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Economie

ISPE - Fin de la mission du Fonds monétaire international : Les défis que doit relever le Sénégal

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ISPE - Fin de la mission du Fonds monétaire international : Les défis que doit relever le Sénégal

Aucune déclaration n’a été faite par le gouvernement à l’issue de la visite de la mission du Fonds monétaire international au Sénégal. La raison en est que les discussions se poursuivent à Washington, pour déterminer le niveau d’ajustement budgétaire que le gouvernement doit opérer rapidement, après la folie dépensière qui l’a saisi l’année dernière, et au début de cette année. Et le problème de liquidités du Trésor est tel que l’apurement des arriérés est pour l’Etat, un gros défi.

La mission du Fonds monétaire internationale (Fmi) venue, depuis le 26 mars dernier, passer en revue l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe), signé avec le Sénégal (Voir Le Quotidien n° 1566 du 28 mars 2008), a quitté Dakar le 9 avril dernier, sans tambour ni trompette. Il faut dire que les discussions ne sont pas terminées, et se poursuivent à Washington, où se trouve le ministre des Finances, Abdoulaye Diop, qui participe aux réunions de printemps des Institutions de Bretton Woods. Cependant, la mission a pris la peine de publier un communiqué qui tire un bilan assez positif de son passage au Sénégal, ainsi que du travail qu’elle a eu à accomplir.

Le communiqué indique que «la mission a été satisfaite des progrès faits dans la mise en œuvre des réformes structurelles. Toutes les conditions structurelles du programme, sauf une, ont été respectées à fin mars 2008». La condition qui n’a pas été totalement respectée porte sur la transmission des comptes des années 2005 et 2006 à la Cour des comptes. Ces comptes n’ont été que partiellement transmis à ce jour. Mais, les fonctionnaires du Fonds monétaire restaient assez optimistes sur la réalisation de cette condition, qui n’est que la seule, sur douze, que le gouvernement n’a pas encore complètement respecté.

On comprend donc que les fonctionnaires du Fmi aient pu considérer que l’économie sénégalaise s’est redressée en 2007. Toutefois, ils ont été contraints de revoir à la baisse les chiffres de la croissance pour l’année écoulée. Au lieu de 5,4 % qui avaient été claironnés, c’est finalement 4,8% de taux de croissance que la mission, conduite par M. Johannes Mueller, a avalisé. Cela n’est pas trop mal, par rapport aux 2,3% de l’année précédente, mais c’est un redressement beaucoup moins important que l’on n’avait pensé. Cette situation s’explique, une fois de plus, par la situation de l’Agriculture, qui, deux années de suite, a connu une baisse de la production. Cela démontre que le Sénégal reste encore assez vulnérable face aux chocs exogènes et que le lien entre croissance et réduction de la pauvreté a été affaibli.

OMBRES AU TABLEAU

Cela se voit, d’ailleurs, avec l’autre situation qui jette une ombre bien sombre au tableau de l’économie du pays. Il s’agit de la hausse des prix qui frappe les produits de première nécessité. Les fonctionnaires du Fmi ont exprimé leur préoccupation face à cette situation, car elle affecte principalement les ménages les plus démunis. Cela, d’autant plus qu’elle influe sur la situation budgétaire du pays. Car, la mission a constaté que les mesures d’allègement fiscal, et de réduction de droits de douane que l’Etat a introduits pour soutenir les prix de certains produits de grande consommation, tels que le lait ou l’huile, ont coûté l’année dernière, environ 28 milliards de francs Cfa. Ce qui représente 0,5% du Pib. Les fonctionnaires internationaux ont déjà calculé que pour cette année, la politique de soutien de prix coûtera carrément le double de ce montant, donc 1% du PIB. Ces mesures n’ont pas soulevé beaucoup d’enthousiasme de la part des partenaires internationaux, qui en craignent les effets négatifs.

Ils se sont demandés si tous ces avantages que l’Etat a accordés aux commerçants ont pu avoir un effet sur le consommateur final. Ce qui ne semble pas être le cas. «De plus, pour certains produits, comme les hydrocarbures ou le gaz butane, le blocage des prix a plus profité aux couches les plus aisées de la population, ce qui n’est pas vraiment le but recherché. Et par ailleurs, le coût de ces mesures sur le budget de l’Etat est énorme.» Pour le Fonds monétaire, ces mesures de détaxation seraient plus indiquées pour deux des produits les plus indispensables aux ménages les plus pauvres, à savoir, le riz et le pétrole lampant. «A court terme, la politique de soutien des prix coûte très cher et n’est pas efficace. Mais, il y a tout de même des choses positives dans les mesures de l’Etat, comme les réformes structurelles destinées à augmenter la production de riz dans la zone de la vallée du fleuve. C’est une mesure très utile à long terme. Cependant, les consommateurs sénégalais continuent à payer plus cher certains produits clés, comme l’huile végétale ou le sucre, qui ont causé de surtaxes excessives qui n’apportent presque rien au budget de l’Etat et frappent injustement les consommateurs pour protéger certains monopoles contre la concurrence. Jamais une réflexion sur ce sujet avait été plus urgente que maintenant», souligne Alex Segura.

Augmenter la taxation sur les produits auxquels seulement les riches ont accès (voitures de luxe, gros bâtiments et terrains, climatiseurs, etc.) et réduire les dépenses de fonctionnement de l’Etat (jugées trop élevées) pourrait aussi dégager des ressources pour augmenter les programmes de protection sociale et convaincre les bailleurs sur la nécessité d’augmenter leur aide au développement, selon le représentant du Fmi

AJUSTEMENT BUDGETAIRE

L’une des raisons qui a nécessité la poursuite des négociations entre le gouvernement et le Fonds monétaire, et qui a empêché la mission de faire une déclaration officielle avant de quitter le Sénégal, est surtout le niveau d’ajustement budgétaire que le Sénégal doit effectuer. Car, le gouvernement est retombé dans ses travers d’accumuler les arriérés de paiement envers les entreprises du secteur privé. La mission a constaté que les dépenses d’investissement se sont accélérées en 2007, une situation analysée comme la conséquence de la précipitation dans la volonté de livrer les chantiers ouverts pour le sommet de l’Oci. Le communiqué du Fonds note : «Un montant significatif des dépenses a été engagé en 2007, qui devra être payé en 2008… La mission soutient l’intention des autorités d’ajuster leurs dépenses et de régler les instances de paiement en 2008». Le Fonds monétaire international, en la personne de son représentant au Sénégal, a toujours accordé une importance capitale au paiement des factures dues aux entreprises privées.

M. Segura rappelait d’ailleurs, il n’y a pas longtemps, que le programme Ispe, dont la revue était l’un des volets de la visite de la mission du Fonds monétaire, a été conçu de façon à permettre au Sénégal d’éliminer toutes ses factures impayées avant la fin de l’année. Il considère cela comme l’un des piliers fondamentaux de la croissance économique. D’où la préoccupation devant le niveau élevé des dépenses à l’heure actuelle.

Le gouvernement s’est donc engagé à faire le recensement complet de toutes les factures en instance, dans tous les secteurs, afin d’engager les décaissements. C’est l’un de ses plus grands défis, pour respecter l’un des critères de l’Ispe pour cette année, c’est à dire celui d’éponger ses arriérés de paiement. D’ores et déjà, il est assuré que le gouvernement devra recourir le plus possible au marché financier international pour faire face à ses dépenses. C’est du moins la recommandation qui lui a été faite par les fonctionnaires internationaux. Cela a l’avantage de réduire les fortes tensions sur la trésorerie de l’Etat, mais le Fmi considère que sans ajustement budgétaire, il y a un grave risque de reproduire la même situation que celle de l’année dernière, et se retrouver dans un cercle vicieux de désendettement et réendettement.



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