L’affaire de détournement de deniers publics qui avait secoué le Centre africain d’études supérieures en gestion (Cesag) en 2008 est en phase de connaître son épilogue. Les prévenus Ndèye Coumba Diouf et Moussa Ka, respectivement ex-caissière et ex-comptable, ont fait face hier au tribunal correctionnel. Le procureur a requis deux ans fermes à leur encontre. La juridiction rend sa décision le 20 juillet 2010.
Ndèye Coumba Diouf et Moussa Ka, respectivement ex-caissière et ex-comptable du Centre africain d’études supérieures en gestion (Cesag), ont fait face hier au tribunal correctionnel de Dakar. Ils sont poursuivis pour le délit de détournement de deniers publics d’une valeur avoisinant les 34 millions de francs Cfa au préjudice dudit centre. Les faits remontent en 2008. L’astuce des présumés fraudeurs consistait d’abord à annuler des pièces comptables après avoir crédité les comptes des clients. C’est ce qu’on appelle dans le jargon de la comptabilité un brouillard de caisse. Ensuite, ils harmonisaient en fin de journée le solde du « brouillard » tenu par la caisse et le solde du compte de la comptabilité.
L’argent était ainsi encaissé non pas par la boîte, mais par le comptable et la caissière. Ils ont pu encaisser, entre février-juillet 2008, 34 millions de francs Cfa. Les audits internes effectués au Cesag avaient permis de déceler des anomalies sans que les responsabilités soient directement imputées au comptable et à la caissière. Le directeur général du Cesag avait par la suite déposé une plainte contre X à la brigade de gendarmerie de Thiong, ce qui avait permis l’arrestation des prévenus. Après avoir passé 20 mois derrière les barreaux, ils ont bénéficié d’une liberté provisoire, après paiement d’une consignation du montant manquant.
A toutes les étapes de la procédure, les prévenus n’ont pas nié les faits qui leur sont reprochés. A la barre, le comptable a indiqué que le système présentait des failles leur permettant de détourner cette somme d’argent. Me Pape Jean Sèye, avocat du Cesag, est revenu sur la nature juridique du centre en question. « Le Cesag est un établissement public à caractère international », a-t-il précisé. A l’en croire, des investigations ont été faites sur ce détournement et il ressort que la somme « déviée » avoisinerait 108 millions de francs Cfa en lieu et place des 34 millions de francs Cfa. Une raison suffisante aux yeux du conseil de la partie civile pour demander la désignation d’un expert aux fins d’évaluer l’étendue du préjudice subi par son client. Sur les intérêts civils, Me Sèye a réclamé le paiement solidaire de 110 millions de francs Cfa par les prévenus pour toute cause de préjudice confondue. Le procureur de la République s’est rapporté à la sagesse du tribunal par rapport à l’ampleur du préjudice avant de requérir deux ans ferme contre les prévenus.
Les trois avocats de la défense ont rejeté tour à tour la demande d’expertise pour l’évaluation de l’ampleur de la somme détournée formulée par leur collègue de la partie civile. « Tout le monde est en train de s’interroger sur comment ce genre de problème peut se produire au Cesag, un institut où on forme les meilleurs gestionnaires de l’Afrique », s’est étonné Me Abdourahmane Sow, avocat des prévenus, qui pense que ces clients ne sont rien d’autres que les agneaux du sacrifice. Le verdict est mis en délibéré au 20 juillet 2010.
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