Le Blogs de : Souleymane Thiam

Le Parti Démocratique Sénégalais vit encore un des épisodes douloureux de son existence, autour de la personne de Modou Diagne Fada, ancien ministre, député et président du Groupe parlementaire libéral à l’Assemblée Nationale. On veut justement lui enlever ce poste et son entêtement a poussé ses camarades à l’exclure. Derrière ce charivari, un homme agit, en bon marionnette, pour tirer les ficelles. Me Abdoulaye Wade, l’ex-chef de l’Etat, fondateur et leader charismatique de la formation durant les vingt six ans d’opposition. Qui aujourd’hui, n’a de visée réelle que la libération de son fils Karim, en prison pour enrichissement illicite. Il est prêt à tout pour réaliser cet objectif. Même casser son œuvre. Et disparaître avec. Tel un Pharaon enterré avec ses biens.

Indiscipline, activité fractionniste et collision avec l'adversaire...Voilà les griefs portés contre Fada par ses camarades libéraux réunis le vendredi 16 octobre à la permanence Oumar Lamine Badji, sise sur la Vnd, pour l’exclure. La décision, il faut le dire, lui pesait dessus comme une épée de Damoclès depuis quelques mois. Son refus de céder la direction du Groupe parlementaire des Libéraux et démocrates à Aïda Mbodj n’étant en fait que l’accélérateur de la cadence. Fada avait secoué le cocotier en posant le débat sur la restructuration du parti. Sujet tabou, offensant voire blasphématoire contre Wade. Et depuis, lui et son groupe de compagnons étaient des « hommes à abattre ».

Cela peut se comprendre dans un Pds toujours tenu pour « la chose » d’une personne. C’est également dramatique de constater que ce parti emblématique dans le paysage politique africain, au-delà du Sénégal, créé les conditions de sa disparition. L’alerte a d’ailleurs été donnée par de nombreux analystes politiques.

Aujourd’hui, le Pds est incarné par des militants venus rejoindre Wade à son accession à la Magistrature Suprême ou un peu avant, après l’avoir traité de tous les noms d’oiseaux et de  Fantômas, pardon fantôme. Pendant ce temps, les militants fidèles durant les années de braise ont quitté ou disparu de la circulation. Fada a incarné avec lui, Aminata Tall et Idrissa Seck un quatuor d’opposants adulés. On les appelait Gorgui, Ngorsi, Ndawsi, Ngonési.

Le premier rattrapé par le poids de l’âge, les deux suivants partis, il ne restait donc que Fada. Pour perpétuer le flambeau. Une ambition légitime dont ne veut pas entendre parler Wade qui, lui oppose « les nouveaux » ou, c’est selon, « libéraux de la 25e heure » pour son ultime combat : tirer son fils des griffes de Dame Justice. Pour qu’ensuite le fils Wade, une fois remis en selle, fasse « son » Pds en réveillant probablement sa Génération du Concret. Pour enterrer donc la plupart, si ce ne sont tous ceux qui se battent aujourd’hui dans le Pds. C’est dire presque que ceux qui ont exclu Fada annihilent en même temps leurs chances de survie politique. Ils se sont donc mis une balle dans la tête.