Senghor voulait quitter le pouvoir ‘'bien plus tôt'' qu'en 1980, selon Bachir Diagne

Dakar, 13 oct (APS) - Léopold Sédar Senghor a eu envie de quitter le pouvoir ‘'bien plus tôt'' qu'en 1980, a révélé le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, citant des confidences à lui faites par des personnalités introduites auprès du premier président du Sénégal indépendant.

Les évènements de mai 1968 l'ont ‘'retenu'', mais il a eu envie de partir ‘'un peu avant'' 1980, a dit M. Diagne introduisant vendredi une conférence publique sur le thème : ‘'Senghor, une philosophie du dialogue des religions ‘'.

Senghor a eu envie de partir pour représenter le Sénégal auprès de l'UNESCO qui représentait sa philosophie et ‘'correspondait à ce qu'il voulait faire'', a dit M. Diagne qui dit avoir lui-même eu le ‘'bonheur'' d'avoir bénéficié de l'influence intellectuelle et spirituelle du poète président.

Selon lui, Senghor célébrait l'UNESCO ‘'comme le lieu par excellence du dialogue des cultures'' et estimait qu'elle était une ‘'institution précieuse pour le monde qui émerge alors des décolonisations''.

S'exprimant sur ses relations avec les autorités coloniales, M. Diagne a dit que Senghor était ‘'un rebelle permanent'', contre l'opinion couramment entretenue qui ferait du premier président sénégalais un collaborateur du système colonial.

A la différence d'Aimé Césaire, dont la personnalité est en constante ébullition, ‘'Senghor vous dit calmement les pires méchancetés, mais il vous le dit au subjonctif imparfait'', a-t-il indiqué.

Il est inscrit dans une ‘'rébellion permanente'' avec la colonisation parce qu'il ‘'s'est construit comme interlocuteur'' du système colonial.

Si l'indépendance était devenue pour lui une priorité numéro 2, c'est parce que cette perspective relevait pour lui de l'évidence, a relevé Souleymane Bachir Diagne.

Alors, a dit le philosophe, la question qui se posait pour lui (Senghor) était celle des conditions dans lesquelles les Etats africains allaient accéder à la souveraineté.

Il a rappelé que le président Senghor avait longtemps préféré que les Etats africains accèdent à l'indépendance au sein de grands ensembles politico-économiques