APA-Dakar(Sénégal) Les Sénégalais mangent mal en général, a indiqué à APA, lors d’un entretien, le chef de service cardiologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, le Pr Serigne Abdoul Bâ, la veille de la célébration de la 27è édition de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre, par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
« Les Sénégalais mangent trop gras, trop salé, trop sucré. Pour eux, c’est cela bien manger et bien entendu ils ont de l’embonpoint. Et qui a trop de poids a trop de maladies », a confié à APA le Pr Bâ.
Le cardiologue impute cette alimentation « dangereuse à la façon de vivre » de ses concitoyens.
Il attribue la faute à un concept social qui, dit-il, laisse croire que « celui qui a réussi dans la vie mange beaucoup, est oisif, et est par conséquent gros ».
Cette façon de voir n’est pas sans conséquence fâcheuse sur la santé des populations et en particulier celle des personnes les plus aisées.
« Cette imagerie populaire a son corollaire de conséquences fâcheuses voire dramatiques pour les familles sénégalaises, puisque tout dans nos assiettes est là pour assurer une mort précoce. Le développement des maladies chroniques, c’est-à-dire l’hypertension, les cardiopathies ischémiques, le diabète, le démontrent », a-t-il affirmé.
« Les armes de destruction massive sont dans nos assiettes », a-t-il ironisé, soulignant que les Sénégalais doivent « revisiter » les canons de la beauté.
Le cardiologue a fustigé par ailleurs la publicité sur les denrées et ingrédients alimentaires, estimant qu’elle est « insidieuse » et a une « part de responsabilité » dans le développement des maladies chroniques.
Elle devrait être « canalisée », a t-il indiqué non sans préciser qu’il faut consommer en moyenne cinq différents fruits par jour.
« Les affiches placardées dans toute la ville durant le mois du Ramadan invitaient insidieusement à manger plus gras, plus salé et plus sucré, toutes choses qui riment avec cholestérol, hypertension et diabète », a fustigé le Pr Bâ, qui a affirmé par ailleurs, que "trop de Sénégalais meurent" suite à des maladies chroniques causées par la « malbouffe ».
« Nous ne disposons pas de statistiques, mais au regard de la haute prévalence de morbidité des maladies chroniques, la mauvaise alimentation a sa part de responsabilité, dans des pathologies devenues la deuxième cause de mortalité après la paludisme.
« Nous devons manger plus de légumes, de poisson que de riz, dans notre ‘’tiébou diène’’ (riz poisson, plat national) et plus de viande grillée que de sauce », a conseillé le Pr Serigne Abdoul Bâ.
Le Thème retenu pour la Journée mondiale de l’alimentation pour cette année est ‘’le droit à l’alimentation - Il est temps d’agir’’.
0 Commentaires
Participer à la Discussion