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Economie

INDUSTRIES CHIMIQUES DU SENEGAL : Les limites de la potion indienne

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INDUSTRIES CHIMIQUES DU SENEGAL : Les limites de la potion indienne

Après un an de recapitalisation, la potion indienne d’ IFFCO visant à redonner vie aux Ics(Industries chimiques du Sénégal) semble faire de l’effet... mitigé. L’entreprise fait un bénéfice de 5 milliards de FCfa en 2008, mais avec moins de 200 000 tonnes d’acide phosphorique produites, on est encore bien loin du compte pour atteindre l’objectif déclaré de 600 mille tonnes en 2010.

Momath Ba, président de l’amicale des cadres des Ics, repris par l’hebdomadaire Jeune Afrique dans sa dernière livraison, a du mal à y croire et voit plutôt la production à 300 000 voire 400 000 tonnes, là où le directeur général, toujours repris par notre confrère, parle d’un objectif de 500 000 tonnes, cette année et 600 000 tonnes dès 2010. Déjà, l’antagonisme dans les chiffres rend compte du fossé qui sépare la direction actuelle des Ics et les travailleurs de la boîte qui restent sceptiques quant au management « made in India » des Ics, si l’on en croît le président de l’Amicale des cadres, cité par notre confrère.

Au constat, la relance est amorcée et l’entreprise, pour la première fois depuis 2002, fait du bénéfice (5 milliards de FCfa pour 2008) ; (Ndlr : Dans une récente édition de Sud Quotidien, nous parlions de 15 milliards de FCfa) ; Plutôt encourageant pour une entreprise qui revient de si loin, après avoir frôlé le dépôt de bilan. Chiche, dira-t-on, pour une entreprise censée être le moteur de l’industrie sénégalaise.

Au terme de l’exercice 2008, les Ics auraient réalisé moins de 200 000 tonnes d’acide phosphorique. Rappelons que le contrat commercial qui lie l’Etat sénégalais à IFFCO, principal client des Ics et qui court jusqu’en 2012 - 2013, réserve toute la production des ICS à IFFCO, désormais propriétaire des Ics avec 85% des parts, à l’exception des 15% promis à l’Etat pour la production d’engrais. En 2002, les ICS affichaient une production de 660 000 tonnes d’acide phosphorique, près de 2 millions de tonnes de phosphates et près de 200 000 tonnes d’engrais.

Parent pauvre

L’engrais. La deuxième activité des Ics dont l’usine de Mbao réalisait entre 15 et 30 milliards de chiffre d’affaires, n’affiche que 51 000 tonnes en 2008 pour une capacité technique de production de 250 000 tonnes par an. Sur le site de Mbao, les Ics disposent d’une unité de fabrication d’engrais complexe dont la plus grande part est destinée au marché de la sous-région ouest-africaine (Mali, Bénin, Togo et Burkina Faso), principalement pour les besoins agronomiques de la culture du coton, de l’arachide, du maraîchage, des céréales, etc. Aussi, peut-on sérieusement relancer les Ics en mettant de côté cette activité importante de l’engrais.

La crainte du personnel des Ics a toujours été liée au fait que les Indiens ne s’intéressent pas à la filière engrais, soutenant que si le partenaire indien s’est engagé à apporter du cash flow à hauteur de 40 milliards de francs pour la recapitalisation des Ics, c’est parce qu’il veut sauver la seule activité production d’acide phosphorique.

Le temps leur donne raison. L’activité engrais détournerait une partie de l’acide phosphorique qui lui est réservé (Le principe de fabrication des engrais est basé sur la réaction entre l’acide phosphorique et l’ammoniac (pour les DAP, ASP, MAP et NPK) et sur l’attaque du phosphate par de l’acide phosphorique (pour le TSP).

« Sauver l’entreprise était le plus important », disait Me Madické Niang, alors ministre en charge. Tout porte donc à croire que le gouvernement sénégalais, plutôt que de chercher à la développer et lui rendre son lustre d’antan, s’est borné à sauver l’entreprise d’une mort certaine, en l’offrant à Iffco qui achète toute la production d’acide à un tarif plus que préférentiel.

Quel dommage car, malgré les contraintes, l’entreprise conserve d’énormes potentialités. Une meilleure gouvernance peut stabiliser son compte d’exploitation et revenir sur le sentier de la profitabilité. Dans l’hypothèse d’une utilisation à 80% des capacités de production, le chiffre d’affaires de la société est estimé à 150 milliards de FCfa, avec un cash flow (argent en espèces) de 50 milliards de FCfa et dans le cas d’une optimisation, le chiffre d’affaires serait de 200 milliards, soit 400 millions de dollars.

Le Groupe Ics, né de la fusion-absorption des Ics et de la Cspt (phosphates de Taïba), avait achevé une intégration de toute la filière, à l’image de ses concurrents à travers le monde.

Cette intégration, allant de l’extraction du minerai à la valorisation en engrais phosphatés, assurait à l’entreprise une grande souplesse dans la politique de production et de vente. Aujourd’hui, même si les autorités refusent de l’admettre, on assiste à une semi balkanisation des Ics, en attendant un potentiel repreneur du site de Mbao



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