Commerce : Baisse de 50 % des importations sénégalaises

Les commerçants sénégalais ont noté une chute de leurs importations de près de 50 % depuis l'arrivée des Chinois sur le territoire national.

Les produits chinois font leurs effets sur le commerce sénégalais. En effet, d'après le secrétaire général de l'Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal-Développement économique et financier (Unacois-Def), les commerçants sénégalais ont enregistré une baisse de près de 50 % de leurs importations depuis l'installation des commerçants chinois en 2004 sur le territoire national. ‘Beaucoup de commerçants sénégalais ne voyagent plus parce qu'ils n'arrivent plus à vendre les produits qu'ils importent sur le marché local à cause de la concurrence des commerçants chinois’, s'inquiète M. Ibrahima Lô dans un entretien qu'il nous a accordé, hier, dans son bureau. Et, ce sont les contrefaçons et les pacotilles qui inquiètent le plus ce dernier. ‘Les produits contrefaits et les pacotilles ont complètement bouleversé le marché. Car, là où l'artisan de Ngaye Mékhé vend ses chaussures en cuir à 8 000 francs Cfa, le commerçant chinois vend le même produit contrefait à 1 500 francs’, déplore le secrétaire général de l'Unacois-Def.

Et, ce n'est pas le seul exemple donné par M. Ibrahima Lô. Pour étayer ses propos, ce dernier cite d'autres produits de secteurs divers importés qui sont dans la même situation de mévente. ‘A part les denrées alimentaires, les commerçants nous concurrencent sur tous les produits’, souligne-t-il. Prenant l'exemple des montres, notre interlocuteur dira que le prix de ce produit de bonne qualité variait entre 30 000 et 80 000 francs Cfa. Mais, déplore-t-il, les commerçants chinois en font des contrefaçons pour les vendre à 2 000 francs.

Le secrétaire général de l'Unacois-Def a en outre réagi aux propos de M. Chen Jian, vice-ministre du Commerce de la Chine consistant à accorder, dans le cadre de la coopération économique et commerciale entre le Sénégal et la Chine, aux exportateurs sénégalais un traitement douanier préférentiel. Ce fut pour s'interroger sur la capacité des opérateurs économiques sénégalais à tirer profit de cette offre chinoise. ‘Je me demande si le Sénégal aura la capacité d'exporter vers la Chine parce que jusqu'ici, nous n'avons pas encore bénéficié de l'Agoa pour défaut de production. Nous ne produisons pas beaucoup pour pouvoir exporter vers les Etats-unis d'Amérique. Si nous ne pouvons pas exporter vers les Etats-unis d'Amérique, comment nous pouvons le faire vers la Chine ?’, s'interroge le secrétaire général de l'Unacois-Def.

M. Ibrahima Lô demande aussi ce que le Sénégal offre à la Chine en guise de contrepartie. Car, explique-t-il, en matière d'affaires, c'est du donnant-donnant.

D'autres réserves de M. Lô ont trait à certains produits dont le textile et le riz qui sont ciblés pour bénéficier du traitement douanier préférentiel chinois proposé aux exportateurs Sénégalais. ‘En matière de textile, la Chine domine le monde. Il s'y ajoute que le secteur textile sénégalais baigne dans d'énormes difficultés. Donc, le Sénégal ne peut pas exporter du textile en Chine’, déclare-t-il. Et c'est le même sentiment de rejet qu'il affiche pour le riz. ‘Pour le riz aussi, le Sénégal n'en produit que deux cent mille tonnes (t) par an alors que la consommation est estimée à six cent mille tonnes.

Donc, nous ne produisons pas beaucoup pour exporter. Au contraire, à cause de ce déficit de production, nous importons du riz en Thaïlande, au Viet-Nam, au Pakistan, en Inde, etc. Et tous ces pays sont plus proches de la Chine que le Sénégal. Donc, je ne vois pas comment le Sénégal pourra exporter du riz vers la Chine ?’, s'interroge-t-il à nouveau.

D'après le communiqué rendant compte de la réunion du mercredi dernier entre officiels sénégalais et une délégation chinoise conduite par son vice-ministre du Commerce M. Chen Jian, cette initiative concerne quelques 194 produits d'origine sénégalaise. Il s'agit pour l'essentiel de produits halieutiques, agricoles, miniers, chimiques, des cuirs et peaux, du bois, du coton, du textile et des vêtements, des produits de la bijouterie et d'artisanat.

En visite officielle à Dakar, le vice-ministre chinois du Commerce a rencontré des autorités gouvernementales et des opérateurs économiques et des dirigeants du patronat local, pour ‘saisir les opportunités offertes par la Chine'', une nation première dans beaucoup de domaines.

La Chine est le premier pays en matière agricole, de production de téléviseurs et d'appareils électroménagers. Il est troisième dans la fabrication de l'automobile et de matériel informatique, relève la même source. Et, Dakar vise à se faire épauler notamment dans la promotion et la diversification des exportations et le partenariat pour le transfert de technologies en matière d'irrigation au profit des riziculteurs de la vallée.

Pékin est également sollicité dans la mise en place de joint-ventures pour la production de matériels informatiques, la possibilité d'explorer la piste de l'arachide d'huilerie et de bouche, ainsi que l'exploitation des mines de fer de Sénégal oriental et de phosphates de Matam.