COMMERCIALISATION DES MOUTONS POUR LA TABASKI - Les éleveurs nationaux veulent parquer les étrangers à la Seras

Les 190 mille entrées de moutons enregistrés au niveau des frontières ne font pas que des heureux. Au moment où les acheteurs se frottent les mains avec l’espoir de faire face à des prix accessibles, les éleveurs locaux crient au scandale. Selon eux, les vendeurs étrangers doivent se limiter à Seras qui est le principal lieu de vente.

Les vendeurs de moutons sénégalais n’apprécient pas beaucoup l’accès libre accordé à leurs homologues des pays limitrophes venus participer à l’«opération tabaski» jusque dans les quartiers dakarois. Ils l’ont fait savoir lors de la tournée que le ministre de l’élevage, Mme Oumy Khaïry Guèye Seck a effectuée hier, mardi 26 décembre à deux lieux de vente normalisés que sont le terminus Liberté 5 et le foirail Sotiba du quartier de Pikine. C’est Issa Ndiaye, membre du comité de gestion du lieu de vente de liberté 5, qui a soulevé le problème. Eleveur de son état, Issa Ndiaye affirme qu’il en est à sa quinzième année d’opération. Après avoir applaudi des deux mains les dispositions prises par les autorités pour faciliter la vente des moutons, Issa Ndiaye pense l’autre problème résident à la liberté accordée aux vendeurs venus des pays limitrophes. Selon lui, les vendeurs de moutons étrangers ne doivent pas bénéficier des mêmes avantages que les nationaux. «Nous sommes très fatigués par les vendeurs qui proviennent des pays limitrophes. Non seulement ils n’apportent des races de qualité mais on ne doit pas les autoriser à vendeurs jusque dans les quartiers comme liberté 5, Hlm et ailleurs». M. Ndiaye pense que «les autorités doivent les limiter à la Séras qui est le lieu de vente officiellement reconnu comme on le fait aux éleveurs sénégalais une fois dans ces pays». Sur ce sujet, le ministre de l’Elevage a rappelé que le gouvernement a pris toutes les mesures pour approvisionner le Sénégal à partir des pays limitrophes. Selon elle, 190 mille entrées ont été enregistrées cette année contrairement aux 192 mille de recensées à deux jours de la tabaski de l’année dernière. Le ministre de l’Elevage de préciser que «le Sénégal n’est pas dépendant des importations de moutons pour satisfaire le marché». Et d’ajouter que «les prix sont régulés par la loi de l’offre et de la demande et pour éviter les tensions sur les prix, on autorise des entrées annuelles chaque année». Sur la présence des vendeurs étrangers dans les quartiers, Oumy Khaïry Guèye Seck a évoqué la libre circulation des personnes et des biens au sein de la sous-région que le Sénégal partage avec d’autres pays.

Gestion de l’espace, toujours à l’ordre du jour

Dans leur discours, les éleveurs établis au terminus liberté 5, après avoir salué les efforts consentis par les autorités et relatif à la subvention sur l’aliment bétail, la gratuité de l’eau, la sécurité, une contradiction a été soulevée dans le sujet de la gestion de l’espace. Au moment où Issa Ndiaye qui a parlé au nom des éleveurs s’est félicité de la gratuité des espaces, d’autres évoquent le contraire. Selon M. Ndiaye, «cette année l’une des principales innovations est la gratuité des espaces contrairement aux années précédentes où c’étaient les jeunes de liberté 5 qui louaient les espaces entre trente à cinquante mille francs Cfa». Un acquis qui, pour Ngadjil Ba, éleveur en provenance du département de Linguère, arrondissement de Yang-Yang, «est très mal réparti». Selon lui, «la répartition de l’espace s’est faite d’une manière inéquitable parce qu’on voit un vendeur qui a dix moutons qui bénéficient de plus d’espace qu’un autre venu avec tout un troupeau». A son avis, «le partage de l’espace doit se faire non selon les ordres d’arrivée mais suivant le nombre de moutons que détient l’éleveur». Ce problème de la répartition de l’espace ne semble pas se poser au niveau du foirail de Sotiba où les éleveurs, malgré la diversité de leurs nationalités, exercent en toute quiétude sous l’œil vigilant des forces de l’ordre.

Le ministre qui a fait irruption dans ce vaste univers de caprins aux environs de 12 heures moins, a été accueilli par des tam-tams. Très touchée par les salves d’applaudissement, Mme Seck a servi un discours de campagne électorale.