Réalisation de la plate-forme du millenaire de Diamniadio : Pas si pressé pour signer avec l'administration américaine

Le Sénégal n'est pas pressé de signer une convention de financement avec le Millenium challenge account (Mca). Même si des pays comme le Bénin (en février dernier) et le Mali (en novembre) ont déjà procédé à des signatures avec l'administration américaine, le Sénégal y va avec précaution et minutie.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Cet adage, l'Agence nationale chargée de la mise en œuvre de la Plate-forme du millénaire de Diamniadio l'a fait sienne. La raison évoquée par son directeur général est qu'il faut terminer toutes les études nécessaires pour affronter l'administration du Mca. Ce qui est en train d'être fait avec la finalisation de l'étude de pré-faisabilité (version provisoire) qui a été remise récemment par le président de la République, Me Abdoulaye Wade, au secrétaire d'Etat américain, Mme Condoleeza Rice, lors de sa dernière visite à Washington.

‘Tous les pays qui ont signé, sont en train de faire aujourd'hui des études de faisabilité. Et le Sénégal a bouclé sa phase de pré-faisabilité. Ainsi, si on va vers une signature, nous aurions gagné deux années. Ensuite, il y a l'élasticité du financement. Si nous signons une convention de partenariat avant de faire des études, le montant du financement ne peut plus évoluer’, a expliqué, le week-end dernier, Habib Mbaye, le Dg de l'Agence chargée de la réalisation de la plate-forme industrielle de Diamniadio.

Après l’éligibilité du Bénin au Mca, la signature de la convention de financement du programme qui s’en est suivie le 22 février 2006 entre les gouvernements des Etats-Unis et du Bénin est, depuis lors, entrée dans sa phase active. Le Bénin bénéficie depuis février dernier et ceci, sur cinq ans, du décaissement d’un montant global de 170 milliards de francs Cfa pour l’aider à sortir définitivement de la pauvreté. C'est le cas aussi du Mali qui a récemment signé une convention de financement pour un montant de 400 millions de dollars américains, soit plus de 200 milliards de francs Cfa.

Pour le projet de la plate-forme industrielle de Diamniadio, le Sénégal a estimé le coût de réalisation à plus de 800 millions de dollars, soit plus de 400 milliards de francs Cfa. Un projet ambitieux et pertinent, soulignait, dans nos colonnes, le directeur de l'Usaid, Olivier Carduner.

La plate-forme de Diamniadio devrait être un exemple réussi de partenariat public-privé. ‘Il faudrait que Diamniadio soit un laboratoire du partenariat public-privé. Mieux, il faudrait que le secteur privé prenne, lui-même, en charge les destinées de cette plate-forme’, souligne M. Mbaye. Il s'agira aussi, selon le Dg de l'Agence nationale de mise en œuvre de la plate-forme, de lutter contre la spéculation foncière et d'éviter la surenchère. ‘Il faudrait appliquer des prix concurrentiels au mètre carré pour pouvoir inciter les investisseurs à venir s'installer à Diamniadio. Le problème du Sénégalais aujourd'hui, c'est le foncier. Au-delà des incitations pour les entreprises à délocaliser, l'un des combats est la maîtrise du coût du foncier. En baissant le coût du foncier, Diamniadio sera couru. A l'idée qu'il y aura Diamniadio, les promoteurs immobiliers ont commencé déjà à décélérer à Dakar’, croit savoir M. Mbaye.

Pour la commercialisation de Diamniadio, l'Etat va prendre des mesures d'incitation aux investissements industriels. Des mesures qui se traduisent, entre autres, par le dédommagement de toutes les industries situées sur la Baie de Hann et la mise en place de fonds d'appui aux investisseurs privés d'un montant de 60 millions de dollars est envisagée.

Pour la Plate-forme de Diamniadio, le président Wade a préconisé la mise sur pied d'un chronogramme de réalisation qui en est à sa deuxième phase après les études de faisabilité et de pré-faisabilité. Dotée au départ d'une subvention de 250 millions de dollars, à travers le Millenium challenge corporation, la Plate-forme de Diamniadio prévoit la construction à grande échelle d'une plate-forme industrielle, commerciale et résidentielle. Ce projet a pour objectif de promouvoir un environnement plus propice aux investissements locaux et étrangers au sein de l'économie et de créer un nombre significatif de nouveaux emplois au Sénégal. ‘Il nous manque une chose : le chronogramme de réalisation (du projet’ dans un délai de cinq ans, soit la durée de son financement, avait dit le président de la République au cours d'un Conseil présidentiel tenu sur l'infrastructure. A partir de la signature du projet, il ‘faut que nous soyons dans les délais et que nous soyons capables de les respecter scrupuleusement’, avait déclaré un Me Wade ‘assez satisfait’ du déroulement des travaux de la plate-forme.

Le président de la République a engagé le gouvernement à s'aménager des ‘points de revue d'étape’, à partir de ce chronogramme pour évaluer le travail qui s'est fait, qui se fait ou qui reste à faire.. Au-delà des structures techniques, des ministères, ‘il faut qu'il (ce projet) soit soutenu, compris par les Sénégalais’' et ‘personnellement, provisoirement, je suis satisfait’, avait-il indiqué.

Le projet est articulé à la Stratégie de croissance accélérée et au Document stratégique de réduction de la pauvreté, qui militent tous les deux pour l'amélioration des revenus des populations et la lutte contre la pauvreté.