Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) :Le prochain gouverneur, la "vieille garde" et leurs privilèges

C’est une situation pour le moins méconnue du grand public qui règne à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) où de hauts cadres frappés par la limite d’âge de départ à la retraite sont maintenus en fonction depuis des années. Pour certains, cette situation d’exception perdure depuis trois ans. Il en est ainsi du conseiller spécial du gouverneur, responsable du contrôle général, M. Tiémoko Koné.

Réputé homme fort de la boîte et qui le tient au courant de tout ce qui bouge, il est maintenu depuis trois ans. On le dit même pressenti pour occuper la présidence du Conseil d’administration de la Caisse de retraite des agents de la Bceao qui sera basée à Abidjan. Il est le loin d’être le seul dans cette situation. Trois départements (qui concentrent chacun plusieurs directions) au moins sont dirigés par des agents admis depuis belle lurette à faire valoir leurs droits à la retraite. Les exemples de hauts cadres maintenus en fonction sont en effet nombreux. A commencer par le secrétaire général de la Bceao, le Sénégalais, Amadou Sadick Diop, qui bénéficie d’une prolongation d’activité depuis deux ans. C’est le cas également de l’Ivoirien Ambroise Koné qui dirige le département de l’Emission et des Finances bénéficiaire d’une prolongation depuis deux ans.

Sosthène Boureima, un Burkinabé, également directeur du département de l’Administration et de la Formation jouit d’une prolongation depuis trois ans. A l’analyse, on comprend pourquoi les chefs d’Etat réclament un audit institutionnel de la Banque centrale pour faire la lumière sur certaines pratiques en vigueur. On se souvient, il y a quelques années, de la virulente sortie du président Wade contre la Bceao. L’ancienne épouse du ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, Mme  Sokhna Bèye Sakho, directeur du département de la Sécurité et des Affaires juridiques est aussi dans le lot des personnes bénéficiant d’une prolongation d’activités alors qu’elles sont admises à faire valoir leurs droits à la retraite.

Même le secrétaire général de la Commission bancaire basée à Abidjan, le Nigérien Mamadou Diop, fait partie du lot des bénéficiaires d’une prolongation depuis deux ans. De quoi faire dire à un expert de l’Uemoa que la machine ne tourne pas du côté du siège. Nombre de «  jeunes » loups rongent donc leur frein pendant que le chômage est endémique dans les Etats membres au moment où des personnes payées à coup de millions, depuis de nombreuses années, peinent à lâcher le morceau. En Guinée Bissau où la Bceao dispose d’une mission d’assistance, l’équipe est quasi-exclusivement formée de retraités. Certains directeurs nationaux également bénéficient de cette pratique. Il en est ainsi de celui de M.  Seyni Ndiaye, le directeur national de la Bceao du Sénégal, qui aurait dû aller à la retraite depuis un an. Idem à Niamey où son homologue du Niger est en prolongation aussi depuis. A Cotonou, le directeur national en poste aurait dû cesser de l’être depuis...trois ans. Autant de personnes qui attendent avec inquiétude donc la nomination du futur gouverneur de la Banque.