Le Blogs de : Souleymane Thiam

Resté longtemps sans émettre un avis sur le football sénégalais, El Hadj Malick Sy Souris a brisé le silence cette semaine. Et comme on devait s’y attendre, l’interview accordée le 25 août au journal Stades depuis Pékin par l’ancien ministre, président de la fédération sénégalaise de football n’a pas laissé indifférent. Principalement, en ce qui concerne sa désapprobation du style de communication choisi par Aliou Cissé, le sélectionneur national qui, pour la publication des listes d’avant match des Lions utilise facebook en lieu et place de la traditionnelle conférence de presse.

El Hadj Malick Sy alias Souris fait autorité dans le monde sportif sénégalais, en particulier le football. Joueur de l’équipe nationale au début des années 60, il a été président de l’instance dirigeante lors de l’épopée 2002 sanctionnée par les places de finaliste de la Can et ¼ finaliste du Mondial atteintes par la bande à Aliou Cissé. Il avait même contribué à faire de ce dernier le capitaine de l’équipe. « J’ai vu que c’est Aliou qui repositionnait les joueurs. Là, j’ai dit : ‘j’ai trouvé mon capitaine’ parce qu’il aime ça. Il assume naturellement le leadership », révèle-t-il.

Cependant sur la nouvelle carrière de son ancien protégé, M. Sy attend de voir. Il justifie : « être entraineur n’a rien à voir avec être capitaine. Il faut savoir tout gérer. Il faut qu’il soit zen. Il faut être meilleur en tout : dans le comportement, dans la façon de parler, dans la gestion du groupe ».

Déjà, Souris désapprouve le choix de Cissé de communiquer par facebook, pour révéler sa liste de sélections. « C’est une faute professionnelle. C’est un agent de l’Etat du Sénégal qui le paie. On ne communique pas par facebook quand on gère l’Etat », fulmine-t-il. A juste raison, si on sait que l’homme est un haut fonctionnaire, grand connaisseur et respectueux de l’Etat. Le laisser croire qu’on foule aux pieds les valeurs de celui-ci fait sans doute partie des plus grands torts qu’on peut lui causer.

Seulement, El Hadj Malick Souris appartient à une époque qui ne connaît pas les réseaux sociaux. Tout le contraire d’un Cissé en plein boom de ces derniers, où il sied de se trouver pour être « in ». On comprend dès lors sa volonté d’efficacité, à la place des conférences de presse qui s’apparentaient plus à de véritables « débats sur le sexe des anges » ou de tribune pour journalistes désireux de se faire entendre ou voir à la télé. Cissé est de son époque, à l’image de beaucoup de personnalités, chefs d’Etat, souverains et célébrités en tout genre qui tweet presqu’instantanément leurs actualités.

Cissé est dans ce sillage. Jusqu’à ce que peut-être la fédération ne lui impose une face à face avec la presse au moment de la publication de liste de sélectionnés.

Je parie que les petits enfants d’El Hadj Malick Sy Souris sont plus en phase avec Aliou Cissé que leur grand père, internet et les réseaux sociaux étant de leur temps. C’est dire qu’entre ces deux acteurs majeurs de la rédaction des plus belles pages du football sénégalais, la question, moins la divergence, est d’époques.