Moins d’égo pour sortir du gouffre

Depuis quelques jours, notre cher pays est devenu méconnaissable car pris en otage dans une situation politique singulière entretenue par des candidats à la magistrature suprême et des mouvements sociaux. Ils ont la lourde responsabilité de tacheter notre histoire car étant à l’origine d’ une situation chaotique sans précédent. 

Pourtant, ils ont hérité d’une nation jadis enviée par ses voisines sombrées dans des dictatures monarchiques. Elle est une nation  caractérisée par une cohésion solide et un raffermissement franc,  sincère et  sans faille de ses valeurs sociales qui lui sont si chères. Il est aujourd’hui tout à fait grave de par simple ego que notre pays périsse. L’impression et la conviction les plus partagées par les observateurs  du champ politique sont que malgré ces sorties de « campagne à la poudre aux yeux », aucun acteur politique n’est prêt à aller aux élections. Ils en ont réellement l’air. 

Oui !  Ils battent campagne pour la forme ; il n’y a aucune sincérité en eux ni dans leurs propos ni dans leurs stratégies. Ils essaient de bluffer ce peuple averti et convaincu d’un lendemain électoral avec des résultats inéluctablement contestables quels qu’ils soient.  Fort heureusement,  il est capable de faire une lecture juste pour identifier son intérêt. Il est très mature et responsable et ne se laissera pas faire car jaloux de sa prestigieuse quiétude sociale et politique bâtie sur un tissu social solide.

Le charme et la chance de notre pays ont toujours été ces familles religieuses aux grandes influences et dont le seul rôle qui vaille dans ce contexte est de sauver le navire au moment où les vagues chaotiques menacent de déferler. Il revient à ces chefs religieux d’estampiller pour que notre pays fasse l’exception comme il a été toujours le cas. On bénéficie d’un privilège divin exceptionnel comme le laissent croire les fanatiques et inconditionnels de cette théorie de la « protection maraboutique » dont bénéficierait le pays. 

On y croirait  moins ! On dirait que tout le monde œuvre pour le chaos. Cette providence dont on bénéficierait et qu’on clame partout est réellement mise à l’épreuve aujourd’hui. Elle a le rôle historique de démontrer dans un contexte aussi difficile toute la force qu’on lui attribuerait. Nous souhaiterions bien qu’elle marche avec efficacité. Oui on en a réellement besoin car apeurés par cette brise infernale née de conscience et détermination inébranlable d’un peuple jaloux du respect de ses institutions.

Le navire doit être sauvé par tous les moyens. Il s’agit juste d’oublier cet ego satanique pour qu’il ne chavire point. Ce processus électoral aux différentes étapes terrifiantes laisse présager un lendemain chaotique quelle qu’en soit  l’issue.  

Autant qu’ils sont, ils attendent que cette perche leur soit tendue et pourquoi ils ne la tendraient pas ?  Cette perche pour sauver le Sénégal, cette perche d’annuler le procès électoral dans un contexte incendiaire, insurrectionnel et impossible, doit être tendue. Par qui ? A qui ?  Que chacun d’entre eux offre l’opportunité de désamorcer la bombe. 

Le peuple lui en sera redevable et reconnaissant pour l’éternité. Il en gagnerait grandement en sympathie populaire mais surtout dans le champ politique où les actions-grâce sont comptées et considérées. Il est évident que les responsables politiques de l’opposition faciliteraient la tâche en la tendant fraternellement au candidat sortant dont la candidature est la pomme de discorde. Nous n’en sommes plus au débat de légitimité ou de légalité, le légitime et le légal, c’est le Sénégal. Un Sénégal uni, un Sénégal pacifié comme  modèle de stabilité dans un contexte géopolitique africain sombre. 

Il est inutile de rappeler que les plus longs et grands conflits de ce monde quelle qu’en soient la nature ou l’envergure ont été réglés autour d’une table de négociations par les protagonistes. Il n’est donc pas nécessaire d’en arriver à un millier de morts pour amorcer des négociations qui de quelque manière qui soit, seront finalement entreprises. Le Sénégal a assez pleuré de la perte de  ses fils qui ont péri pour une cause qui n’en vaut vraiment pas la peine.

 Ce pays ne rate aucune occasion pour se glorifier de la qualité de ses fils qui brillent de partout à travers le monde par leur intelligence séduisante et impressionnante exploitée sous d’autres cieux. Qu’attendent-ils pour mettre à profit leur expertise pour éclairer ces politiciens perdus dans un climat socio politique vertigineux avec des ambitions personnelles parfois démesurées ? 

Qu’ils viennent au secours de la mère patrie d’où ils ont pris source pour décoller et briller sur la scène mondiale au même titre que ces citoyens privilégiés des grandes civilisations mondiales. Le pays les accueillera à bras largement ouverts car affaibli et désespéré par le désarroi d’un avenir politique sans lueur.

Par ailleurs, la contribution de la presse, ce régulateur social incontournable dont le rôle ne saurait se limiter à informer juste et vrai, est essentielle dans le processus de dénouement de la situation. Elle a la mission d’inciter les différents acteurs du champ politique à accepter ensemble de chercher et de trouver la solution la meilleure pour notre pays qui ne mérite pas de vivre la dérive. 

La lueur d’espoir du peuple pour le retour d’une stabilité politique doit être portée par la presse, seul support pouvant susciter la rencontre, la médiation et le consensus. L’urgence est un discours convergeant vers la trouvaille d’un compris sage au bénéfice de toute une nation.

Dépassionnons le débat et œuvrons sans relâche pour  faire revenir la paix,  notre chère paix qui symbolise le Sénégal. C’est la priorité du moment ; laissons notre égo gagné par une humilité patriotique de sauver la situation face à une réelle impasse ténébreuse. 

Notre cher pays a les moyens intellectuels pour ne pas tomber dans ce gouffre entrainé par ces acteurs politiques obnubilés par des intérêts individuels ou tout au plus sectaires. Il est grandement temps qu’ils se ressaisissent avant le naufrage de ce navire si cher. 

Nous refusons ! 

Nous ne voulons pas être entrainés par ce déferlement passionnel et aveuglant.

Fatimata NDIAYE

Agrobiologiste