La visite surprise du président turc Recep Tayyip Erdogan à Tunis mercredi - centrée sur la crise en Libye - a suscité la consternation de la part de plusieurs partis politiques et des acteurs de la société civile.
Nombre de Tunisiens redoutent que la Tunisie, d'habitude pays impartial, franchisse une ligne dans la crise libyenne en prenant position pour un des belligérants. Les déclarations qui se sont multipliées ont obligé la présidence tunisienne à faire des clarifications. Et à Tunis c'est la cacophonie.
Rachida el-Nifer, la porte-parole de la présidence tunisienne a nié ce jeudi 26 décembre ce qu'avait affirmé dès son retour à Ankara le président turc. Elle a affirmé que le président tunisien n'a pas pris position pour un camp ou pour l'autre en Libye. Une manière de démentir les propos de son homologue turc, selon lequel Kaïs Saïed soutiendrait le gouvernement d'Union nationale libyen dirigé par Fayez el-Sarraj.
La présidence tunisienne s'est également étonnée des déclarations de Fathi Bashagha, ministre libyen de l'Intérieur. Lors d'une conférence de presse donnée à Tunis ce jeudi, ce responsable libyen a assuré que la Tunisie fait désormais partie d'une coalition qui regroupe Tripoli, Alger et Ankara et qui soutient Fayez el-Sarraj contre le maréchal Khalifa Haftar et ses alliés. « Nous avons une position neutre dans la crise libyenne et nous ne faisons pas partie d'une quelconque coalition », a encore insisté la présidence tunisienne, qui a demandé au ministre libyen de quitter Tunis immédiatement.
Ces clarifications font suite à un tollé de réactions à Tunis appelant la présidence à adopter la neutralité en ce qui concerne la crise libyenne. « La présidence est confuse, et mal conseillée. Elle connait mal le dossier libyen », affirme Nizar Anami un ancien député et ancien de l'UGTT. Certains craignent l'utilisation de la Tunisie pour faire passer des armes en Libye comme cela a été le cas en 2011.
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