EN CONTENTIEUX AVEC HADY NIANG : La Sgbs prête pour un cheque de compromis

Hier, lors de la présentation du bilan de sa banque, l’administrateur directeur de la Sgbs a lâché l’aveu que sa société pensait à une solution de compromis dans le vieux conflit judiciaire qui l’oppose à Hady Niang et son épouse. Mais à la condition de ne pas faire jurisprudence.

La Société générale des banques du Sénégal (Sgbs) serait-elle en train de chercher un compromis dans la -longue- affaire qui l’oppose au milliardaire Hady Niang ? On pourrait le croire, à entendre son administrateur général. M. Sandy Gillio a déclaré hier, en réponse à une question, que la banque se battait pour défendre ses droits. Néanmoins, dans cette affaire, le combat de la banque s’explique par le souci «d’éviter que cela fasse jurisprudence et que d’autres clients embrayent sur la même voie», explique le dirigeant de la première banque du Sénégal.

Cela dit, Sandy Gillio, rappelant que ce contentieux de sa banque avec l’un de ses anciens clients datait d’une vingtaine d’années au moins -«avant que je ne sois là»- exprimera le vœu : «Mais ce serait sage que l’on arrive à un arrangement, qui serait bon pour tout le monde.»

Ce souhait d’un compromis, qui semble avoir échappé à beaucoup de journalistes présents, car aucun d’eux n’a jugé utile de rebondir dessus, exprime sans doute, la lassitude qui commence à gagner les parties. Les choses ont atteint un niveau tel que l’on se demande s’il est possible que l’on n’arrive jamais à une solution différente de celle exprimée par le dirigeant de la Sgbs.

Le conflit opposant la Sgbs à Hady Niang et à l’épouse de ce dernier, a été plusieurs fois évoqué dans la presse ces dernières années, avec les rebondissements judiciaires qui le rythment. Cette histoire, qui date de plus de vingt ans, a vu le couple Niang, passer de la situation de débiteur de la banque à celle de créancier, à la suite de décisions de justice qui ont conduit à une procédure, qui semble interminable. Devant plus de 2 milliards de francs à la banque, le couple s’est retrouvé, après une gymnastique juridico-financière, créancier de sa banque de plus de 1,3 milliards.

BANQUE LEADER

M. Gillio a esquissé cette voie de sortie hier, au cours de la présentation du bilan de sa banque pour l’année écoulée, moment qu’il a semblé avoir beaucoup de plaisir à vivre. En effet, contrairement à ce qui s’est passé l’année dernière, les résultats de la Sgbs pour l’exercice écoulée ne souffrent d’aucune contestation, car la banque se place en tête dans tous les domaines, laissant loin derrière, sa concurrente immédiate, la Cbao.

Forte d’un total bilan de 486 milliards de Fcfa et d’un produit net bancaire (Pnb) de 38,51 milliards de Fcfa, la Sgbs s’est félicitée de ses résultats positifs, qui lui permettent de conserver son statut de leader.

Le bénéfice de la banque atteint les 13,487 milliards de Fcfa pour l’année 2007, soit une hausse considérable de 33% par rapport à 2006. Malgré un contexte économique et financier difficile, a tenu à souligner l’administrateur de la banque, aucun préjudice n’a été ressenti par rapport aux résultats de l’entreprise. A peine si quelques rebondissements, comme l’affaire française Jerome Kerviel ont atteint «le moral des troupes», a noté Sandy Gillio.

CAPITALISATION

Conformément à la recommandation de la Banque centrale, la Sgbs procédera par ailleurs, dès cette année, à l’augmentation de son capital social par innervation de réserves. Un capital qui va passer de 4,5 milliards de Fcfa actuellement, à 10 milliards de Fcfa à l’horizon 2010/2011. L’exercice 2007 a, par ailleurs, fait ressortir un Rapport sur fonds propres de 37,4%. Cette bonne rentabilité financière va permettre à la banque de maintenir une politique de forte rémunération des actionnaires, en les rémunérant à l’ordre de 50% du résultat net.

Sandy Gillio est également revenu sur le contexte de forte concurrence que connaît actuellement le secteur. Avec l’arrivée sur le marché de nombreuses banques, dont une en provenance du Nigeria, «il est inéluctable qu’on s’achemine vers des banques qui vont être obligées de se rapprocher pour survivre», a déclaré l’administrateur général. Néanmoins, aucun projet de fusion n’est actuellement à l’ordre du jour concernant la Sgbs, a-t-il précisé. Revenant sur la récente fusion de la Cbao avec Attijariwafa, M.Gillio ne s’inquiète pas qu’elle bouscule la position de son entreprise. Le directeur a, par ailleurs, rappelé qu’il vaut mieux être second en terme de bilan, avec de bénéfices conséquents, plutôt qu’en tête, avec un bénéfice moindre.

Finalement, la prochaine perspective de la Sgbs s’articulera autour d’un plan de développement de réseau, avec l’ouverture de nouveaux points de vente. Pour le reste, la banque «se battra» afin de maintenir sa place de leader, en dépit des concentrations, en même temps que sa place sur le podium des banques de la zone franc.