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Economie

ABYE MAKONNEN, REPRÉSENTANT RÉGIONAL OIM POUR LES MIGRATIONS POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE : “ Les migrants sont prêts à investir chez eux s’ils ont des garanties ”

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ABYE MAKONNEN, REPRÉSENTANT RÉGIONAL OIM POUR LES MIGRATIONS POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE : “ Les migrants sont prêts à investir chez eux s’ils ont des garanties ”

Avec des transferts qui représentent pour certains pays plus que l’aide publique au développement, M. Makonnen pense que le défi pour ces pays, c’est d’inciter les migrants, par des garanties et la participation du secteur privé à la politique migratoire, à investir leurs ressources financières dans des secteurs porteurs.

On met souvent l’accent sur la migration de l’Afrique vers l’Europe, alors que des études ont montré que les flux migratoires au sein de la région ouest africaine et de l’Afrique sont plus importants ...

C’est vrai qu’on parle plus de la migration Sud/Nord. Mais c’est parce qu’elle est visible. On en parle à la télévision avec des migrants sauvés en haute mer, d’autres arrêtés aux frontières. C’est le fruit de la médiatisation. Les personnes qui sont dans les pays de destination ont l’impression qu’il y a une soudaine masse de gens qui arrive de l’Afrique occidentale en essayant d’entrer dans leur pays. Mais il faut le dire et le souligner, cette migration ne représente pas grand-chose. Cette migration représente environ 3 %. La majorité des Africains migrent à l’intérieur de l’Afrique. Il y a également les migrations internes, c’est-à-dire beaucoup de gens quittent les campagnes pour s’installer dans les villes. Cette dernière forme de migration est très importante alors même que les populations ne traversent pas les frontières. Le rapport est donc complètement faussé sur ce débat.

En effet, les problèmes ne se posent pas dans les mêmes termes pour l’Afrique qui a une longue tradition de migration. Les populations africaines avaient l’habitude de voir arriver des gens de l’extérieur et elles les ont toujours bien accueillis. Les problèmes se posent à partir du moment où un pays commence à se développer. Il y a un flux plus important de migrants qui y vont pour chercher du travail. C’est le cas de l’Afrique du Sud où il y a énormément de gens qui essayaient d’entrer, obligeant les autorités à protéger leurs frontières. La majorité des migrations est intra-africaine.

Quels sont les problèmes posés par la migration ?

Il y a ce qu’on appelle la migration irrégulière, désordonnée et qui concerne des gens qui ont des raisons, dès fois valables, voire naturelles de migrer. C’est un aspect de la migration qui pose un problème. La capacité à gérer la migration pose également problème. Parce qu’il faut vraiment une volonté nationale, une volonté de l’Etat pour pouvoir régler le problème. Il faut aussi un soutien de la communauté internationale. Il faut aussi que les pays d’origine et les pays de destination puissent mettre en harmonie des politiques et stratégies pour voir ensemble comment régler le problème. Autrement dit, les pays d’origine doivent trouver les moyens de fixer les populations sur place en opérant des activités génératrices d’emplois. Les pays de destination doivent aussi, de leur côté, offrir des possibilités d’accueil à des migrants qui le souhaiteraient. Ainsi, ils iront dans ces pays de façon légale. Mais, tout cela doit se faire de manière concertée.

Comment peut-on fixer les populations dans un contexte de pauvreté ?

Il est vrai que les questions migratoires posent des problèmes de développement. Pour pouvoir proposer aux populations de ne pas partir, il faut vraiment leur donner les moyens de rester. Cela n’est pas possible dans un contexte de pauvreté, de faiblesse économique, de chômage. On voudrait tendre vers cela, mais les difficultés sont immenses. Cependant, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Un organisme comme l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) essaie de trouver des solutions à la situation des migrants qui font l’objet d’une reconduite aux frontières, en faisant en sorte qu’ils reviennent dignement chez eux. C’est dans ce cadre que nous proposons le retour volontaire accompagné par des activités de réintégration. Autrement dit, la personne rentre dans son pays d’origine avec la possibilité de pouvoir se réinsérer dans le tissu économique. Les programmes que nous proposons ont toujours un volet intégration avec des activités de micro entreprise qui aident non seulement le migrant à survivre, mais aussi les familles et les communautés.

Quels sont les profils des migrants en Afrique et dans la sous-région, en particulier ?

Ce sont les résultats d’une étude en cours qui pourront donner ce qu’on appelle le profil migratoire de dix pays de la région de l’Afrique couverts par le projet dont neuf pays en Afrique de l’Ouest et un en Afrique centrale. Le but du projet est de pouvoir sortir avec un état des lieux sur la migration, sur les dynamiques migratoires, sur le profil des migrants en vue de trouver des solutions pour gérer cette migration de façon plus humaine, de façon à ce que les Etats qui participent à ce projet puissent avoir des politiques concertées. Des politiques nationales d’abord, des politiques concertées au niveau régional pour mieux traiter la question.

Y a-t-il parmi les pays africains ceux qui ont une bonne politique migratoire ?

Le problème ne se pose pas en termes de bonne ou de mauvaise politique. Chaque Etat a sa façon de gérer les questions migratoires. Nous voulons, à notre niveau, instaurer une concertation entre les Etats sur les questions de migration pour faciliter la prise de décisions. Par exemple, si un pays prend des mesures et que le voisin en a d’autres, cela devient difficile entre les deux pays de pouvoir collaborer sur ces questions. C’est le cas en cas de fermeture des frontières, une mesure pas toujours efficace, puisqu’elle n’empêche pas les migrants de rentrer. Il est donc nécessaire d’instaurer un dialogue entre les différents Etats pour que la migration puisse se faire de manière harmonieuse.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), par exemple, a essayé de mettre en place une politique migratoire. C’est un début dans la recherche de solutions au problème. Maintenant, il y a des difficultés qui subsistent et qui sont compréhensibles. Car les choses ne se font pas du jour au lendemain. Mais nous sommes en train de travailler avec eux pour une bonne application.

A quels niveaux se situent ces difficultés ?

Les difficultés ne se situent pas au plan politique. A partir du moment où la décision est prise, le problème est réglé. Il s’agit de faire en sorte que tous les pays membres de la Cedeao puissent appliquer cette politique de façon commune. Le problème est donc plus technique que politique. La Cedeao a besoin de faire des campagnes de sensibilisation, d’information auprès des populations qui ne savent pas encore comment appliquer la décision. Dans certains pays, on voit des membres de l’espace commun circuler sans problèmes, alors que dans d’autres pays on continue d’observer les mêmes pratiques que celles avant l’adoption de cette politique commune. Ce sont donc des questions techniques qui seront résolues avec le temps.

Dans ce travail, quel est l’appui de l’Organisation internationale pour les migrations ?

Nous travaillons aussi bien avec les Etats au niveau bilatéral qu’avec des institutions sous-régionales comme la Cedeao. Toute notre expertise, nos connaissances accumulées sont mises à la disposition des pays. Mais, l’Organisation internationale pour les migrations n’étant pas un bailleur de fonds, elle appuie les Etats par l’établissement de projets fiables et des recherches de fond sur la question. Nous procédons de la sorte avec la Cedeao et d’autres Etats.

Quel est le lien entre une bonne politique migratoire et le développement ?

Une bonne politique migratoire signifie que les migrants puissent investir chez eux dans des secteurs porteurs. Car il est établi que les transferts des migrants représentent pour certains pays plus que l’aide publique au développement. Si cet argent est investi dans des activités économiques, cela devient bénéfique et en relation avec le développement.

Comment faire pour inciter les migrants à investir dans le circuit économique de leurs pays d’origine ?

Il faut les sensibiliser. Les migrants sont prêts à le faire à partir du moment où ils ont des garanties. De leur côté, les pays d’origine doivent faire des efforts devant se traduire par des facilités bancaires comme la suppression des intérêts, l’ouverture de compte en banque en devises, etc. Le secteur privé peut également mettre en place des systèmes pour capter le fonds des migrants. Mais, tout cela doit être géré dans le cadre d’une politique migratoire bien pensée.

D’où le sens de votre appel à l’Etat du Sénégal ?

On lance cet appel depuis toujours, non seulement au gouvernement sénégalais, mais à tous les pays qui ont une forte représentation à l’extérieur. Le Sénégal en est un, le Mali aussi. En Asie, il y a les Philippines ; en Amérique centrale, le Mexique. Nous sommes pour la participation des migrants au développement économique de leur pays. Cela suppose que tous les acteurs se mettent ensemble pour trouver des solutions aux difficultés.



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