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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Chronique

Welcome to hell

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Welcome to hell

« La fine raillerie est une épine qui a
conservé un peu de parfum de la fleur »
Adolphe D’HOUDETOT


Ce sera bien dommageable à notre démocratie, mais notez le bien. Nous risquons d’avoir le 25 février prochain, un scrutin rouge sang. Je ne parle pas des brassards qui font monter la fièvre un peu partout. C’est une bien belle façon de dire à quelqu’un qui nous a ignoré pendant sept ans, en passant le plus clair de son temps dans son palace volant ou dans les suites royales du monde, « welcome to hell ». La majorité silencieuse s’était terrée dans un silence profond. On la croyait endormie, et des braconniers de toute sorte se sont dissipés dans la nuit noire avec le « butin ». Pendant sept ans, elle a supporté les scandales, les coupures d’électricité, les milliards détournés, les milliers de morts sur le chemin de l’aventure. Ce régime s’est permis les pratiques les plus arrogantes, des hommes ont dilapidé des milliards de francs à leur seul profit ou au profit de leurs familles. J’ai encore entendu l’ami de Karim Wade, Michel Godard, réclamer avec beaucoup d’insistance les phosphates de Matam. Ce peuple que l’on croyait endormi s’est réveillé partout, et partout il crie vengeance.
Wade disait à un journaliste du Figaro, venu l’interroger au palais de la République en pleine période de délestages, que les Sénégalais l’aimaient, c’est pourquoi ils ne sortaient pas dans les rues pour manifester. Et que cela ne nous dérangerait pas de retourner à la bougie. Il a poussé l’outrecuidance jusqu’à dire qu’il n’était pas au courant des délestages, et que peut-être le directeur de la Sénélec s’arrangeait pour lui octroyer une livraison correcte d’électricité. Il a mal interprété l’attitude des sénégalais, et il est en train d’en payer le prix.
On a pensé que tous ces sénégalais qui sont allés s’inscrire l’ont fait pour la carte d’identité, et non pour les élections. C’est une autre erreur de jugement. « Erreur d’optique », aurait dit Wade. Regardez l’acharnement avec lequel les sénégalais des Etats-Unis ont réclamé leurs cartes. Ils ont des passeports, et ce n’est certainement pour les cartes d’identité qu’ils ont fait tout ce tintamarre. Vous verrez, dans les prochaines semaines, des taux de retrait et des taux de participation au scrutin jamais égalés dans l’histoire. Depuis deux semaines, les milliards volés, les rénovations d’avion ne servent à rien. Le vrai peuple a pris sa revanche. C’est lui qui, à Bayaakh, refusé de laisser le président de la République descendre de voiture. Un jeune a eu le courage, malgré la sécurité imposante du président de la République, de lui tendre un foulard rouge qu’il a brandi par la suite, comme si son esprit l’avait quitté. Partout, Abdoulaye Wade est hué, chassé comme un malpropre, avec des « nadem, nadem, nadema dema dem ». Ce sont les parents des immigrants clandestins qui font ce travail remarquable. Dans la pire des situations, Abdou Diouf (à part l’épisode thiessois en 1988), n’a jamais subi telle humiliation. Pendant que cette expédition rugueuse se préparait, sa fille est allée faire du Paris-Dakar, et son fils du Dubaï-Dakar.
Si une bonne frange des sénégalais se tourne aujourd’hui vers le Parti socialiste et Ousmane Tanor Dieng, en désespoir de cause, c’est par la faute d’Abdoulaye Wade. Il ne doit pas ouvrir la bouche grande, pour se demander « mais allez vous faire revenir le Parti socialiste ? » Il a été le premier à rendre un grand service au Parti socialiste, en l’expurgeant de toutes ses impuretés. J’ai déjà dit à ceux qui s’extasiaient sur la transhumance et les saignées connues par le Parti socialiste, que Wade n’a attiré que les anciens Dg qui avaient peur de la prison. Le plus symbolique est d’ailleurs Mbaye Jacques Diop, de chez qui il a essuyé des tirs de revolver, et qui l’a traité en plein jour de « bandit de grand chemin ». Il a été le plus gâté de ce septennat. On a beau dénoncer les quarante années de gabegie de ce parti, regardez bien si vous pouvez trouver ailleurs une Aminata Mbengue Ndiaye, un Khalifa Sall, une Aïssata Tall Sall. Regardez bien si vous pouvez trouver dans le Pds, l’exemple d’un Yoro Deh ou d’un Seydou Sy Sall. Si la machine à corrompre de Wade avait fonctionné avec eux, ils seraient aujourd’hui parmi ceux qui perçoivent 250 mille francs par jour. On m’a reproché de faire l’apologie du Parti socialiste. Mais s’ils sont devenus des saints, c’est par la bêtise de ceux qui sont là. Chers amis, aimons Wade, mais aimons notre pays, et avouons que tout ceci est quand même troublant !
Adulé à ses 74, conspué à ses 81 ans et accusé de tous les crimes. Il a certainement été bon joueur, pendant toutes ces décennies de lutte, et parfois beau joueur. Ses sept années n’ont pas été que des échecs. Il a eu certainement quelques succès dans ses réalisations. Mais ils maquillent une détresse générale, et une succession de malheurs jamais connus ailleurs, en un si bref délai. Imaginez quand même un Conseiller spécial du président avouer publiquement qu’il a mis de l’argent de Taïwan dans le compte de son fils aux Etats-Unis, puis, sur instruction du président de la République, dans le compte d’un ami de Karim Wade, avec des preuves irréfutables. Il continue à humer l’air doux de Mermoz, pendant que des sénégalais crèvent de faim à Thiaroye et à Guédiawaye.
Les Sénégalais ont décidé de lui faire payer cette arrogance. Ce sont les brassards rouges et les cris de désapprobation qui expliquent cette montée de violence. Il ne faut pas céder à la peur et aux injures. Il faut l’assumer courageusement. Partout, ce sont des libéraux qui attaquent d’autres libéraux ou des opposants. L’enjeu est simple. Si Wade est en difficulté, ils créent un climat de terreur pour obliger les électeurs de l’opposition à rester chez eux. Si la cause est perdue, ils créent une situation insurrectionnelle, et appellent la police et l’armée dans les rues. Wade savait bien ce qu’il faisait, en intégrant Assane Diop,  Baïla Wane et Clédor Sène parmi sa bande de calots bleus qui l’accompagnent. Nous sommes obligés de supporter ses miliciens, alors qu’il a toute la sécurité de l’Etat pour le protéger. On m’a reproché de m’acharner sur cet homme. Mais croyez-moi, j’ai été plusieurs fois dans son bureau, pour lui dire que tout ceci allait mal tourner, qu’il le regretterait très fort. Il ne voulait entendre que les bouffons qui lui cirent les chaussures le matin. Mais personne d’autre que lui n’est responsable de la déliquescence de nos institutions. Chaque brassard rouge représente une goutte de sang de ceux qui ont perdu leur vie ou avec le Joola, ou avec les « Cayucos ». C’est à lui que nous avons remis nos suffrages, pas à Pape Samba Mboup et à Farba Senghor. Ses chiens de garde vont encore appeler à l’émeute, mais il faut le dire et braver leurs injures, leurs calomnies, et comme d’habitude, leurs menaces de mort.


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