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[ Contribution ] Ces honteuses (re)retrouvailles du 4 novembre 2009 : encore une couleuvre qu’ils vont nous faire avaler ! ( par Mody Niang)

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[ Contribution ] Ces honteuses (re)retrouvailles du 4 novembre 2009 : encore une couleuvre qu’ils vont nous faire avaler ! ( par Mody Niang)

Me Wade et Idrissa Seck s’en tirent encore à bon compte, après nous avoir fait avaler une grosse couleuvre, que nous avons, comme de coutume, vite fait de digérer. Ils ont encore soldé leurs comptes sur nos pauvres dos, dans leurs infamantes et infectes (re)retrouvailles de ce 4 novembre 2009. Ce jour-là, à l’entrée de la ville de Thiès, le « père » et le « fils d’emprunt » se sont offerts en spectacle, en se donnant la main, en se regardant les yeux dans les yeux et en faisant chacun un effort surhumain sur lui-même pour esquisser un sourire hypocrite. Le « fils» a ensuite pris place dans le véhicule du « père » et le cortège s’est ébranlé vers la ville, où ils devaient poursuivre leur vaste comédie.

Leur réconciliation-farce s’est donc passée comme lettre à la poste et la presse, qui en avait fait ses choux gras pendant quelques jours, n’en pipe pratiquement plus mot. Les rares compatriotes qui manifestent encore de façon sporadique leur indignation sont copieusement rabroués. Pourquoi pas, leur rétorque-t-on facilement, puisque le « fils d’emprunt » est totalement blanchi par la Justice ? A supposer qu’il ait été blanchi, c’est dans l’affaire dite des « Chantiers de Thiès » qu’il l’a été ! « Blanchi, c’est quoi même ? », c’est la question que je me suis posée dans une contribution qui faisait le point de la gestion des audits, quatre ans après l’avènement de l’alternance. Qui n’est pas finalement blanchi dans ce  Sénégal des Libéraux, où le non-lieu est devenu la règle et la condamnation l’exception, tout au moins chez les « vip » qui nous gouvernent ?

Le « père » et le « fils » ont la part belle, puisqu’ils règnent sur un peuple sans mémoire et peut-être sans plus de capacité d’indignation. Même si le « fils d’emprunt » a été totalement blanchi dans l’affaire dite «des « Chantiers de Thiès », il ne l’a pas encore été, en tout cas pas à notre connaissance, dans les accusations particulièrement graves dont le « père » l’a accablé le 1er mars 2007 (nous y reviendrons plus loin). Nous conforterions vraiment les deux compères dans leur certitude que nous sommes des moins que rien, si nous passions aussi facilement l’éponge sur la honteuse réconciliation du 4 novembre 2009. Je m’y refuserai en tout cas personnellement et m’attarderai sur leur duplicité et leurs engagements pour lesquels ils n’ont aucune espèce de respect.

Je prends comme repère la date du 22 janvier 2007, faisant table rase de tous les autres rebondissements qu’il y eu dans les relations tumultueuses entre ces deux hommes, depuis le 21 avril 2004, jour du limogeage du « fils » de ses fonctions de Premier ministre. Le 22 janvier 2007 donc, le père, candidat à sa propre succession, reçoit avec tous les honneurs le « fils » en audience. On était à un peu plus d’un mois de l’élection présidentielle. Le candidat sortant était traumatisé par la lugubre perspective de ne pas être réélu et de devoir rendre compte des forfaits gravissimes de son immonde gouvernance. La fameuse audience était malheureusement et imprudemment parrainée par Serigne Abdoul Aziz Sy Junior, porte-parole du khalife général des tidianes. Ce jour-là, nous avons entendu Me Wade « blanchir » imperturbablement et sans état d’âme son compère. Nous avons surtout été interloqués de tenir de sa bouche la déclaration suivante : « Ses contempteurs n’ont pas pu apporter les preuves de leurs accusations ». Comme s’il n’était pas le premier des contempteurs, qui a porté sur lui les accusations les plus graves et les plus infamantes, et l’a jeté en prison pendant les mois les plus chauds de l’année !

Continuant de nous surprendre et de nous indigner, le président-politicien annonça publiquement le retour de son « fils » à ses côtés, non sans préciser que l’intéressé allait faire une déclaration dans ce sens. De déclaration, il n’en fut point de la part de M. Seck qui déposa d’ailleurs, le même jour, sa candidature à l’élection présidentielle. Tout juste, donnera-t-il une conférence de presse où il déclarera notamment : « Tout ce qui nous opposait est maintenant derrière nous, sans aucune ambigüité. » Le Coordonnateur de la Cap 21, qui est désormais témoin « privilégié » des parties les plus controversées entre les deux individus, l’appuiera en ces termes : « Léépp lu baayam jàppoon, bayyi na ko. » Autrement, le « père » a tout pardonné à son « fils ». Il ira jusqu’à faire référence, vraiment sans état d’âme, à « l’attachement de Me Wade à la séparation des pouvoirs » (sic). Nous connaissons évidemment la suite : aucun engagement n’a été respecté de part et d’autre et le combat entre les deux acolytes a continué de plus belle.  Voilà le jeu d’échec, de cache-cache dont ils sont seuls à maîtriser les tenants et les aboutissants, et que parrainait malheureusement un chef religieux. Qui va désormais accorder le moindre crédit à leurs engagements ?

Finalement, au soir du 27 février 2007, Me Wade est donné vainqueur du scrutin, dès le premier tour. Le 1er mars 2007, la Cour d’Appel le déclare provisoirement réélu. C’est l’occasion qu’il attendait pour faire sa première apparition (catastrophique) à la télévision « nationale ». Les téléspectateurs ont alors découvert un vieux président revanchard et manquant manifestement de grandeur et de magnanimité. Il pilonna sans état d’âme ses pauvres adversaires défaits, les accusant de tous les péchés d’Israël et ignorant une règle élémentaire : on ne tire pas sur une ambulance. Ce jour-là, souvenons-nous-en, il accusa gravement son « fils » et ancien Premier ministre et fit, le concernant, une grave et terrifiante révélation, oubliant déjà qu’il l’avait totalement et publiquement blanchi un peu plus d’un mois auparavant. Il révélait donc : « Nous étions dans une sorte de jeu d’échec à distance. Il m’a demandé à sortir de prison. Je lui ai demandé de rapporter l’argent qu’il avait pris. Et il s’est engagé à rembourser l’argent qu’il avait pris. » Et pour enfoncer encore plus son « fils » – et s’enfoncer lui-même – il brandit, à la surprise générale, le fameux « Protocole de Reubeuss ». Dans ce document en date du 29 décembre 2 005, rappelons-le, il est mentionné : « Je soussigné, Monsieur Idrissa Seck, ex-Premier ministre du Sénégal,  m’engage, dès ma libération, à remettre à Maître Ousmane Sèye et à Maître Nafissatou Diop, pour le compte de Monsieur Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal, la somme de 7 milliards de Fcfa à titre de d’acompte sur les fonds politiques pour l’organisation des élections législatives et présidentielles de 2 007. Les élections générales de 2 012 seront financées sur le reliquat des fonds. » Le président nouvellement réélu continue, en verve son ndëpp : « Nous pensons qu’il y a entre quarante milliards et plus déposés dans un compte trust à New York chez un avocat. La Justice a fait des commissions rogatoires dans le cadre des accords judiciaires. (….). La France a donné un rapport (et, de ce pays), nous avons reçu pratiquement toutes les informations. Il reste le Luxembourg, la Suisse et surtout les Etats-Unis. » Notre président affairiste ajoute que les tentatives de M. Seck de planquer des milliards au Luxembourg se sont soldées par un échec, les autorités de ce pays s’y étant opposées. Ce 1er mars 2007, nous apprendrons encore de sa bouche – beaucoup le savaient déjà d’ailleurs – que les fonds spéciaux qui sont une autorisation de l’Assemblée nationale, s’élèvent à 620 millions de francs Cfa et, qu’avec Idrissa Seck, qui « glanait des fonds à droite et à gauche », ils sont montés à 14 milliards. Ce qui était plus cocasse encore, c’est que Me Wade voulait nous faire croire qu’il n’avait été pour rien dans tous ces milliards et que c’est Idrissa Seck qui les « a glanés à droite et à gauche » et, tenez-vous bien, à son insu.  Quand même ! Sommes-nous aussi sots pour croire à cette histoire ? M. Seck ne s’est pas laissé faire d’ailleurs : pour ce qui est de la gestion de ces fameux fonds spéciaux et de leur « alimentation » rocambolesque, il s’était déjà longuement expliqué devant la Commission d’Instruction de la Haute Cour de Justice, en faisant des révélations gravissimes.

Donc, de la bouche même du président de la République, Idrissa Seck a planqué  à l’extérieur des dizaines et des dizaines de milliards de francs Cfa, qui n’ont rien à voir avec les fonds spéciaux et l’affaire dite des « Chantiers de Thiès ». Revenons d’ailleurs à cette sortie fracassante du président affairiste, le 1er mars 2 007 ! Nous nous souvenons encore qu’il affirmait, en se frappant la poitrine : « Je peux lui pardonner tous les torts qu’il m’a faits, mais l’argent du contribuable, jamais ! » Retenons bien cet engagement de notre président affairiste !

Qui va désormais accorder le moindre crédit aux engagements de ces deux acolytes ? Nous leur ferons de moins en moins confiance, si nous nous reportons à leurs déclarations antérieures. Nous passerons sur cette méchanceté du « fils » qui rappelait au « père » ce qu’il fut : un simple spermatozoïde ; et ce qu’il deviendra en dernier ressort : un vulgaire cadavre que se disputeront les vers de terre. Nous ne rappellerons pas non plus, qu’en plusieurs occasions, il déclarait sur tous les toits que « la page Wade est tournée, définitivement tournée ».

Le « père » n’était pas en reste : nous nous souvenons parfaitement que, de Paris, il confiait à L’Express du 10 novembre 2 005, sa position sur ses relations avec Idrissa Seck en ces termes sans ambiguïté : « Je me suis trompé et il m’a trahi (….). Il est tout à fait exclu que nous continuions à coexister dans le parti. » Et il ajouta ce terrible commentaire : « Quand vous réchappez à la morsure d’un serpent venimeux, vous ne l’hébergez plus chez vous1. » Le 1er mars 2007, Il se fera plus catégorique encore, en réponse à une question sur le profil de l’homme ou de la femme qui devrait lui succéder : « (…) En tout état de cause, ce n’est pas Idy. J’ai rompu définitivement avec lui. Nous nous retrouverons devant Dieu. » Et il répéta, comme pour s’en convaincre lui-même : « Ce ne sera pas lui, il faut qu’il le comprenne. »

Waay, le rendez-vous devant Dieu a-t-il déjà eu lieu ? Le serpent venimeux a-t-il perdu ses terribles crocs pour qu’on décide de l’héberger à nouveau ? Le voleur a-t-il rapatrié l’argent du contribuable ? Si oui, quel en est le montant exact ? 60, 80, 100 milliards ou plus ? D’où provient tout cet argent ? A toutes ces questions, point de réponses et les deux compères « réconciliés » veulent nous faire tourner aussi facilement la page !

Cette fois-ci quand même, la coupe est vraiment pleine et nous ne devrions pas accepter de passer facilement l’éponge. Nous leur donnerions vraiment raison de nous prendre pour des moins que rien. Ces gens-là ne sont pas des hommes de paroles, des hommes d’honneur. Ils ne devraient mériter de notre part aucune confiance, aucun respect. En février 2007, ils sont sortis respectivement premier et deuxième à l’élection présidentielle, alors que le peuple devait sanctionner sévèrement leur inconstance, leur roublardise et leur duplicité.

En Amérique du Nord, en France, en Allemagne, en Angleterre ou au Japon, un Abdoulaye Wade et un Idrissa Seck, tels que nous les connaissons depuis le 1er avril 2000, n’auraient jamais eu le toupet de se présenter à une quelconque élection. Ils n’en auraient d’ailleurs ni le temps ni l’opportunité, puisqu’ils seraient sûrement derrière les barreaux, pour de très longues années.

C’est donc manifestement manquer de vigilance citoyenne et faire montre de naïveté, d’irresponsabilité, peut-être même de crime, que de leur témoigner encore sa confiance. Notre pays mérite bien mieux que ces deux individus-là, qui ont fini de nous convaincre de leur discrédit et de leur disqualification. Les maigres emplois dits fictifs de la Mairie de Paris et l’affaire Cleastream, qui valent aujourd’hui respectivement à Jacques Chirac et à son ancien Premier ministre Dominique de Villepin leurs sérieux déboires avec la Justice française, sont une peccadille par rapport à la rocambolesque rénovation de l’avion de commandement ou aux 15 millions de dollars de Taïwan qui nous sont passés sous le nez, pour aller sûrement garnir un compte dans un paradis fiscal. 

MODY NIANG, e-mail :[email protected] 



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