Peut-être ! Un prétexte, dans un texte pour créer un contexte !
Peut-être! Un adverbe que l’on utilise souvent quand on écrit ou parle de certaines choses. Qu’est-ce qu’il peut bien signifier quand un être, un sur-être, un plus qu’être que l’on nomme Dieu l’utilise ? Certainement, il doit avoir dans son vocabulaire la même signification que les êtres humains en ont, d’autant plus que cet être suprême est supposé s’adresser à ces êtres humains, ses créatures ; lui le créateur, l’omnipotent, l’omniscient, le transcendant.
Et pourtant, il est arrivé à cet omniscient de dire Peut-être, à plusieurs reprises. Ainsi, quand Dieu dit peut-être, que pourraient alors bien dire ses créatures, les êtres humains ? Quelles peuvent bien en être les implications ? Qu’est-ce que les êtres humains pourraient-ils en tirer comme enseignement ?
Le premier enseignement est dans un registre que l’on pourrait appeler « textuel », en l’occurrence le Coran. Quand Dieu dit peut-être et qu’il abroge, en l’espace de 20 ans plusieurs versets, ne serait-il pas là une autre façon de dire ou de faire comprendre qu’il faudrait prendre ce livre et l’analyser dans une logique dynamique et mouvante et donc changeante ? Qu’il n’y a rien de fatal ? Qu’il n’y a rien de définitif, d’immuable ? Que tout peut être ? Que le Coran est sujet à « peut-être » ? Que toutes les voies et les voix sont ouvertes ?
« Si nous abrogeons un verset quelconque ou que nous le fassions oublier, Nous en apportons un autre meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas qu’Allah est omnipotent ? (Sourate 2, verset 106). Voilà un verset coranique qui, si besoin en est, confirme bien que dans le Coran, il est des versets abrogés. Tout cela pour mettre l’accent sur l’ouverture, le mouvement comme le disait le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne. Beaucoup de choses dans le Coran sont inscrits dans le mouvement, l’ouverture et non dans la fermeture ou la crispation. Encore Peut-être ! Beaucoup de musulmans ne savent pas cet état de fait. Ils pensent que tout ce qui a été dit dans le Coran, est immuable. Mais, d’une manière générale, on peut trouver trois cas de figure d’abrogation, et donc de changement.
Premièrement, un verset peut être abrogé, aussi bien sa lecture que l’ordre qu’il intime. Deuxièmement, c’est la lecture du verset qui a été abrogé, c’est-à-dire que le verset a été retiré du Coran, mais l’ordre qu’il contenait est maintenu. Et en dernier lieu, c’est l’ordre contenu dans le verset qui a été abrogé, tandis que le verset lui-même a été conservé dans le texte coranique. Ce dernier cas de figure est le plus connu.
Ainsi, l’un dans l’autre « peut-être » et « abrogation » incitent à penser que tout est ouverture, mouvement dans la religion musulmane. Alors, d’où peut bien provenir cette résignation, ce fatalisme des sociétés musulmanes ? Pas de la religion en tout cas ! De l’état social, très certainement !
Le deuxième enseignement, dans un registre que l’on pourrait qualifier de « contextuel », c’est peut-être de dire que tout peut être, que tout peut advenir dans la vie des êtres humains. Ainsi vu sous cet angle, le fatalisme, le conformisme, le statu quo que l’on observe dans les sociétés musulmanes ne serait-il pas une démission, une fuite de responsabilités, une résignation, un renoncement ? Cette démarche « inquiétante » des sociétés musulmanes serait-elle due à une façon d’interpréter le langage ou le vocabulaire de Dieu ?
On pourrait bien en douter, parce que Dieu a dit « peut-être », mais parce qu’aussi pour l’exemple africain, il y a des musulmans, des chrétiens, des animistes, presque tous logés dans la même situation de résignation ou à défaut de retard. On pourrait ainsi en conclure qu’il ne s’agit pas de religion, et donc qu’il ne s’agit pas de Dieu, surtout une fois de plus qu’il a dit partout et depuis longtemps « peut-être ».
Vous les Africains, vous les musulmans, sachez que Dieu a dit peut-être, alors tout peut être. Peut-être est une ouverture et non une fermeture, un arrêt ou un barrage. Peut-être est un éventail de choix, une pluralité de voies. Alors engagement, choix, détermination et responsabilité devraient constituer les maitres mots pour tout individu et pour toute société.
Voilà donc que Dieu a dit « peut-être » et qu’il a invité ses créatures à faire preuve d’engagement, de détermination, d’abnégation et d’implication. Ainsi dit, ainsi fait, l’être humain est maitre de son destin, l’être humain est un Dieu parce que Dieu lui a dit « peut-être », parce que Dieu a délégué ses pouvoirs aux êtres humains, surtout actuellement dans ses moments de dépassement de l’état théologique comme l’aurait dit Auguste COMTE. Après Muhammad, plus de prophète !
Cependant, tout cela demande du cœur et de l’intelligence, d’une intelligence audacieuse, d’un cœur intelligent et d’une intelligence cordiale, d’une foi raisonnable et d’une raison croyante.
Tout cela demande également une relecture des textes religieux, une réinterprétation des textes religieux à l’aune des caractéristiques de nos sociétés et la caractéristique principale des sociétés modernes ou qui aspirent à une modernisation, est que Dieu, c’est la société, c’est l’individu. Tout le monde est Dieu, donc personne ne l’est. Tout le monde est Dieu, donc aucun individu ne peut seul le confisquer à son seul profit et dans aucun domaine (politique, économique, scientifique, moral, religieux, etc.). Exit alors les politiciens véreux, les marabouts, les trusts ou tout autre individu ou événement (lutte, musique, etc.) qui voudraient faire la pluie et le beau temps dans un pays quel qu’il soit.
Si Dieu, c’est la société, très souvent ; la société n’est pas toujours Dieu. En effet, la société peut errer, se tromper, se fourvoyer. Alors que Dieu est omniscient, omnipotent. Mais quand Dieu dit peut-être, il ouvre la voie et la voix à la société, à l’individu. Ainsi, aucun individu, aucune société n’a le droit de s’enfermer, d’obstruer ou de s’obstruer la voie, d’étouffer ou de s’étouffer la voix. Nous n’évoluons plus dans un monde où l’on attend tout de Dieu, puisque Dieu s’est tu depuis qu’il a dit peut-être. « Yalla noppina » comme le disent les Wolofs (Dieu s’est tu) et « yalla waxul kennd dara », Dieu n’a rien dit à personne, autrement dit il a tout dit à tout le monde et il a dit « Peut-être ». Oui tout peut être, tout est possible ! Juste qu’il nous faut avoir de l’audace et surtout de la lucidité ! Beaucoup de lucidité et encore de la lucidité ! Oui, nous le pouvons ! Yes, We Can, We « Afri-Can »!
Mamadou Moustapha WONE
Sociologue
<39>[email protected]BP:15812 Dakar-Fann
Sénégal
6 Commentaires
Hum...
En Juillet, 2013 (12:40 PM)Iso
En Juillet, 2013 (12:54 PM)Alors j'ai laissé tomber!
Remarque
En Juillet, 2013 (13:39 PM)Quand les Wolofs disent "Yalla noppina" cela ne veut pas dire que Dieu s'est tû, mais Dieu est prêt "Yalla paréna", il a déjà destiné et prescrit les choses et ceci est la bonne croyance et c'est même conforme au Coran.
Et quand les Wolofs disent aussi comme tu le souligne: « yalla waxul kenne dara », Dieu n’a rien dit à personne, autrement dit il a tout dit à tout le monde". Ton interprétation est incorrecte, ceci veut dire que tout peut arriver dans la vie. Il peut toujours avoir des surprises dans la vie.
Citizen
En Juillet, 2013 (15:37 PM)je pense comprendre un peu l'esprit de votre intervention.
il s'agit d'inviter les Afrcains à se défaire un peu de la fatalité
et de savoir que tout est possible si on y met de la volonté et du sérieux.
Peut-etre aussi que je n'ai pas compris aussi !!...
Je suis d'accord dans la mesure ou ni le Coran, ni la Religion n'ont enseigné la fatalité.
Le Coran nous enseigne la Persévérence en tout, et pas autre chose.
Par contre votre texte aborde certaines choses que vous ne maitrez pas forcément.
c'est une pratique à éviter si vous ne voulez pas ecorcher la foi des autres sur la base de suppositions.
Quand le Coran parle de verset abrogé, c'était pendant la Révelation faite au Prophete
(PSL), mais quand le dernier verset fut révelé on ne pouvait plus parler d'abrogation au sens de
retirer un verset du Coran.
Quand vous jouez également avec les mots pour dire que chaque homme est un Dieu vous semblez
aussi rejoindre certains courants de pensées philosophiques ou religieux qui véhiculent de telles croyances;
après on n'a plus besoin d'un Dieu.
Enfin le fatalisme est bien une réalité mais pas seulement chez les sociétés musulmanes ou africaines.
il faut simplement reconnaitre que dans certaines conditions de vie sociales ou culturelles il est difficile
pour certains de ne pas douter de leurs capacités à affronter la vie...
Du courage pour la suite...
Djibiril
En Juillet, 2013 (16:16 PM)Babska
En Juillet, 2013 (00:21 AM)TU NE COMPRENDS PAS NDEYSANE WALA DA NGAY SABOTE.JE PREFERE LE PREMIER, Y A UNE SOLUTION POUR CELUI QUI NE COMPREND PAS (OU QUI NE SAIS PAS) : ESSAIE DE TE DOCUMENTER, DE COMPRENDRE LA RELIGION MUSULMANE, LE CORAN (Aucune contradiction, si tu ne croit c simple, donne nous une seule contradiction)...
SAWAY BALA NGAY WAKH SI DARA DA NGA KOY GEUSTOU, MAITRISER KO.
QUE LE BON DIEU NOUS PARDONNE ET NOUS GUIDE !!!
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