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Economie

Aliou Dia (Député) : «La Caisse de crédit agricole ne doit pas disparaître»

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Aliou Dia (Député) : «La Caisse de crédit agricole ne doit pas disparaître»
A l’approche de l’hivernage, le président de ‘Force paysanne’ élève la voix pour dénoncer l’occupation anarchique des terres de culture par des hommes d’affaires. L’organisation de la distribution prochaine des semences et la création de la nouvelle banque agricole, promise par le président Wade, ainsi que la syndicalisation des paysans et éleveurs sont, également, des sujets de préoccupations pour le député Aliou Dia qui s’en est ouvert dans l’entretien qu’il nous a accordé.

Wal Fadjri : La Banque agricole promise par le chef de l’Etat est-elle la bienvenue ?

Aliou Dia : L’idée est bonne, parce qu’on ne peut pas asseoir une bonne agriculture sans une prise en charge au plan financier. Et une banque est mieux qualifiée pour gérer ce genre d’action. Les paysans doivent disposer d’une banque leur permettant, en amont et en aval, de gérer normalement leurs activités agricoles. Cependant, ils doivent être préparés, au préalable, pour pouvoir jouir convenablement des possibilités offertes par cette banque. Mais que cette banque ne soit pas un instrument qui s’empare des biens des contribuables sénégalais. Je donne l’exemple de la Bnds qui était entièrement à la disposition des paysans, mais des paysans du dimanche se servaient de leur notoriété pour utiliser l’argent de ladite banque à des fins personnelles. Les paysans à faible revenu n’ont pas pu bénéficier de cette structure. Aussi, avec la création de la nouvelle Banque agricole, l’Etat doit tout faire pour éviter le syndrome de la Bnds.

Déjà, une banque de ce genre existe, en l’occurrence la Caisse de crédit agricole et, depuis longtemps, elle travaille avec les paysans. Elle est présente dans presque toutes les communautés rurales du pays. Aussi, je suggère aux autorités de renforcer la capacité de cette banque et de lui donner une nouvelle orientation. Faire en sorte qu’elle soit présente dans tous les sièges des communautés rurales et que ses modalités de prêts soient allégées pour que les paysans y accèdent facilement. Mais surtout de faire siéger les paysans dans le conseil d’administration de la banque en occupant la majorité du bureau. Si l’on parvient à ce que l’Etat et les paysans soient majoritaires au sein de cette banque, le monde rural va connaître une évolution progressive qui va mettre fin à l’exode rural. Par conséquent, l’Etat doit tout faire pour la redynamisation de la Caisse nationale de crédit agricole.

Wal Fadjri : Pourquoi insistez-vous sur le maintien de la Caisse de crédit agricole ?

Aliou Dia : La Caisse nationale de crédit agricole ne doit pas disparaître, car il n’est pas évident de créer une autre banque. La création d’une nouvelle banque passe par l’aval de la commission de l’Uemoa. Ce n’est pas par un décret ministériel qu’on crée une banque, il faut impérativement passer par cette commission et rien ne nous dit qu’elle acceptera notre requête. En outre, pour mettre sur pied cette structure, il va falloir débourser un capital 10 milliards francs Cfa, alors que la Caisse de crédit agricole a seulement besoin d’un soutien de l’Etat pour se redresser. Elle a un capital de 2 milliards 500 millions de francs Cfa. Le rôle de l’Etat est de venir à sa rescousse pour permettre à la banque d’atteindre les objectifs de la Banque mondiale en 2010 qui prévoit que chaque banque ait un capital de plus de 5 milliards, à défaut de disparaître. Avec un financement de 10 milliards alloué aux paysans, ils seront majoritaires au conseil d’administration, pourront contrôler la banque et donneront une nouvelle orientation de la structure en leur faveur. L’Etat ne doit pas se précipiter avec 30 milliards. Il ne peut pas créer une banque qui ne se crée pas à court terme. Donc, autant prendre en compte l’intérêt des banques déjà installées. Aujourd’hui, l’urgence est le renforcement de capacité de cette banque.

Wal Fadjri : L’hivernage s’approche, les paysans s’interrogent sur l’obtention des intrants et du prix de l’arachide. Qu’en est-il ?

Aliou Dia : L’année dernière, il n’y a pas eu de rupture dans la distribution des intrants. Cependant, compte tenu de la qualité des semences qui avaient été distribuées, l’absence d’intrants dans beaucoup de communautés rurales, le matériel agricole qui était obsolète, le peu dont on disposait était accaparé par des paysans du dimanche. La distribution s’est faite sans protection, ce qui a causé un sentiment de frustration chez certains. Alors que l’hivernage était meilleur, les qualités de semences pouvant conduire en une bonne récolte et les matériels agricoles faisant défaut, cela a causé la médiocrité de la production de l’année dernière. Il y a eu aussi le problème de la mévente, notamment dans la filière tomate, le mil, le maïs, l’arachide. D’où l’intérêt de créer des mécanismes de commercialisation et surtout faire en sorte que les intrants et les semences de qualité soient fournis aux plus nécessiteux. Pour y arriver, il va falloir reconstituer un capital semencier.

Wal Fadjri : Quel rôle joue votre organisation dans la redynamisation du monde rural ?

Aliou Dia : Force paysanne est une plate-forme agricole d’anticipation. Nous tentons de régler les difficultés auxquels sont confrontés les paysans. Nous encadrons les paysans et les mettons dans de bonnes conditions pour affronter l’hivernage. Nous les avertissons aussi sur l’utilisation des mauvaises semences. Nous faisons de notre mieux pour qu’elles soient distribuées aux véritables ayants droit. Nous nous efforçons pour mettre un terme à la distribution de semences non certifiées, en alertant l’Etat sur l’avancée de ce genre de pratique que nous considérons comme du sabotage.

Wal Fadjri : N’êtes-vous pas d’avis que la création d’une structure pour la syndicalisation des éleveurs et des paysans peut régler vos difficultés ?

Aliou Dia : Le devoir de l’Etat est d’apporter des solutions à nos revendications et non de nous organiser en syndicat. Personnellement, je considère ce genre d’initiative comme une offense, car ce n’est pas dans les bureaux qu’on gère le problème des paysans. Nos difficultés se règlent à la base et pour cela, nous avons mis sur pied des syndicats qui prennent en compte nos préoccupations en matière de développement rural.



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