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Attribution des Travaux d’élargissement et d’aménagement des routes de Ouakam et de l’aéroport : Ça sent la magouille à mille lieues

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Attribution des Travaux d’élargissement et d’aménagement des routes de Ouakam et de l’aéroport : Ça sent la magouille à mille lieues

Ça sent la magouille à mille lieues 

Si les «Chantiers de Thiès»  étaient considérés par ses détracteurs comme un «crime économique», au plus fort de l’exacerbation de ce dossier politico-judiciaro-financier, avant que la Justice ne vienne dire qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat, aujourd’hui, nombre de faits révélés fondent à soupçonner que l’Anoci, qui s’entête à refuser de rendre compte, pourrait être présumée coupable de «génocide économique». Les faits qui fondent cette assertion sont légion. Exemples : l’annonce du coût de l’élargissement et de l’aménagement des routes de Ouakam et de l’aéroport. Projets gelés il y a deux années. 

Le 11 juin dernier, à l’émission «Pile ou Face» de la 2Stv, animée par Pape Alé Niang, le Pdg de la holding Talix Group à laquelle appartient Jean Lefebvre Sénégal (Jls), rompant avec un mutisme assourdissant, eu égard à sa position centrale dans le dossier politico-financier des «Chantiers de Thiès», médiatisé à outrance, détaillait aux Sénégalais le procédé utilisé par le pouvoir pour liquider son entreprise. Remarquons par ailleurs qu’une telle sortie avait été précipitée par le fait que Bara Tall était informé de ce qui se cachait derrière l’accusation fracassante faisant cas de sa volonté de déstabiliser le pays, en complicité avec Souleymane Jules Diop, que lui ont collée, le 29 avril 2009, le président Wade et son fils, Karim, qui recevaient le Collectif des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps). Pour finir de l’achever financièrement, en plombant le reste de ses activités qu’il a redéployées en Afrique de l’Ouest et australe, le pouvoir voulait préparer l’opinion à une mesure d’interdiction de sortie du territoire, frappant l’entrepreneur, après son emprisonnement dans l’affaire des «Chantiers de Thiès». 

Tout commence le jour du cinquième anniversaire de l’Alternance 

Alors, le 11 juin, Bara Tall décidait de crever l’abcès, en allant au-delà des considérations politiques – sa supposée accointance avec l’ancien Premier ministre et maire de Thiès, Idrissa Seck – qui motiveraient, dans l’imaginaire populaire, sa descente aux enfers. Selon l’entrepreneur, c’est parce qu’elle ne cadrait pas avec leur «projet économique», pour ne pas dire qu’elle le contrariait, que les tenants du pouvoir ont tenu à effacer Jls du secteur du Btp ; l’entreprise est passée de vingt-cinq (25) milliards de francs Cfa de chiffre d’affaires à… zéro, entre 2004 et 2009, perdant dans la même période deux mille huit cents (2800) de ses trois mille (3000) employés. Et pour expliciter ce «projet économique», l’entrepreneur de dire, en termes prosaïques, que son client (l’État) lui a fait la peau au motif que sa marchandise est trop peu… chère. Incroyable, dirait-on ! Sauf que depuis vendredi dernier, 31 juillet 2009, un événement est survenu, qui confirme les propos et accusations de Bara Tall. Dans les profondeurs du journal gouvernemental, «Le Soleil», précisément à la page 14, sont parues deux publicités de l’Agence nationale de l’Oci (Anoci) : deux avis d’attribution provisoire de marchés publics portant la signature du Directeur exécutif de l’agence, Abdoulaye Baldé, par ailleurs Secrétaire général de la présidence de la République. 

Comment liquider un empêcheur de dealer rond 

Le premier est relatif aux travaux d’élargissement et d’aménagement de la route de Ouakam, entre l’avenue Blaise Diagne et le Monument de la Renaissance. Il est attribué à un groupement formé par Cse et Sinco – société de Baïdy Agne, par ailleurs président du Conseil national du patronat (Cnp) –, qui a fait une offre de 24 632 870 084 F Cfa hors Tva.

Le deuxième marché concerne les travaux d’élargissement et d’aménagement de la route de l’aéroport, entre les Mamelles et l’aéroport Léopold Sédar Senghor, la corniche des Almadies et la bretelle «Le Virage»-Hôtel Océan. Ici, c’est le tandem Eiffage Sénégal/Mak (Mohamed Abdulmohsin Al Kharafi) qui remporte le lot avec une offre de 28 877 763 052 F Cfa hors Tva.

Quel est le lien entre ces deux attributions et les accusations proférées par Bara Tall, le 11 juin 2009 ?

En ce qui concerne le premier marché (le deuxième est abordé ci-contre), le début de réponse se situe au jour du cinquième anniversaire de la survenue de l’Alternance, le 19 mars 2005. Date à laquelle l’Anoci lance pour la première fois l’avis de pré-qualification N°001/2005 pour les travaux d’élargissement et d’aménagement de la route de Ouakam. La procédure aboutit le 30 avril 2007 avec le dépouillement des résultats de l’appel d’offres. Et c’est Jls qui gagne le marché avec une offre de 15 126 377 753 F Cfa hors Tva, se proposant d’exécuter les travaux dans un délai de huit (08) mois. Mieux que Cde (18 571 301 310 F Cfa), le groupement Zakhem/Sinco (18 822 196 841 F Cfa), Soseter, une filiale de Cse, (20 072 343 372 F Cfa). Seulement, Jls n’allait jamais exécuter ces travaux qui entraient dans le cadre de l’organisation du 11e sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (Oci). Une seule raison, manifestement invraisemblable, qui ne sera jamais soutenue publiquement, explique cet état de fait : l’offre de Jls, jugée trop peu chère, n’entre pas dans ce fameux «projet économique» précité. Pis, Bara Tall n’est manifestement pas décidé à s’y conformer. Alors, l’Anoci sort les gros moyens : elle annule l’appel d’offres. Et, en attendant de le relancer, Karim Wade décide de s’occuper définitivement du cas Bara Tall, un empêcheur de dealer rond. En quoi faisant ? Il utilise deux armes fatales. 

Des incapables devenus miraculeusement capables et gagnants 

Dans les marchés du secteur des Btp, une moyenne de dix (10) à quinze (15) milliards de francs Cfa de chiffre d’affaires sur les cinq années précédant les appels d’offres est exigée des entreprises soumissionnaires. Il suffit alors de priver celle qu’on veut liquider de marchés pour voir son chiffre d’affaires fondre comme beurre au soleil. À ce dessein, Karim Wade instruit ses bras armés dont l’Agence autonome des travaux routiers (Aatr) avec un mot d’ordre : «Pas de travail pour Jls».

Par ailleurs, une partie de l’Administration est mise à contribution pour bloquer le paiement de toutes les factures des travaux déjà exécutés et livrés par cette entreprise, d’un montant de dix (10) milliards de francs Cfa. Le but recherché ? Empêcher Jls, jusqu’ici modèle de régularité avec les organismes sociaux, d’être à jour avec l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), la Caisse de sécurité sociale (Css) et le Fisc, dont le quitus est nécessaire à toute entreprise des Btp désireuse de participer à un appel d’offres.

Mission accomplie en 2008 : Jls ne remplissant plus ces deux conditionnalités est éliminée d’office de tous les marchés publics.

Mais Bara Tall ne baisse pas les armes, décidé à se battre, certes pour le principe, mais aussi pour pousser ses bourreaux à se démasquer. Le 02 avril 2008, Jls introduit auprès de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) un recours portant sur quatre points, dont la route de Ouakam. Le même jour, le président du Comité de règlement des différends (Crd) de l’Armp en informe le Directeur exécutif de l’Anoci, Abdoulaye Baldé, et lui demande communication des éléments y afférents. L’attitude que l’Anoci va adopter renseigne à souhait sur sa culture du «maatey» (je m’en-foutisme) et du peu de cas, pour dire le moins, qu’elle fait de l’Armp. Non seulement elle attend cinq mois, jour pour jour, pour répondre à l’Armp, le 02 septembre 2008, mais, pis, le 28 juillet, comme pour narguer Jls à genoux, elle avait relancé l’appel d’offres relatif aux travaux d’élargissement et d’aménagement de la route de Ouakam. 

L’Armp ferme les yeux 

Quid de l’argumentaire de l’Anoci servi à l’Armp, le 02 septembre 2008, pour justifier l’annulation de l’appel d’offres gagné par Jls, le 30 avril 2007, puis sa relance, sans cette entreprise ? Il s’appuie sur deux piliers.

Primo, elle soutient que «toutes les offres financières reçues étaient supérieures au budget disponible et que les tentatives pour amener le bailleur de fonds à augmenter le budget n’ont pas abouti ; que ce dernier propose, du reste, de modifier le marché en deux tranches, une ferme et une conditionnelle».

Secundo, «que par ailleurs, lors de l’analyse des offres, aucune des entreprises soumissionnaires ne présentait les références en travaux similaires, moyens matériels, humains et une organisation adéquate pour exécuter les travaux dans le délai de huit mois requis avant l’ouverture du sommet de l’Oci».

Le 09 septembre 2008, l’Armp s’appuyant sur sept considérants, donne raison à l’Anoci, alors même que cette dernière dévoile, sans peut-être s’en rendre compte, toute la supercherie qui sous-tend sa démarche dans le deuxième pilier de son argumentaire.

En effet, comment peut-on présélectionner des entreprises sur la base de leur capacité technique à exécuter un type de travaux, pour ensuite, au terme de l’appel d’offres, arguer de leur incapacité technique. Simplement kafkaïen ! Seulement, cette flagrante contradiction ne mérite pas l’attention de l’Armp. 

Le marché passe de 15 à 24 milliards 

Mais, vendredi dernier, le premier pilier de l’argumentaire de l’Anoci s’effondre et avec lui l’édifice qui masque l’innommable.

N’est-ce pas que l’Anoci disait que l’annulation des résultats du premier appel d’offres relatif aux travaux d’élargissement et d’aménagement de la route de Ouakam était motivée par le fait que le budget (leur estimation du coût des travaux et l’argent disponible pour les réaliser) était inférieur à l’offre de 15 126 377 753 F Cfa faite par Jls ? Eh bien ! Le même marché, après relance de l’appel d’offres, est attribué pour la somme de (retenez votre souffle)… 24 632 870 084 F Cfa. Carrément renversant. Il y a pire. N’est-ce pas l’Anoci qui, dans son argumentaire devant l’Armp, avançait l’incapacité technique des entreprises sélectionnées lors du premier appel d’offres pour motiver l’annulation de ce dernier ? Une carence qui, miraculeusement, ne frappe plus lesdites sociétés lorsqu’il s’est agi pour l’Anoci de relancer, quelques mois plus tard, l’appel d’offres. En effet Cse (à travers sa filiale Soseter et Sinco), les deux gagnantes du marché, figurait parmi les «incapables» listées par l’Anoci. De même Cde et Eiffage (à l’époque Fougerolles), qui ont concouru en 2007 et 2008.

Ainsi, se posent et s’imposent des questions : comment en est-on arrivé à annuler des travaux que se proposait d’exécuter une entreprise pour un montant de quinze (15) milliards de francs Cfa, hors taxe, pour défaut de consistance de l’enveloppe affectée à ce projet, avant de les attribuer à une autre à un montant avoisinant le double : vingt-quatre virgule six (24,6) milliards de francs Cfa ? 

L’Aatr conseille 14,5 milliards F Cfa, l’Anoci attribue pour 28,8 milliards 

Mieux que le marché relatif aux travaux d’élargissement et d’aménagement de la route de Ouakam, de l’avenue Blaise Diagne au Monument de la Renaissance, celui de l’élargissement et de l’aménagement de la route de l’aéroport, entre les Mamelles et l’aéroport Léopold Sédar Senghor, la corniche des Almadies et la bretelle «Le Virage»-Hôtel Océan, renseigne sur les turpitudes de l’Anoci. Le 22 février 2005, l’État commande à Jls l’étude technique de ce projet. Cette dernière commet le Groupe d’ingénierie et de construction (Gic) qui s’acquitte de la tâche. Le coût du marché comprenant deux lots : la voirie et l’éclairage public, est estimé à 18 740 249 842 F Cfa hors Tva. Mais l’Anoci saisit l’Aatr pour une contre-étude. Dans un document daté du 15 mars 2006, cette dernière livre son diagnostic.

Elle juge que «de manière générale, l’étude (est) bien présentée et assez exhaustive pour une bonne compréhension du projet». Mais, appréciant l’offre financière, l’Aatr soutient que les «prix semblent excessifs, leur révision à la baisse ou leur justification s’impose», avant de supprimer nombre de chapitres que le client juge superflus. Enfin, l’agence indique qu’«en tenant compte des recommandations ci-dessus, le montant total hors Tva devient 14 576 015 959 F Cfa». Après discussion, l’entreprise s’accorde avec son client pour exécuter le projet sur cette base. Mais, l’Anoci le range dans ses tiroirs. Sans explications. Jusqu’à ce que son deuxième avis de vendredi dernier nous apprenne que le même projet, amputé du tronçon Rond Point des Mamelles – Mosquée de la Divinité, a été attribué au duo Eiffage/Kharafi au double du montant conseillé par l’Aatr : 28 877 763 052 F Cfa.

Question : qu’est-ce qui se cache dans cet écart abyssal ? 

À qui profite cet écart de 23,9 milliards ? 

L’élargissement et l’aménagement des routes de Ouakam et de l’aéroport. Deux projets phares dont l’exécution et la livraison étaient prévues bien avant mars 2008 et la tenue du 11ème sommet de l’Oci, à Dakar. Dans le meilleur des cas de figure, si on tient compte des avis d’attributions provisoires publiés par l’Anoci, la semaine dernière, ces projets ne seront ficelés qu’en 2010. Soit deux années de retard. Mais, ceci est sans conteste un moindre mal si on compare les coûts auxquels ces projets allaient revenir au Sénégal s’ils n’avaient pas été gelés par la seule volonté d’un Karim Wade : vingt-neuf virgule six (29,6) milliards de francs Cfa hors tva, hier ; cinquante-trois virgule cinq (53,5) milliards de francs Cfa hors tva, aujourd’hui. Soit un écart de vingt-trois virgule neuf (23,9) milliards de francs Cfa hors tva. Aussi, est-il légitime de se poser la question de savoir : à qui profite cette inflation ? Certainement pas au Sénégal et aux Sénégalais. 



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