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[ Contribution ] Des causes et suggestions de solution au retard économique du Sénégal

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[ Contribution ] Des causes et suggestions de solution au retard économique du Sénégal

Tel un navire perdu au fond des océans, voguant au gré de l’humeur des vents, c’est cette situation que semble vivre l’économie sénégalaise en proie à une compétitivité du Moyen-âge et à de sérieux problèmes conjoncturels qui n’épargnent aucun secteur. Faisons un état des lieux.
Aujourd’hui, au Sénégal, globalement, de toutes les entreprises publiques et parapubliques, seule une seule marche et retient le respect : la Sonatel. Toutes les autres sont dans une déconfiture totale liée à des causes de multiples ordres ; faute de gestion pour certains, corruption ou clientélisme pour d’autres avec des perspectives utopiques de survie pour la plupart.
Côté secteur privé, la situation n’est guère reluisante avec un manque total de créativité des Sénégalais qui préfèrent investir dans le luxe, le gaspillage plutôt que de porter des projets viables et utiles pour la postérité. Conséquence, ce sont les étrangers qui en profitent, investissent dans les secteurs à forte valeur ajoutée et transfèrent la plus-value chez eux, profitant d’une baisse sur le bénéfice des sociétés voulues par le pouvoir libéral sans contrepartie d’investissement d’un pourcentage dans l’économie. Nous faisons allusion seulement aux secteurs à forte valeur ajoutée dont sont exclus les petits commerces ou boutiques de détail.

Quelles en sont les causes et esquisses de solution possibles ?

Plusieurs peuvent être avancées. Une absence de planification à terme, pas celle bureaucratique genre soviétique. Aujourd’hui, il est difficile de gérer l’économie au jour le jour. Donc, une planification pragmatique et concertée, ratissant large, s’impose : de l’Etat aux syndicats, en passant par les entreprises, l’opposition et l’intelligentsia véritable, pas celle auto-proclamée. En faisant cela, on peut modéliser l’avenir approximativement et apporter des corrections quand le contexte futur diffère des conditions initiales prédicatives. L’exemple de la Corée du Sud nous semble pertinent comme illustration, car c’est grâce à des concertations sous forme de plans quinquennaux que le pays a su ses besoins pour une période donnée et essayer de mettre les moyens de son côté en le réalisant avec une implication de tout le monde. Pour une fois, copions un modèle bon de l’extérieur et domestiquons-le.
En outre, la question du financement contribue au retard de l’économie.
Aujourd’hui, le secteur bancaire sénégalais se porte bien, du moins officiellement. Mais ces banques super liquides sont terriblement peu innovantes, ont des fonctions assimilables au début du mercantilisme en Europe, ne prêtent qu’aux riches et passent outre mesure des projets des Pme, parfois très pertinents, faute de garantie. Dans un pays comme le Sénégal, avec le manque de capitaux que nous observons, seul l’Etat peut se porter garant des prêts. Nous proposons la mise sur pied d’un fonds de garantie des Pme géré d’une manière démocratique et non partisane. Les études ont montré avec la Gramen Bank que les pauvres payent leurs prêts, mais à leur rythme. Mais, il ne faut pas laisse en rade les conditions psychologiques de départ que nous appellerons «psychologie de la dette».
Quand on prête, il faut donner un sursis en terme de liquidité à l’emprunteur pour lui permettre de subvenir à ses besoins le temps que le projet soit viable. Au cas contraire, tout l’argent sera utilisé pour les dépenses quotidiennes et il n’en restera rien pour la réalisation du projet et c’est dans ce genre de cas que le remboursement ferait défaut.
Par ailleurs, au Sénégal, il n’y a presque pas de recherche-développement et l’éducation est inadaptée. Or, dans ce monde, sans maîtrise de la science aussi bien humaine que scientifique, aucun pays ne peut aller de l’avant. Venant d’un pays presque sans ressources naturelles avec un marché exigu, la seule solution pour aller de l’avant est un investissement vers l’éducation et la recherche en y consacrant une part importante du Pib. Le sous-développement n’est pas une fatalité comme l’a montré le Japon par deux fois : ère «Meïji» et miracle japonais ensuite les pays de l’Asie du Sud-Est qui ont su sortir de la pauvreté en un temps record. Mais, il n’y a pas de recette miracle, il faut une réadaptation du programme scolaire sénégalais à notre contexte et situation. Rien ne sert de singer l’ex-puissance coloniale. Au Sénégal, 70% de la population sont des ruraux qui sont majoritairement cultivateurs. Pourquoi ne pas introduire des notions simples d’agriculture à leurs enfants qui les apprendront à leurs parents et cela peut améliorer la productivité agricole vraiment très basse aujourd’hui. Autre erreur, la non-récupération de l’éminence grise qui pourrait être fort utile dans les entreprises et dans les pôles de décision techniques. La Tunisie est un modèle avec des pratiques à l’opposé du Sénégal, car là-bas, les corps techniques sont entre les mains des technocrates qui ont fait leurs études dans ce domaine et aussi chaque gouvernance dispose d’une université de qualité plus les nombreuses technopoles qui ne peuvent que faire du bien à la créativité et à la compétitivité. Ils connaissent mieux le secteur et sont à même de résoudre les défis et d’expliquer aux bailleurs la situation pour un financement rapide. Voilà pourquoi, ce pays, dont personne ne nie son émergence, scrute l’horizon 2020-2030 pour entrer dans le club des pays développés. Cela montre qu’il y a corrélation entre l’éducation, la maîtrise technique et le développement.
En vertu de tous ces points défendus, il s’avère que la route du développement est très mal partie. Et avec les politiques actuelles, la situation n’est pas près de changer, car tout semble nous barrer :
- de l’incompétence du gouvernement à ces programmes de télévision qui abrutissent les enfants (télénovelas, émissions de danse et de chanson) et ne nous apportent rien en passant par cette opposition de salon stérile en idées cohérentes, prompte à contester pour contester. C’est à nous jeunesse nouvelle de prendre notre responsabilité et de créer notre front du refus face à ces politiciens de nom, plus soucieux de remplir leur poche en oubliant le rôle originel et antique de la politique.

Moussa SYLLA - nouveau bachelier [email protected]



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