Probable libération des neufs homosexuels : Une fatwa plane sur leurs têtes.

La Cour d’appel de Dakar va rendre son jugement sur l’affaire des homosexuels, la semaine prochaine,le lundi 20 avril.

Elle avait été saisie par les avocats des homosexuels pour vices de forme.

Ils sont neuf Sénégalais condamnés en janvier à 8 ans de prison pour actes contre nature et associations de malfaiteurs.

L’avocat général a simplement indiqué : "je m’en rapporte à la Cour", soulignant ainsi qu’il ne s’opposait pas à l’annulation du dossier pour vices de formes. Si tel était le cas, les neuf condamnés seraient immédiatement libérés.

Cependant, leur éventuelle libération se heurte au refus des imams, chefs religieux et associations islamiques.

Ils mènent un intense lobbying pour mettre la pression sur les autorités judiciaires et politiques pour rejeter la mise en liberté des homosexuels.

"Nous avons tenus des marches sans succès et si les autorités les libèrent, nous appliquerons les recommandations de l’islam" souligne un membre influent d’une association islamique, qui a préfère garder l’anonymat.

"Nous avons rencontré de grandes autorités religieuses de ce pays. Elles nous soutiennent. Mieux, elles vont lancer une fatwa, si jamais les homosexuels sont libérés" dit notre interlocuteur sur un ton menaçant.

Pour rappel, les avocats de la défense ont vivement contesté le procès-verbal des policiers sur lequel s’appuie l’accusation et qui reposerait essentiellement sur des "dénonciations anonymes". Ils ont également affirmé qu’il ne s’agissait pas de flagrant délit, comme le soutenait l’accusation.

"Le procès-verbal est truffé de nullités", a assuré à la presse un des avocats de la défense, Me Biram Sassoum Sy. "Et l’avocat général dit qu’il est à peu près convaincu de tout cela et qu’il s’en rapporte à la décision de la Cour. Nous avons bon espoir", a-t-il ajouté.

Si les magistrats acceptent les vices de forme soulevés, ils "déclarent la procédure nulle et c’est la liberté immédiate pour les prévenus", a-t-il poursuivi.

Les neuf hommes, tous âgés de moins de trente ans, avaient été condamnés en première instance pour "acte impudique et contre-nature et association de malfaiteurs", après leur arrestation en décembre à Mbao, une ville située dans la banlieue de Dakar.

Le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison. L’homosexualité est officiellement interdite au Sénégal, pays à 95% musulman, et passible selon le code pénal, d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement.

La condamnation pour "association de malfaiteurs" avait dans le cas des neuf homosexuels alourdi la peine. La majorité des neuf condamnés font partie d’associations de lutte contre le sida dans la communauté homosexuelle.

C’était la première fois que la justice sénégalaise infligeait une peine aussi lourde à l’encontre d’homosexuels. Cette affaire avait suscité une vive émotion sur le plan international, notamment de la part d’organisations de défense des droits de l’Homme et venant de la France.

Le 14 janvier, le président français Nicolas Sarkozy avait même exprimé devant le Conseil des ministres son "émotion" et sa "préoccupation" après cette lourde condamnation.