Environ 75% de la population de la région de Diourbel est concentrée dans l’agglomération Mbacké-Touba. Ce qui fait que la question de l’approvisionnement en eau est une équation difficile à résoudre. D’où l’idée du Président Wade de réhabiliter le canal du Baol et de procéder au drainage de ses eaux jusqu’à Touba. Aujourd’hui, il est établi que cela n’est pas réalisable.
Le Président Wade l’avait promis en 2007 au regretté khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké. Avec Serigne Mouhamadou Lamine Bara, il avait réitéré les mêmes promesses de drainage des eaux du canal du Baol jusqu’à Touba. D’ailleurs, on se souvient que, lors de sa dernière visite dans la cité religieuse avant le magal, Abdoulaye Wade avait tenu à montrer au guide spirituel les études faites par l’Agence autonome des travaux routiers (Aatr) pour la réalisation technique de ce projet dont il disait avoir acquis déjà les financements et qu’il allait voir le jour au début de l’année 2011.
Aujourd’hui, il établit que ce projet n’aura pas lieu, car il est impossible de le réaliser techniquement. La révélation en a été faite par Assane Dione, chef du projet «Alimentation en eau potable de Touba». C’était au cours de la revue régionale du Programme eau potable et assainissement pour le millénaire (Pepam) tenue avant-hier dans les locaux du Conseil régional de Diourbel. Ingénieur principal en hydraulique rurale, l’orateur a laissé entendre : «Dans ce projet, il y a un volet qui s’appelle solution à long terme, cette solution, la Banque islamique de développement (Bid) l’a donné au Sénégal comme contrepartie quand, sur décision de l’autorité, on avait donné à l’Aatr le soin d’étudier le canal du Baol. Je peux vous dire que les rapports ont été déposés et la solution du canal n’a pas été retenue, parce que résultant d’une impossibilité de premier ordre, du fait d’un manque d’écoulement. Le débit est presque nul et même négatif. Donc, c’est la solution “conduite renforcée”, certainement en amiante ciment entre Keur Momar Sarr et Touba, qui a été retenue pour transférer les eaux du lac de Guiers.»
En plus de cela, Assane Dione a fait un véritable plaidoyer pour l’arrêt de la gratuité de l’eau dans la cité religieuse. Il est d’avis que «tant qu’on n’arrivera pas à çà, je pense qu’on peut avoir toutes les solutions techniques, tous les engagements, mais on n’arrivera pas à régler le problème de l’approvisionnement correct en eau des populations». Babou Sarr, de la Direction de l’exploitation et de la maintenance (Dem) du ministère de l’Hydraulique abondera dans le même sens : «La ville de Touba dépasse le statut rural, mais elle est toujours gérée comme un village. Et en plus de cela, il y a le problème de la gratuité de l’eau. Jusqu’à présent, l’eau à Touba est encore gratuite, cela aussi nécessite quand même des réflexions et des solutions. L’appro-visionnement en eau de Touba, en dehors du magal, est un problème structurel et technique qu’il faut revoir à fond. Même une revue spéciale doit être faite à Touba pour discuter de fond en comble de ce problème.» Il a regretté que depuis «1999, chacun vient faire quelque chose. On ne sait même pas ce qu’il y a à Touba. Les conduites passent dans les maisons, dans les cimetières, partout. On va tout renouveler, tout enlever. On va mettre de gros châteaux d’eau de 1 000 m3 pour que, si l’eau venait demain, on puisse avoir accès à la périphérie. Toutes les grandes villes ont des problèmes de zone périphérique. On peut régler la zone centrale, la zone rurale, mais les zones périurbaines constituent de réels problèmes, puisqu’à Touba, on ne sait même pas qui s’installe par jour». D’ailleurs, l’importance du projet «Alimentation en eau potable de Touba» réside dans le fait qu’il n’y aura plus de pertes dans le réseau, car les branchements seront faits à l’intérieur des maisons et les forages seront autonomisés en matière d’électricité, avec l’installation de groupes électrogènes.
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