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Agression d’un couple gay : « J’avais bu avec des amis et voilà »

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Agression d’un couple gay : « J’avais bu avec des amis et voilà »
Quand les gendarmes leur enlèvent les menottes, Taieb K. et Abdelmalik M. se retournent vers la salle d’audience. En découvrant l’affluence des grands jours, ils baissent la tête et se font tout petits. Les prévenus portent des fringues de sport – un polo Adidas, un survêt du Milan AC – et ne peuvent pas cacher complètement leur air juvénile. Ils ont 19 et 20 ans.

Tous deux étaient détenus ces sept derniers mois en attendant le procès. Familiers des tribunaux depuis l’adolescence pour des vols, violences, affaires de stups et autres, ils sont poursuivis cette fois-ci pour l’agression d’un couple d’hommes croisés dans la rue, Wilfred de Bruijn et Olivier Couderc. En droit, des violences en réunion commises en raison de l’orientation sexuelle de la victime, une circonstance aggravante.

Un troisième larron de leur quartier (dans le XIXe arrondissement de Paris), Kidé T., risque cinq ans de prison pour non-assistance en personne en danger. Il comparaît libre. Le dernier de la bande, qui n’avait pas 18 ans à l’époque, est renvoyé au tribunal pour enfants pour les mêmes faits.

« J’ai cru un instant qu’il était mort »

En avril 2013, l’affaire avait fait grand bruit. Le couple rentre chez lui à pied à 3 heures du matin après une soirée chez des amis, bras dessus bras dessous. Wilfred de Bruijn porte un pantalon rose et regrette presque de ne pas avoir été plus discret.

« On a bu mais on n’était pas ivres, plutôt joyeux », décrit Olivier Couderc dans sa déposition. « A un moment donné, j’ai entendu : “Ah, des homosexuels.”. » Pas « des pédés », « des tarlouzes » ou autres sobriquets, il est formel. Par réflexe, il retire son bras de celui de son compagnon.

« J’ai voulu me retourner pour voir s’il y avait du monde derrière et tout de suite, j’ai pris un coup sur le côté droit. J’ai mis mes mains sur le visage, je ne voyais plus rien. »

Quand il retrouve ses esprits, il aperçoit Wilfred à terre, recevant encore des coups de pied. Olivier crie « laissez-nous tranquilles, arrêtez ! » et les agresseurs – de deux à quatre hommes dont il n’a pas vu le visage – s’enfuient à la course. Il s’approche de son compagnon. « J’ai cru un instant qu’il était mort parce qu’il ne bougeait plus. » Il essaie de le rassurer. Quelqu’un appelle les secours.

Wilfred, blond à lunettes d’écailles qui a retrouvé aujourd’hui son visage, ne se souvient de rien. Blackout total sur l’agression, jusqu’au trajet en ambulance. Il a sept fractures de la face, une dent en moins, des ecchymoses et des plaies sur tout le visage. Ses lunettes ont disparu.

Un témoignage anonyme

« A l’hôpital je pleure beaucoup et je me sens humilié », a-t-il expliqué aux policiers. Outre les 28 jours d’ITT, le choc psychologique a été immense. On le devine dans les mots d’Olivier : « Wilfred m’avait demandé d’enlever tous les miroirs après avoir vu son visage.

Leur réflexe commun a pourtant été de le prendre en photo et de diffuser le cliché sur les réseaux sociaux, pour témoigner de cette violence avant même de porter plainte.

La présidente de la 15e chambre correctionnelle, Marie-Françoise Guidolin, fait passer les photos à l’assesseure, qui met ses lunettes et hoche la tête, avant d’entamer une longue et fastidieuse synthèse.

Le dossier était « difficile au début » faute d’éléments sur les agresseurs, jusqu’à ce qu’une enquête de voisinage et la distribution d’affichettes permettent aux policiers de recueillir un témoignage anonyme.

Cet habitant du quartier qui « a peur des représailles » donne les noms et les numéros de téléphone d’Abdelmalik – tout le monde l’appelle Malik – et de Taieb. Quelques jours plus tôt, ils se seraient vantés d’avoir « tapé des homos qui le méritaient ». D’après le témoin mystère, Kidé et le mineur étaient présents mais n’ont pas porté de coups.

« Ils sont homos, moi je suis black »

En croisant cette déposition avec le bornage téléphonique, un « tapissage » et des images de vidéosurveillance, les enquêteurs arrivent à arrêter les suspects.

Ils ne donnent pas grand-chose en garde à vue. Commencent tous par dire qu’ils n’étaient pas là, qu’ils ne voient pas de quoi il retourne. Ils n’ont « rien contre les homos » et de toute façon ils ne se souviennent de rien puisqu’ils avaient trop bu ce soir-là.

Malik a « vu un match de foot, peut-être joué à la Playstation » avant de « sortir voir des potes » et de rentrer. Devant le juge d’instruction, il finit par admettre : « je n’ai mis qu’un coup et je me suis barré. C’est Taieb qui a mis les coups ». Taieb, qui avait avalé « des whisky-coca et des vodka-oasis » et « fumé du cannabis » se rappelle finalement « les avoir frappés » à « deux ou trois » reprises mais pas pourquoi.

Kidé lui, reste constant devant le juge d’instruction : « J’ai rien à voir avec tout ça. J’ai déjà assez de problèmes avec la justice, je ne vais pas taper des gays. » Les témoignages concordent, il ne les a sans doute pas touchés, même s’il a été vu sur les lieux, ce qu’il conteste.

« C’est des gens normaux, ils sont homos, moi je suis black... »

A l’audience, il affirme s’être arrêté de boire depuis l’affaire, et s’être « mis plus dans la religion », l’islam. Il a entamé récemment un CAP pour devenir agent de nettoyage. Son avocate estime que sa non-intervention n’est pas suffisante pour le condamner et plaide la relaxe.

« J’ai mis un coup de poing à monsieur Couderc »

La présidente avait prévenu Taieb en début d’audience : « Si vous n’avez pas d’avocat, vous allez devoir être jugé sans. » Sans avocat donc, sans boulot mais avec une promesse d’embauche, malgré son CAP de cuisine pas fini, il se malaxe les doigts posés sur le bord du box.

Il n’a pas grand-chose à dire de plus. « Je me rappelle pas très bien. J’étais bourré et j’ai frappé les victimes. » Avec qui ? Il ne veut pas répondre.

« C’est embêtant parce que si vous ne vous souvenez pas, on va dire que c’est vous qui avez eu l’idée », lance la juge. Il s’en tient à ses deux ou trois coups de poing. « Vous acceptez de dire ce que vous avez fait alors que vous en avez fait moins que les autres ? » Le tribunal lui ressort une conversation téléphonique interceptée entre lui et Malik, où il est question quelques secondes de « l’histoire avec les dépés ». La conversation en reste là.

Malik transpire, il essuie son front avec sa manche de jogging. « J’avais bu avec des amis et voilà. » Il répète tout le temps « et voilà ». L’exclamation « ah, des homosexuels » ça peut être lui, il ne se souvient plus.

« J’ai mis un coup de poing à monsieur Couderc. J’ai eu peur de me faire interpeller par la police, j’étais dans le stress. »

Alors il est parti. Devant le juge d’instruction il a chargé Taieb, mais finalement il n’a pas très bien vu si celui-ci terminait le boulot à coups de pied. La procureure Solène Gouverneyre fait une tentative désespérée.

« Vous avez conscience de la gravité des blessures ? Que vous auriez pu le tuer ?
– Bien sûr madame, je suis très conscient de ça. Chaque matin en maison d’arrêt, je me réveille en y pensant, je regrette énormément. Mais pour ma participation, je suis certain que j’ai mis un seul coup de poing.
– [Aux deux prévenus] Est-ce que vous pensez vraiment qu’avec deux-trois petits coups de poing monsieur De Bruijn s’est retrouvé dans cet état-là ? »

Ils maintiennent.

« Pas d’autre mobile que la haine de l’autre »

L’avocate des parties civiles, Caroline Mécary, a un boulevard face à ces jeunes hommes confus et peu loquaces, visiblement incapables d’expliquer leur geste.

« Oui, ils sont gays. Oui, ils s’aiment. Alors qu’ils se sentaient en sécurité, ils ont croisé le chemin des prévenus, et les prévenus se sont faits juges de leur vie. Chacun de ces coups disait : non, vous n’avez pas le droit d’être dans notre quartier en étant gays et amoureux. »

Les agresseurs n’ont « pas d’autre mobile que la haine de l’autre », martèle l’avocate.

« La nature des coups est un indice. Une pluie de coups s’est abattue sur le visage de Wilfried qui, avec son pantalon rose, a l’air un peu plus pédé que l’autre. Le visage c’est l’identité.Il n’y a de pire agression que celle causée par ce que vous êtes. »

Elle salue le « courage » de ses clients et maudit la « mémoire sélective » des prévenus, leurs « excuses de circonstance sans aucune crédibilité ». L’association SOS homophobie, également partie civile, demande 3 000 euros de dommages et intérêts.

« On est dans l’imbécilité immature et lâche »

Pour la procureure, « le mobile homophobe ne fait absolument aucun doute ». Elle « ne comprend pas » que Kidé T. « ne se soit pas dissocié des autres » en appelant au moins les secours et requiert un an de prison dont la moitié avec sursis.

En ce qui concerne Taieb K., le parquet demande trois ans de prison, dont un avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve, l’obligation d’indemniser les victimes et de suivre une formation. Contre Abdelmalik M., la procureure requiert 30 mois d’emprisonnement donc 12 avec sursis. Ces deux-là, selon elle, doivent être maintenus en détention.

Yann Le Bras, l’avocat de Malik, défend la sincérité de son client et soutient que « rien n’est construit » chez lui. Son père, Algérien éboueur depuis 35 ans à Paris, lui a caché pendant des années le décès de sa mère lorsqu’il avait 4 ans, en lui disant qu’elle était « partie » pour ne pas lui faire de peine. Le rapprochement du père et de son fils unique est très récent.

« Le fils se met à traîner et sans doute aussi à boire. On est dans l’imbécilité immature et lâche. Invitez-nous à des actions contre l’homophobie, on viendra dire à quel point, à 18 ans et demi, il était stupide. Ce que je sais de ce gamin, c’est qu’il a honte. »

Invités à donner leur dernier mot, les prévenus s’excusent chacun leur tour. L’un est « content qu’ils se portent bien ». L’autre « espère qu’un jour ils me pardonneront ». Le troisième en remet une couche. Le jugement doit être rendu le 3 juin.



10 Commentaires

  1. Auteur

    Lawson

    En Mai, 2014 (23:13 PM)
    ils nous cassent la tête avec leurs pd ces français !
  2. Auteur

    Nabuchodonosor

    En Mai, 2014 (23:42 PM)
    vous l'avez déjà postez
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    Auteur

    Homomo

    En Mai, 2014 (01:19 AM)
    cèst bien fait pour ces homo
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    Auteur

    Zzzz...

    En Mai, 2014 (06:51 AM)
    Pourquoi nous server des faits divers francais d'un calibre plutot banal ?

    Remplissage ? Mais choix du comite de redaction ?



     :down:  :down:  :down: 
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    Auteur

    Non

    En Mai, 2014 (10:33 AM)
    seneweb vraiment
    Auteur

    Hanrif

    En Mai, 2014 (12:52 PM)
    lhomosexuaite est une maladie quil faut eradiquer
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    Auteur

    Yatta_ngui

    En Mai, 2014 (12:56 PM)
    SENEWEB veut encore apitoyer ses lecteurs sur le destin des homos.

    Tant qu'ils n'attaquent pas notre religion et la paix sociale, tant qu'il vivront discrètement leurs déviance, tant qu'ils ne chercherons pas à nous imposer violemment leurs "mariages" et autres adoptions d'enfants pour augmenter leur population et nous agresser par la frange la plus fragile de notre société (l'enfance), nous n'avons rien contre eux.

    Les gosses de cet article ont juste raté leur cibles : ce n’est pas sur la tête qu'il fallait taper, mais plutôt sur l'anus corps et objet du délit

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    Auteur

    Mayniou

    En Mai, 2014 (13:17 PM)
    kes c kon a en à foutre décidemment?
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    Auteur

    Ak

    En Mai, 2014 (13:19 PM)
    bien fait pour ces pédé

    Auteur

    Fall

    En Mai, 2014 (18:31 PM)
    mais Quid t'es une pédale où quoi?
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