Le Blogs de : Souleymane Thiam

Le retour des coupures intempestives de courant alors que l’hivernage et le mois de Ramadan, deux périodes fortes en consommation d’électricité pointent à l’horizon, a fini de mettre bien des Sénégalais hors d’eux. Dans les avis émis çà et là concernant des solutions, il revient le plus souvent le changement de Directeur Général. Pour nous, le débat est plus profond et laisse beaucoup plus penser à la nécessité de changer complètement de Senelec. Plus prosaïquement, la façon de nos gouvernants de gérer la question de l’électricité.

Du fond de son bureau, je l’espère douillet et avec une bonne alimentation en électricité, Pape Dieng, le Dg de la Société Nationale d’Electricité, ne doit pas avoir l’esprit tranquille. Il a la cible principale de nombreuses critiques de la part de citoyens outrés par le retour des coupures de courant, pressantes ces derniers temps.

Le chef de l’Etat s’est invité dans la situation du haut du présidium du dernier Conseil Présidentiel pour l’Investissement. Histoire pour Macky Sall de rappeler, si encore besoin, qu’investissements et/ou développement ne peuvent aller avec de récurrentes pannes d’électricité. Le plus irritant pour lui étant l’argumentaire avancé, la météo et le brouillard, qu’il trouve « trop facile (car) ce sont des explications qui ne rentrent pas dans la tête ». Il a exigé que « des mesures fermes soient prises pour que cela ne se reproduise plus ». A sa suite des responsables consuméristes comme Me Massokhna Kane ont fait chorus, soutenant que « ce qui doit changer à la Senelec, c’est son directeur…Il a un problème avec tout le monde ».

On peut aimer ou pas Pape Dieng, mais on devra à la vérité de reconnaître qu’il n’est pas le Dg de la Senelec sous qui les délestages auront été le plus remarqués. On a même vécu pire avant. De même, les solutions les plus prometteuses ont été promises, en vain au finish. C’est le cas notamment du Plan Takkal sous Wade qui eut des allures de…Takhal (badigeonnage avec son lot de scandales).

Aujourd’hui, les réflexions devraient aller au-delà des hommes qui gèrent la question de l’électricité au Sénégal. Le problème n’est-il pas la Senelec elle-même, dont on évoque souvent la vétusté de certaines infrastructures ? Comment trouver la possibilité de faire bénéficier certaines villes du surplus d’énergie produit par des usines qui y sont installées ? Qu’est-ce qui bloque le souhait de nombreux privés de contribuer à une alimentation suffisante du pays en électricité.

Voilà autant d’interrogations liées à la question de l’électricité au Sénégal, pour dire que la démarche conjoncturelle, le changement des hommes, ne doit plus continuer à primer à primer sur celle-là structurelle, repenser le système. Si ce n’est changer de Senelec ? Au moins changer la Senelec…

A coup sur, s’il existait dans ce secteur de la concurrence, les ménages quitteraient le réseau Senelec en courant. Comme certains aux moyens suffisants l’ont déjà fait avec le solaire.