UNE ANNONCEUSE ECHAPPE DE JUSTESSE A UN COUP FOURRÉ L'un des malfaiteurs se fait passer pour le fils aîné d'Abdoulaye Elimane Kane

C'est parce qu'elle ne veut rien faire sans l'aval de son oncle et tuteur qu'Awa a été sauvée de justesse. Elle a échappé au dernier moment à un kidnapping et, sans doute, à une exploitation sexuelle de ses ravisseurs. Awa est une jeune fille qui habite à Thiès. Pour les besoins de ses études en informatique, son père, un policier à la retraite, l'envoie à Dakar chez un parent. Précisément chez son oncle, à Ben Tally . Pour meubler son temps libre, elle fait une annonce à l'hebdomadaire spécialisée en annonces, Tam-Tam afin de trouver du travail. Le lundi 10 avril dernier, jour du Gamou de Tivaouane, un homme avec un accent « toubab», l'appelle. Il se présente comme un étranger du nom de Jean-Claude qui habite aux Almadies. Et lui propose un emploi comme baby-sitter, tout en précisant qu'elle a eu son numéro par l'intermédiaire d'un agent de Tam-Tam. Awa saute sur l'occasion et lui donne son accord de principe. Lorsque son interlocuteur lui demande ce qu'elle veut comme rémunération, elle lui avoue qu'elle n'a aucune idée de la grille salariale puisqu'elle n'a jamais travaillé. Jean-Claude lui passe alors «son gérant d'hôtel» et ami, un certain Cheikh Tidiane Kane qui prétend être le fils aîné d'Abdoulaye Elimane Kane du Parti socialiste. Le socialiste que nous avons joint au téléphone affirme ne pas avoir un fils qui s'appelle Cheikh Tidiane Kane. Toujours est-il qu'Awa et Jean-Claude finissent par tomber d'accord sur un salaire de 70.000 francs. Rendez-vous est donné à Awa pour le lendemain mardi devant la Bicis du Jet d'eau sur l'avenue Bourguiba à Dakar pour la signature du contrat. Awa devait venir avec une copie de sa carte nationale d'identité et un certificat de visite et contre-visite. Le lendemain, seul Cheikh Tidiane Kane répond présent au rendez-vous. Cheikh montre alors à Awa un exemplaire de contrat fait au nom de Ndèye Lô, née en 1968, et habitant à Rufisque. Il lui explique que c'est à cause de l'éloignement de Ndèye Lô et du fait qu'elle ne comprend pas bien le français que son contrat est rompu. Après les discussions, Cheikh Tidiane Kane demande à Awa de l'accompagner à l'hôtel de Jean-Claude où elle peut passer la nuit avant de commencer le travail le lendemain. Awa commence à avoir des soupçons. Elle comprend alors qu'elle a affaire à des personnes aux mœurs débridées. Pour couvrir ses arrières, Awa demande à Cheikh Tidiane Kâne de passer à la maison pour que son oncle le rencontre et sache à qui elle a affaire. Cheikh lui donne un autre rendez-vous qu'il n'honorera plus. Depuis, ni Cheikh Tidiane Kane, ni Jean-Claude n'ont refait signe de vie. Awa compose alors le numéro que lui a laissé Cheikh Tidiane. Elle se rend compte qu'on lui a donné un faux numéro. Elle s'en ouvre alors à son père qui lui demande de porter plainte. Elle va ainsi saisir la police aujourd'hui. «J'ai peur que ces gens fassent partie de ceux qui tuent pour trafiquer des organes ou qui kidnappent des filles pour leur faire jouer des films X», dit-elle, lorsque nous l'avons joint au téléphone, hier.