ANALYSE DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE DU MALI

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ANALYSE DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE DU MALI

Nous devons effectuer l’analyse de la présidentielle du Mali tout en la considérant comme une expérience pour le Sénégal. 

LA LONGUE ATTENTE DES RÉSULTATS

L’attente des résultats a été longue et pouvait être une réelle source de tension. Avant la publication des résultats, 18 candidats à l’élection avaient déjà annoncé qu’ils n’accepteraient pas des résultats affectés d’irrégularités. En effet, plus la durée augmente plus la suspicion est grande. Cette période est un terrain fertile pour toutes formes de rumeur.

D’ailleurs le jeudi 2 juillet 2018, à partir de  20 heures, des rumeurs ont commencé à circuler. Ils  concernent une proclamation en direct des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle. Mais le ministère de l’administration territoriale dément : ce sera demain, affirme-t-il. Puis contre toute attente, à 21 heures, le ministre de l’administration territoriale, apparaît à l’écran.

Au Sénégal, nous avons la bonne habitude d’avoir les résultats en direct. Nous devons tout faire pour maintenir cette tradition. Nous devons même l’améliorer en dotant tous les centres de connexion, ce qui permettrait d’assurer une seconde voie électronique.

RÉSULTATS PROVISOIRES PROCLAMÉS

Le second tour est devenu une assurance. Il opposera les deux candidats initialement favoris. Les candidats, IBK avec 41,42 %  et    SOUCIS avec 17,8 %  vont se rencontrer pour le duel final.  Sur ce plan, l’histoire semble se répéter. En effet, le duel du second tour sera le même que lors de la dernière présidentielle, en 2013. Les résultats sont résumés  ci-dessous.

Total des électeurs :    8 millions 642    

 Participants :               3 millions 445 178 soit 43,06 %

 Bulletins nuls ;            224 677

 Suffrages exprimées ; 3 millions 220 501 soit 40,25 %

      1. Ibrahima Boubacar Keita (IBK) ; 1.333 813 électeurs soit 41,42 %

      2. Soumaila Cissé (SOUCIS) ; 573 111 électeurs soit 17,80 %

      3. Aliou Diallo (ALDI) ; 250 167 électeurs soit 7,95 %

      4. Modibo Diarra (MODI) ; 240 290 électeurs soit 7,46 %

      5. Housseini Guindo (HOG) ; 125 153 électeurs soit 3,89 %

      6. Autres Candidats (AC6-24) ; 691 764 électeurs soit 21,48 %

      NB.   Les pourcentages des candidats sont obtenus à partir des suffrages exprimés

FAIBLE TAUX DE PARTICIPATION DE 43%

Ce faible taux de participation peut s’expliquer de plusieurs manières dont la tension induite par le terrorisme ainsi que la suppression des bureaux pour des questions de sécurité.

Avec ce taux, tout se passe comme si le leader IBK avait obtenu 16.673 % de l’ensemble des électeurs.

Tout se passe comme si le second SOUCIS  avait obtenu 7.165 % de l’ensemble des électeurs.

Tout se passe comme si les deux  leaders  avaient obtenu ensemble 23.85 % de l’ensemble des électeurs ce qui est inférieur  au quart du fichier électoral.

Cependant, nous sommes en démocratie. Qui ne dit mot consent !

FORCE DE COALITION

Nous pouvons saisir à travers  ces résultats, la force de la stratégie de coalition. Supposons que les 19 derniers candidats, ayant tous moins de 2.5%, aient décidé de se coaliser et choisir parmi eux un candidat, alors ce candidat, avec plus de 21 %,  serait passé au second tour. D’ailleurs son score risquerait d’être largement supérieur.  En effet, en théorie des jeux,  la valeur d’une coalition est toujours supérieure à la somme des valeurs des membres individuels. D'autre part, en se coalisant, certains candidats avaient la possibilité d’éliminer le Président sortant IBK. Bien sûr, les alliances doivent s’effectuer en tenant compte du partage des idées et programmes. Nous voulions juste, à travers cet exercice, ressortir la force de la coopération.

L’opposition sénégalaise devrait y tirer une leçon édifiante. La force de coopération se situe dans sa capacité à louer une alliance crédible. Plus le choix du représentant d’une alliance est démocratique plus attrayant et crédible serait cette coalition.

BULLETIN UNIQUE

La force de la présidentielle a résidé en partie dans son choix du bulletin unique.

Le bulletin unique a permis d’éviter cette erreur technique consistant à avoir des bureaux sans bulletins individuels de certains candidats. Le bulletin unique est donc plus démocratique.

Le bulletin unique a réduit de plus d’une quinzaine de fois le cout global associé à cette présidentielle.

Le Sénégal devrait apprendre par rapport à cette leçon du  bulletin unique

PRÉPARATION DU SECOND TOUR

Au lendemain du premier tour, la mission d’observation de l’UE, tout comme l’opposition, avait estimé que le scrutin s’était globalement bien déroulé. Cependant, l’élection de premier tour n’a pu se tenir dans 767 bureaux, soit 3,3 % du total. L’administration devrait tout faire pour corriger cette situation en veillant à ce que les élections s’y tiennent en toute sécurité.

Les partisans de SOUCIS ont contesté verbalement les résultats. Cependant, ils devraient se concentrer beaucoup plus sur le prochain duel qui est le plus  déterminant. En effet les compteurs seront remis à zéro.

Ce duel à deux devrait augmenter l’intérêt populaire. L’administration devrait exploiter cet environnement en augmentant le taux de participation et la sécurité autour de ce second tour. 

Les stratégies d’alliance et conviction vont être déterminantes dans ce duel final. La lutte  se situe à trois niveaux.  

Le premier niveau concerne les 22 autres candidats. Chaque aspirant cherchera à s’allier le maximum et le plus de poids électoral parmi ce groupe de candidats perdants. SOUCIS possède  un avantage considérable pour avoir partagé un même combat en tant qu’opposant avec un grande partie d’entre eux. Cependant IBK ne doit pas lui faciliter la tâche sur ce plan.

Le second niveau concerne tous les électeurs qui ont participé à ce premier tour. En effet, le report de vote et suivisme électoral ne sont pas automatiques. Le degré de communication et de persuasion sera dans d’une très grande importance.

Le troisième niveau consisterait à développer des stratégies s’adressant aux abstentionnistes qui constituent un groupe plus consistant que le groupe qui s’est initialement exprimé. Ce groupe inclut aussi bien les abstentionnistes volontaires que les forcés.

 

Félicitations à tous les candidats du premier tour et bonne chance à  IBK et à SOUMI. 

                          Que le meilleur gagne pour le meilleur du Mali.

Professeur  Gningue  Youssou, Mathematics and Computer Science Dep.,

Laurentian University, Ontario, Canada


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le Dimanche 05 Août, 2018 à 16:02:38RépondreAlerter

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le Dimanche 05 Août, 2018 à 16:06:23RépondreAlerter

Youssou - #3

Les Résultats Définitifs Confirment Les Provisoires Et Maintiennent Le Second Tour Qui Devrait Se Tenir Le 12 Aout 2018.

le Jeudi 09 Août, 2018 à 02:15:55RépondreAlerter

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