Macky Sall, un Non-« Opposant au pouvoir » mais un nouveau « Président par Défaut »!!!!!!

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  • Article ajouté le : 05 Lundi, 2012 à 13h11
  • Author: Seynabou Sy

Macky Sall, un Non-« Opposant au pouvoir » mais un nouveau « Président par Défaut »!!!!!!

 


 

Le matérialisme historique ne ment pas. L'histoire est truffée de répétitions. Le « précédent » parodié par l'ironie du « ridicule ». Cette période de mars ne saurait manquer d'activer les réminiscences de mars 2000. Toutefois, si le 19 mars 2000 fut le sacre d'une alternance inter-partisane, à l'époque un nec plus ultra en Afrique, ce 25 mars sera sans aucun doute celui d'une alternance intra-partisane, disons plus précisément une dissidence partisane, fût-ce de bonne guerre1, par laquelle l'hypocrisie de la rupture promise n'est que tristement manifeste. Macky Sall est pour un bon quart de sénégalais un candidat convaincant, comme le fut du reste le Président Wade en 2000. Il est également depuis le 26 février un « Président par défaut » pour employer les mots de Sidi Lamine Niasse faisant allusion à Wade. Car au second tour d'une élection, le vote est négatif. Le 27 mars alors, le sénégalais voterons, par la grâce de Dieu contre Abdoulaye Wade, contre son fils, contre tout ce qu'il incarne, enfin presque...Il y a une exception qu'est macky. Les Sénégalais voteront pour un pur produit de Wade. Pour cette fois-ci employer la formule d'Abdou Latif Coulibali, Macky Sall ne sera pas comme son Mentor un « Opposant au Pouvoir ». Il sera plutôt un « dissident du pouvoir », un disciple politique qui avant sa rébellion n'eut pas manqué de réussir ses examens. Pourtant, il faudra bien voter Macky, ce choix s'impose de lui même. La seule chose qui reste aux Sénégalais, c'est de faire de sorte que, pour rester dans le clin d'œil à A. L. Coulibali, l'alternance ne soit plus « piégée ». Et tel est le but de cet humble article

 

 

I. Il faut élire Macky Sall, pour la survie démocratique.

 

A/ Le bienfait notoire des alternances démocratiques

 

Une élite politique est semblable à une garde-robe. Même à valeur égale, il est nécessaire de changer d'habits, enlever les habits salis ne serait-ce que pour des raisons d'hygiène. Une alternance, quelle qu'elle soit, pourvu qu'elle provienne de la volonté des citoyens est une bouffée d'oxygène à toute démocratie. Nul n'est besoin de revenir au 19 mars 2000 encore moins de chercher des exemples à l'étranger. L'espoir qu'ont nourri les résultats du 26 février et la détente qu'il a permis dans le climat social du pays est révélateur.

 

B/La sanction n'est pas toujours réparatrice mais elle est toujours régulatrice

Même si Macky Sall était exactement identique à Abdoulaye Wade, les citoyens sénégalais devraient s'ancrer dans la culture du vote-sanction. Voilà la seule donnée qui garantie la responsabilité politique dans un régime institutionnel dont le présidentialisme a, au vu des propos de Macky Sall lui même, de longs jours devant lui. Le seul cas ou le grand décideur de la République rend compte de ses actes à peine de déchéance, c'est bien la période électorale. Ce vote-sanction, les tenants du pouvoir doivent le redouter. La désinvolture de Wade s'explique partiellement par son score de 2007.

 

C/ Macky ne peut faire pire.

 

Enfin le troisième argument soutenant l'idée d'une alternance avec le Président par défaut que sera sans doute Macky Sall, c'est la distinction entre intention et capacité. A ce propos, convenons bien de faire crédit de bonne foi à Macky Sall. Mais à ceux qui redoutent les risques de l'aléa, je dirais que même si Macky Sall avait l'intention de suivre l'exemple de Wade voire faire pire que lui, il n'en a ni les moyens ni la latitude dans l'actuelle constellation des forces politiques et sociales, notamment au regard de la configuration de la société civile.

 

 

Il n'en demeure pas moins que si l'actuelle situation ne donne pas toutes les marges de manœuvre à Macky Sall, il n'en sera pas forcément ainsi pour toujours et il renvient au Sénégalais de faire en sorte qu'il n'en soit toujours ainsi.

 

II. La nécessite de maintenir la pression sur Macky.

 

A/ Les causes de l'urgence et les dangers de l'Etat de grâce.

La grande erreur des citoyens sénégalais fut l'état de grâce dont jouissait le Président Wade pendant des années après son élection. Cet état de grâce lui a permis de procéder à un jeu d'échec minutieux, a poser les jalons d'un projet avec une vision de long terme d'une extrême finesse. Nombre furent ceux qui durant le second mandat se disaient époustouflés et abasourdis par la mutation de Wade et sa capacité à « dribbler » les citoyens. Ils n'avaient malheureusement que trop longuement dormi. Le premier acte qu'il ne fallait pas permettre à Wade était la révision constitutionnel de 2001. Du reste, une bonne partie des conclusions des Assises Nationales figuraient déjà parmi les promesses du Président Wade à la veille de l'alternance.

Par conséquent, il sera nécessaire de maintenir la pression sur Macky, afin qu'il mène les réformes, notamment institutionnelles dès son élection, par référendum si la voir parlementaire s'avère compliquée avant les législatives de juin. En effet il serait glissant de plébisciter Macky avec une base confortable au Parlement avant qu'il ait mis en œuvre certaines réformes. Et autant il est dangereux de négliger certaines réformes avant les législatives, autant il est urgent de les lui imposer avant qu'il ne place ses « inconditionnels » aux postes hautement stratégiques de l'Etat. Ce n'est d'ailleurs pas si innocent et généreux, lorsque l'on entend certains candidats malheureux comme O.T. Dieng parler de « partenariat ». Le message est claire: il est hors de question de lui laisser les coudées franches. Et l'accompagnement dont parle Idrissa Seck est pour Macky, heureusement, plus un carcan qu'un soutien absolu.

 

 

B/ La Confiance et la Politique, le rôle des institutions

Les promesses de Macky Sall, notamment les nouvelles promesses habilement formulées dans la plus grande vacuité depuis la rencontre avec les acteurs des assises nationales peuvent être réparties dans deux grandes catégories. Les promesses de performance économiques et de justice sociale d'une part et les promesses institutionnelles d'autres part. Ces dernières sont d'une importance capitale car résumant à elles seules le cœur de la crise dont nous semblons sortir. Les promesses de revenir au quinquennat, du changement du mode de nomination du Conseil Constitutionnel, de la réorganisation de la Justice, son indépendance, notamment la réforme du Statut du Parquet, des relations entre le parlement et l'exécutif sont d'une urgence sans égale. A nous entendre parler un étranger aurait de Macky Sall une image diabolique. Pourtant loin nous une telle intention. Tout va d'un postulat:

 

Les basics de la politique ne font l'objet d'aucune dérogation. La conviction de Montesquieu selon laquelle « tout homme qui a du pouvoir est tenté d'en abusé » date presque d'un demi millénaire, elle n'envie encore aujourd'hui aucune nouvelle trouvaille scientifique dans son autorité. Elle est plus que d'actualité. Et il est évident que cette tentation d'abus s'éradique, non pas par la grandeur et la probité d'un homme, mais « par la dispositions des choses ». Il faut que l'organisation des institutions permette par des réformes diligentées de canaliser les hommes politiques quelque soit leurs mœurs et leur intégrité. Donc la phrase de Barack Obama sur la nécessité des « Institutions fortes » n'est pas fausse. Ce qu'il omet de dire, c'est que cette nécessité n'est pas spécifique à l'Afrique, elle est universelle et concerne plus que nul autre pays les Etats-Unis. Seulement les américains se l'appliquent amplement pendant que bien des pays d'Afrique sont à la traine. Toute proportion gardée, le Sénégal n'entre pas dans ce dernier registre...

 

 

C/ L'énergie collective et l'image de marque du Pays

 

Enfin le dernier élément démontrant la nécessité de l'élection de M. Sall suivie d'une pression conséquente pour des réformes tient de la fatigue collective et de l'image de marque du Sénégal.

En effet, même si nous avons montré à l'Humanité entière le 23 Juin dernier notre capacité à refuser les dérives monarchiques du pouvoir et à défendre les fondamentaux de la démocratie, il est difficile de nier que ces dernières années ont été marquées par une tension dont notre économie et la nation de manière plus générale se seraient allègrement passées. Une tension qui se reflète dans un antagonisme énergivore, qui nous a valu des morts des pertes matérielles et l'effritement de l'image d'une démocratie stable moderne et à l'avant-garde de l'Afrique. Une victoire telle que celle qui se préfigure le 25 mars prochain ne nous réussira pas tous les jours, il en est de même pour celle du 23 juin 2011. Il faut que le Sénégal se mute définitivement vers une démocratie consensuelle et cesse d'être une démocratie majoritaire dont les conciliabules ont lieu dans les salons maraboutique et les ambassades, ce toujours au lendemain d'affrontements dans les rues qui ôtent la vie à nos concitoyens. Il faut certes un dialogue politique, mais pas par delà les institutions. Le dialogue devra se fait dans les institutions, alors composées de « Véto-Players » avec un statutairement indépendants, qu'ils soient députés ou hauts fonctionnaires. Si l'expérience Wade peut nous etre utile, c'est bien dans notre détermination à ne plus en vivre une semblable. A vos cartes alors chers compatriotes.

1On ne peut réfuser à Sall, la noblesse des causes de sa dissidence: Audition de Karim Wade sur les comptes de l'ANOCI.


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