Si le Sénégal n’a pas pu obtenir les 60 milliards qu’il visait de l’opération d’emprunt obligataire, c’est parce que des institutions bancaires importantes ont revu leurs engagements à la baisse. Le ministre de l’Economie et des Finances, qui l’a affirmé hier, a notamment fait porter la grande responsabilité de l’échec à la Cbao.
Hier, en marge de l’Assemblée générale ordinaire de la Banque Sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (Bsic), Abdoulaye Diop a reconnu s’être avancé trop vite sur le succès du dernier emprunt obligataire lancé par l’Etat. «En son temps, nous avions travaillé avec l’ensemble des institutions et nous avions recueilli des engagements fermes de l’ordre de 108 milliards de francs Cfa», a, d’emblée, soutenu le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances. Il explique ce qui s’est passé : «Une des banques, notamment la Cbao, s’était engagée pour 45 milliards, à travers son directeur général.» Pour des problèmes internes, indique M. Abdoulaye Diop, le Conseil d’administration de la Cbao a fait savoir après, qu’au lieu de 45 milliards de francs, l’institution ne s’engageait plus que pour 25 milliards, soit une différence de 20 milliards par rapport à l’engagement ferme qui avait été donné par M. Mestrallet.
Un autre organisme bancaire régional, ajoute le ministre, s’était engagé pour dix milliards et n’est, finalement, venu que pour 3 milliards de francs Cfa. «C’est un organisme qui a eu à participer à d’autres emprunts obligataires dans la zone, et qui ne voulait fâcher aucun des pays. Ce qu’il avait promis, il l’a partagé entre les différents pays. Finalement, on se retrouve avec 27 milliards de moins», précise-t-il. Sur ce montant d’ailleurs, le ministre d’Etat a dû s’embrouiller dans les chiffres, car la différence à combler est de 35 milliards de francs Cfa. Le ministre Abdoulaye Diop a littéralement reconnu l’exactitude des informations livrées par Le Quotidien n°1638 d’avant-hier. Il confirme qu’à la suite du revirement de la Cbao, il a immédiatement demandé que les montants restants soient reportés sur les bons de Trésor en compte de dépôt. Ainsi, dit-il, «on a pris des contacts nécessaires avec des organismes qui étaient d’accord déjà, pour venir, et qu’on avait ignorés parce qu’on avait atteint le montant». Cependant, le ministre soutient mordicus, que «les 100 milliards de francs sont acquis et cela ne pose pas de problème. Maintenant, on me dira qu’il y aura une différence dans les délais de remboursement, parce que les bons du Trésor sont remboursés sur une période maximale de deux ans, tous les six mois, alors que l’emprunt a été fait sur dix ans».
S’agissant des problèmes de remboursement qu’entraîne la nouvelle donne financière, le ministre d’Etat assure qu’il suffirait aux pouvoirs publics de consacrer deux jours de recettes pour régler cette situation. M. Diop va même ajoute que, «le Sénégal qui, se permet de gagner 90 milliards de francs, est assis sur des bases et des fondamentaux solides. Par conséquent, l’Etat ne peut pas être en banqueroute». Comme preuve, le ministre convoque la dernière revue de l’Ispe qui, pour lui, a connu un franc succès.
Mardi 17 juin, Abdoulaye Diop, ministre de l’Economie et des Finances se félicitait à l’avance dans les médias, de la réussite de l’emprunt obligataire lancé dans le but d’éponger les créances dues au secteur privé national. Il affirmait même que le gouvernement avait récolté 108 milliards de francs Cfa, alors qu’il n’en cherchait que 100 auprès des banques et institutions financières de la zone Uemoa. On sait ce qu’il en a été.
0 Commentaires
Participer à la Discussion