait dû faire des économies en diminuant le nombre».
Revenant sur le Sénat dont les soixante-cinq (65) membres sont nommés par le président de la République, il met les pieds dans le plat : «On ne peut pas mettre une deuxième chambre parlementaire dont la mission est de contrôler le chef de l'Etat et laisser les prérogatives au président de désigner ses illustres membres. Cela pose un problème de principe et fausse les règles de base de nos institutions». Pis, le patron du Forum civil est d'avis que «ces gens seraient dépendants psychologiquement, personnellement et politiquement de l'Exécutif», et que «ces dispositions annihilent les affirmations constitutionnelles sur la séparation des pouvoirs». Mouhamadou Mbodj enfonce même le clou : «On retrouve la même incongruité dans la composition du Conseil supérieur de la magistrature qui est placé sous la tutelle du chef de l'Etat». En conséquence, il estime que «les instances de régulation gagneraient à avoir plus d'autonomie vis-à-vis de l'Exécutif, parce que ce sont des arbitres du jeu dans leur secteur respectif».
0 Commentaires
Participer à la Discussion