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Economie

Le panier de la menagere face a l’hivernage : Le poisson fumé ou séché comme produits de substitution

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Le panier de la menagere face a l’hivernage : Le poisson fumé ou séché comme produits de substitution

Le poisson est devenu une denrée de bourgeois à Dakar. Face à sa raréfaction qui a entraîné une flambée de son prix, bon nombre de ménages se rabattent sur le poisson fumé ou séché

Quai de débarquement de poisson de Hann. Il fait un sale temps avec la fine pluie qui s’abat ce matin du mois d’août finissant dans cette banlieue de la capitale. Dans la foule de ménagères venues faire le marché, une quadragénaire, mince et petite de taille, apparaît épuisée. Elle tient difficilement sur ses jambes. « Je suis KO. Depuis très tôt ce matin, je passe et repasse dans les coins et recoins du marché sans pouvoir trouver de poisson à ma convenance et à la portée de ma bourse.

Il n’y en a que de minuscules, notamment des « yaboyes » et, à des prix démesurés », proteste notre vis-à-vis. Pour continuer à se prêter à nos questions, elle pose poliment comme condition, de taire son nom. Rassurée, elle poursuit : « la rareté actuelle du poisson et sa cherté sur le marché Dakarois sont difficilement tenables pour de nombreux ménages, surtout les grandes familles. » Notre interlocutrice ajoute que certaines femmes sont obligées d’acheter le « Kéthiakh » (une variété de poisson fumé) pour préparer du « thièbou Kéthiakh » (riz au poisson fumé) à leur famille. D’autres se ruent sur le « Guedj » (poisson sec) pour faire du « Thièbou-Guedj » (riz au poisson sec, à base d’huile.) Il y en a qui achètent le « Kéthiakh » ou le Guedj » et font du « domoda (une cuisine sénégalaise, composée de riz blanc et d’une sauce relevée par de la farine). « C’est pour ne pas rentrer bredouille du marché », explique la dame Sokhna Ndèye Amy Ndiaye, ménagère de son état et domiciliée au quartier Guinaw-rail. Toutefois, Mme Ndèye Seck, commerçante au marché de Hann avoue : « sincèrement, les temps sont durs pour les familles ; surtout celles qui ont des ressources limitées.

La pénurie actuelle du poisson à Dakar a entraîné une flambée des prix ce qui est devenu cauchemardesque pour les ménages. Les gens nantis achètent, soit de la viande de bœuf, de mouton, des crevettes ou de la volaille qui coûtent actuellement moins chers que le poisson. » Elle soutient que maintenant, 7.500 francs Cfa se révèlent insignifiants pour le marché d’un jour ; contrairement à avant où, 5.000 FCFA suffisaient. « Résultat : on ne peut plus faire de la bonne cuisine par manque de poisson de qualité et à cause de leurs prix élevés. Ceux qu’on trouve sur le marché sont souvent congelés pendant une longue période ou, sont présentés parfois dans un état tel, qu’ils n’ont plus de goût après cuisson. Il n’y a rien à faire, quelle que soit votre recette en matière d’assaisonnement. »

Sokhna Ndèye Amy Ndiaye reconnaît que certes, la viande est une alternative, face au manque actuel de poisson, « mais elle revient plus chère pour une grande famille. » Sur ce chapitre, Cheikh Diongue, chef de poste de contrôle des pêches et de surveillance de Hann, souligne que dans nos habitudes culinaires, un kilogramme de viande équivaut à deux kilogrammes de poisson.

A quand la fin de l’épreuve ?

La Dame Awa Diallo mareyeuse au marché central au poisson, sis à Pikine regrette cette pénurie de poisson, au même titre que Mme Aminata Lô, revendeuse de poisson. Elles annoncent que les augmentations des prix qui en découlent finiront par grever les portefeuilles des responsables de famille, et mettre les « gorgorlu » dans une situation alambiquée, jusque-là jamais égalée. Selon Cheikh Diongue, la diminution de l’effort de pêche est une des causes de la rareté actuelle du poisson. « Y compris l’espèce la plus abondante, le « yaboye meureug » qui porte le nom commercial de Sardine ronde. « En période d’hivernage, explique-t-il, le pêcheur, de peur de se faire surprendre par la pluie ou les autres aléas climatiques comme les tempêtes, préfère ne pas prendre le risque d’aller en mer. En ce moment, la quasi-totalité des pirogues est à terre ; amarrée le long de la baie de Hann. C’est la raison pour laquelle, beaucoup de pêcheurs écoutent régulièrement les bulletins météo, avant de se décider d’aller en mer ou non. »

M. Diongue rappelle que les départs à l’émigration des jeunes pêcheurs notamment vers l’Espagne, entre autres pays, contribuent aussi à la diminution de l’effort de pêche. « Dans certaines familles ici à Hann, l’armement est sur place, mais on ne trouve pas d’équipage. Parce que tous les jeunes sont partis à l’étranger. » L’autre facteur qui explique le manque actuel de poissons est relatif au changement du biotope (désalinisation de l’eau du milieu marin du fait des pluies et son réchauffement.) « Ce qui fait disparaître certaines variétés de poissons comme le « yaboye meureug. » C’est le nom commercial de la sardine ronde que notre vis-à-vis considère comme étant l’espèce la plus abondante qui constitue le principal condiment du riz au poisson « Parce que presque tous les ménages sénégalais mangent à midi le « thiébou diéne », même si c’est à base de « yaboye » qui est l’espèce la moins prisée. »

Le chef de poste de contrôle des pêches et de surveillance de Hann indique que les prix du poisson ont doublé, voir même triplé par le fait également de l’éloignement des zones de pêche.

Occasionnant plus de consommation de carburant, de glace qui coûte plus chère en période de chaleur comme c’est le cas ; sans compter les frais d’entretien d’un équipage composé souvent de plus d’une dizaine de personnes. »

Des prises faites hors des eaux sénégalaises

Les poissons qu’on trouve actuellement sur le marché Dakarois sont pêchés hors de la frontière sénégalaise, notamment au large de la Guinée Conakry, de la Guinée-Bissau. « C’est généralement par des gens venant de Hann, Joal, Yoff, Soumbedioune », indique Cheikh Diongue, chef de poste de contrôle des pêches et de surveillance de Hann. Il y a également des poissons que des pêcheurs Saint-Louisiens, en l’occurrence des Guet-ndariens ramènent des eaux mauritaniennes. Entre autres espèces provenant de ces zones de pêche, figurent les Brochets (« seude »), le Pompano (« khassaw), les Carpes rouges et Vivaneau (« yakh »), le Vomère (« yazwal »), quelques Thiof et carpes blanches (« sompate. »)

Aménagement de récifs artificiels pour les poissons

Face à l’agression du milieu marin par l’homme, en détruisant les abris de poissons, l’Etat est en train de constituer des récifs artificiels. Des bateaux qui ont chaviré et des carcasses de cars rapides ou de camions sont utilisés pour servir d’abris aux poissons.



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