MOUSTAPHA NIASSE DEPUIS NEW YORK : « Je ne soutiendrais jamais Abdoulaye Wade au 2ème tour ».

Pendant que son parti l’Alliance de forces du progrès (Afp) fait face au Sénégal à une dissension de la part d’une partie de ses cadres, Moustapha Niasse est en tournée politique à New York pour y rencontrer ses partisans et le Sénégal d’Amérique de manière générale. C’est au cours d’un meeting organisé à Harlem que le leader de l’Afp a déclaré que pour rien monde, il ne soutiendrait le candidat Abdopulaye Wade au second tour de l’élection présidentielle de 2007. « Bilahi Walahi, Wa Talahi, Abdoulaye Wade le sait, plus que vous, même au 18ème tour je ne le soutiendrais pas. Ce que je ne savais pas avant, je ne le savais pas, mais maintenant je sais ce que je ne savais pas de lui et je ne peux pas me tromper deux fois. Je ne le soutiens pas au deuxième tour» (NDLR : traduit du Wolof par nous).

Moustapha Niasse, le Secrétaire général de l’Afp a rencontré le dimanche 26 novembre dernier, certains de ses compatriotes vivant à New-York à l’occasion d’une mobilisation de membres de sa formation et de plusieurs autres partis politiques sénégalais représentés dans la Grande Pomme. C’est un public nombreux qui est venu écouter le patron des « progressistes ». Le leader de l’Afp est-il revenu cependant d’une désillusion, une fois de plus, en ce qui concerne le président de la République, Me Abdoulaye Wade ? Il a martelé en tout cas, en meeting à Harlem à New York où il se trouvait, que « plus jamais il ne le soutiendrait… » Une autre déclaration qui a aussi attiré l’attention de l’auditoire a été relative à la question de la candidature unique au sein de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) à la présidentielle. Selon en effet, Moustapha Niasse, son parti est pour une candidature unique et une liste unique aux législatives. « En tout cas nous à l’Afp, nous sommes pour la candidature unique. Je peux quand même vous le dire. Ce n’est pas pour nous personnellement. Nous sommes pour ce candidat unique qui qu’il soit. Si demain vous voyez que l’opposition n’a pas opté pour une candidature unique ce n’est pas la faute de l’Afp ».

Dans une interview accordée à Sud Quotidien en marge de la rencontre, Moustapha Niasse s’est refusé à toute polémique sur ses discussions avec le Président Wade et les déclarations de Pape Samba Mboup, le ministre chef de cabinet du chef de l’Etat, qui aurait affirmé que c’est bien le leader des « Progressistes » qui a, par l’intermédiaire d’un émissaire, cherché à obtenir une place dans le gouvernement Wade. « Je ne veux pas descendre du niveau ou mes responsabilités doivent me situer et polémiquer. J’ai parlé avec le Président Wade des problèmes avec lesquels les Sénégalais se trouvent aujourd’hui gravement confrontés. Nous n’avons pas, encore une fois, parlé de poste ni de répartition de quoi que ce soit, et je prends le Président Wade lui-même à témoin. Je ne polémiquerai donc pas. », s’est-il contenté de répondre.

Faisant l’inventaire de ce qu’il qualifie d’échec des politiques du gouvernement, il est revenu sur la question des problèmes énergétiques qui sont à la base des délestages intempestifs de la Sénelec. Comme pour montrer que ce domaine est son terrain de prédilection, Moustapaha Niasse explique que la question est simple : La Sar (Société africaine de raffinage cours après une dette de 108 milliards. Il n’y a pas de raccourcis sinon, celui de payer cette dette-là, ou se priver tout bonnement d’une reprise des activités de cette boîte. « La Sénélec n’aura pas les moyens de faire face à la situation si elle ne trouve pas les ressources pour rembourser les 149 milliards qu’elle doit payer », a-t-il ajouté. Avant de signifier «qu’aucun pays au monde ne peut donner gratuitement du pétrole à un autre ». Plus grave, « les autorités sénégalaises font preuve d’incompétence dans ce domaine. Sinon comment expliquer que ces autorités nous parlent de bateaux de pétrole libyen alors que le Sénégal n’est pas équipé pour raffiner le type de pétrole dont le pays de Kadhafi dispose », raille-t-il.

Sur un autre registre, notamment sur un report éventuel de la date des élections, Moustapha Niasse s’est voulu clair et net. Son parti est contre toute idée de report. Et exige des élections transparentes et démocratiques à date échue. Il a déclaré que si les élections ne se tiennent pas le 25 février prochain, Abdoulaye Wade n’aurait plus de légitimité pour diriger le pays.

Quant aux relations devenues très tendues entre Abdoulaye Wade et son ancien numéro 2, Idrissa Seck, l’ex-premier Premier ministre post-alternance s’en lave les mains. « Ils ont été ensemble, pendant plus 20 ans, l’un était le numéro un et l’autre était le deux. Ils sont entrés en conflit et ils doivent le régler entre eux », tranche-t-il.

Répondant à une interpellation d’une militante du Pds sur ce que prévoit son parti pour les femmes, Moustapha Niasse en a profité pour dénoncer la pratique de Me Wade qui consiste à venir à New York et distribuer des centaines de milliers dollars à ses partisans en Amérique alors que sur place au Sénégal les besoins les plus élémentaires des populations ne sont pas satisfaits.

Correspondant Permanent en Amérique du Nord