L'annonce de la hausse du prix de la farine qui doit entrer en vigueur en ce début de semaine a provoqué une pénurie du produit devenu introuvable. Et pour cause, le marché n'est pas approvisionné par les meuniers et la spéculation est entretenue par certains commerçants. Résultat, nombre de ménages sont privés de pain.
Tirer le maximum profit des stocks de farine dont ils disposent actuellement, quitte à priver les boulangeries de farine ou les populations de pain. C'est ce que les meuniers et les commerçants sont en train de faire suite l'annonce de la hausse du prix de la farine dans les prochaines heures. Depuis quelques jours, la farine se fait désirer sur le marché. Une situation de raréfaction qui a été plus accentuée par la forte demande en pain à laquelle les boulangeries ont fait face lors de la fête de Korité de ce vendredi. Une pénurie qui n'est donc pas causée par la disparition de la farine du marché, mais qui s'explique par les effets combinés du non-approvisionnement des grands commerçants par les meuniers et par la spéculation entretenue par les grossistes. Une surenchère dont les pots cassés sont en train d'être payés par les consommateurs qui, depuis quelques jours, peinent à trouver la baguette de pain.
Des subterfuges de logique commerciale peu orthodoxe qui écoeurent le président de la Fédération des boulangers du Sénégal (Fbs), Amadou Gaye, qui confirme que s'il y a pénurie, c'est parce que c'est provoqué. «Dans des régions comme Kolda, Saint-Louis et Dakar, plus précisément au niveau de certaines communes d'arrondissement comme Yarakh et Ouakam, les boulangers sont confrontés ces derniers jours à de sérieux problèmes. Ils n'arrivent pas à voir la couleur de la farine sur le marché», renseigne M. Gaye. Rien qu'à Dakar, explique-t-il, «il y a une cinquantaine de boulangeries qui n'ont pas travaillé faute de farine. Ce qui fait que beaucoup de boulangeries n'ont pas fonctionné», explique notre interlocuteur.
D'où sa colère contre les meuniers qui refusent d'approvisionner le marché et les commerçants qui font de la spéculation sur le prix de la farine pour pouvoir maximiser leur marge bénéficiaire avec les stocks cachés dans leurs magasins. «Nous dénoncions fortement ces attitudes, parce que la hausse était annoncée pour ce lundi et l’on n'en est pas encore là», martèle-t-il avant de persister à dire que si le produit de travail de base de ces collègues boulangers est resté introuvable, c'est parce que c'est fait à dessein.
«Il y a une cinquantaine de boulangerie qui n'ont pas travaillé faute de farine»
D'ailleurs, il prédit qu'il y aura assez de farine sur le marché lundi avec l'entrée en vigueur de la mesure. Avertissant qu'ils vont refuser d'être les sacrifiés dans cette affaire, le président de la Fbs, Amadou Gaye, fait comprendre aux autorités que si la hausse de 6000 francs comme prévu est maintenue sur le sac de farine, les populations devront dans les prochains jours s'attendre à débourser davantage que d'habitude pour se procurer une baguette de pain. Parce qu'il est clair que les boulangers vont emboîter le pas aux meuniers en répercutant cette augmentation du prix de la farine sur celui du pain. «Cette fois-ci, on ne va pas accepter qu'on nous sacrifie. Et que personne ne vienne nous appeler dans des réunions techniques pour nous parler de baisser le poids ou autre chose. Nous refuserons parce que ce sera arnaquer les populations», prévient-il. Se voulant très clair, il martèle : «Si les meuniers maintiennent leur décision d'augmenter le prix de la farine, nous allons nous aussi augmenter le prix du pain».
Pour éviter aux populations d'endurer les conséquences d'une nouvelle hausse sur une denrée aussi prisée que le pain, deuxième produit dans la consommation des Sénégalais, Amadou Gaye demande aux autorités de tout mettre en oeuvre pour que la hausse du prix de la farine soit abandonnée. «Il faut que les autorités sachent que le secteur de la boulangerie donne 16 000 emplois directs et 36 000 emplois indirects. Et qu'il est le principal pourvoyeur d'emplois dans la banlieue de Dakar où il n'y a pas d'entreprises ni d'usines», rappelle M. Gaye comme s'il voulait avertir les autorités contre les répercussions incontrôlables des dégâts collatéraux que l'arrêt des boulangeries pourraient avoir sur le quotidien des populations de la banlieue. Quoi qu'il en soit, la Fbs a décidé de battre le rappel de ses troupes pour adopter une position commune. Nous allons nous réunir mardi pour faire la situation», a dit M. Gaye.
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