COMMENT FAIRE REVIVRE LE CINEMA: Rien que l’application des engagements, selon les Cineseas

Ça va de mal en pis du côté du cinéma. Les Cineseas (association des cinéastes sénégalais) l’ont encore déclaré à l’hôtel Téranga le lundi 13 Mars. Et Cheikh Ngaïdo Bâ et ses camarades n’en peuvent plus de constater que la volonté exprimée par l’Etat soit toujours aussi poussive du point de vue de l’application de ses engagements. Ils veulent aussi que Canal Horizons respecte son cahier de charge et reverse, comme stipulé, les 3% de son chiffre d’affaires à la production cinématographique.

Le gouvernement sénégalais s’attèle, depuis deux à trois ans, à mettre en place un cadre cinématographique clair. Il a légiféré sur des textes (qui sont la synthèse de ceux du Centre national de la cinématographie de France et du Centre national du cinéma marocain) et des décrets d’application ont été signés. La loi sur le cinéma est passée à l’Assemblée nationale. Gage de sa bonne foi pour faire revivre le 7e art, le président Abdoulaye Wade a octroyé 200 hectares dans l’enceinte symbolique de l’école normale William Ponty pour l’érection du Centre national de la cinématographie. En plus du cadre légal, l’état a alloué dans le cadre de son budget 2006, la dotation de 1 milliard de francs Cfa pour le Fonds de promotion cinématographique à charge pour les animateurs du secteur cinématographique de trouver les moyens additionnels pour l’alimenter. Par exemple au moyen de la commercialisation des autorisations de tournage aux cinéastes étrangers qui viennent tourner au Sénégal ; l’entrée en vigueur du registre public (c’est-à-dire que le flux financier qui arrive pour le cinéma doit servir le cinéma) ; le reversement par Canal horizon des 3% de son chiffre d’affaires à la production cinématographique nationale comme convenu dans le cahier de charges de son installation - une clause qui, d’après le président des Cineseas, Cheikh Ngaïdo Bâ, n’aurait pas été honorée par la chaîne privée de télévision depuis 1989. S’ajoute à ce florilège (non exhaustif) d’actions la proposition de l’ancien ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé, Safiatou Ndiaye Diop, d’«une collectivité locale, une salle de cinéma». On précise qu’à l’exemple de Saly Portudal, 16 au 28 Mais 2004, de nombreuses rencontres ont été organisées qui, toutes, ont eu comme ambition et objectif de sauver le cinéma.

Quinze ans sans film !

Or, voilà : rien ne va. Ou du moins, tout va de mal en pis. Et c’est pour encore le (re) dire que les Cineseas ont invité la presse à l’hôtel Téranga le lundi 13 Mars. Cheikh Ngaïdo Bâ et ses camarades réunis autour du Directeur de la Cinématographie, Amadou Tidiane Niagane, n’en peuvent plus de constater que la volonté exprimée par l’Etat soit toujours aussi poussive du point de vue de l’application de ses engagements. Notamment en ce qui concerne la «dotation des trois (03) milliards - avant juillet 2006 - au bénéfice du Fonds de promotion», la «mise en valeur du site de Sébikotane à travers l’établissement du Centre national de la Cinématographie», l’«installation du centre technique», la «création de studios de cinéma», la «création du Musée du cinéma», la «création de salles multiplexes de cinéma», la «viabilisation de parcelles destinées à l’établissement de sociétés de productions pour les cinéastes»… Cela, c’est ce que veulent les Cineseas qui n’ont pas manqué de relever pour le déplorer cependant : «la culture en général et le cinéma en particulier sont le parent pauvre de l’alternance. Pourtant, l’obstination des Etats-Unis d’Amérique à vouloir inclure le commerce de l’image dans les accords de l’Organisation mondiale du commerce donne une idée claire sur l’importance et son impact financier dans l’économie mondiale». C’est donc conscient de ces enjeux culturels et économiques «que (nous) sollicitions l’action de (notre) Etat en faveur de l’industrie cinématographique au Sénégal», ont plaidé les Cineseas. Certains parmi ces derniers attendent sûrement que tous les maillons de la chaîne soient bien en place pour rompre avec la série des plus de… quinze (15) ans sans tourner un seul film.